Les 100 premiers jours de Gary Conille : un triomphe virtuel en Haïti
Les 100 premiers jours de Garry Conille, ou devrais-je dire PM Conille, dans ses fonctions évoquent une odyssée virtuelle à travers les tours et détours de la politique haïtienne. Conille se complaît dans l’autosatisfaction, débitant des statistiques pour des réalisations que peu, voire personne, n’a réellement observées. D’un air serein, il parle de réalisations en matière de santé, alors que l’hôpital général reste une forteresse fermée, inaccessible aux citoyens, et que l’hôpital universitaire, La Paix n’est plus qu’une coquille dégradée, témoignant de l’effondrement du système de santé haïtien. Peut-être ses médecins sont-ils aussi virtuels, dispensant des soins fictifs à une population invisible chassée des « territoires perdus » par les gangs fédérés an fanmi?
Les 100 premiers jours de Garry Conille à la tête d’Haïti ont été marqués par une insécurité persistante, malgré quelques promesses de redressement. Conille s’était engagé à restaurer l’ordre dans un pays gangréné par des groupes armés, notamment en instaurant l’état d’urgence sécuritaire sur 14 communes contrôlées par les gangs. Cependant, ces initiatives se sont rapidement heurtées à la réalité sur le terrain. Les gangs, notamment le tristement célèbre « 400 Mawozo », ont continué à s’étendre, rendant toute tentative de reprise du contrôle des territoires inefficace
Passons à l’éducation, un domaine où Conille et son conseiller manigat ont brillé, mais seulement dans leurs discours. Il a annoncé une subvention de quelques milliers de gourdes pour aider certains parents à payer les frais de scolarité. Mais à moins de deux semaines de la rentrée scolaire, il n’y a aucune trace de cette promesse. Dans un univers parallèle où les paroles deviennent des actes, peut-être ces classes ont-elles déjà été rénovées, ces écoles vidées des familles déplacées par les bandes armées qui sévissent depuis le gouvernement d’Ariel Henry. En réalité, les salles de classe restent des abris de fortune, et l’éducation, comme la santé, vient d’être sacrifiée sur l’autel des rêves politiques.
L’insécurité a eu des répercussions directes sur l’économie. La vie quotidienne reste paralysée par la violence, et l’inflation, qui dépasse les 35%, n’a fait qu’aggraver les conditions de vie. Des zones entières du pays demeurent sous le contrôle des gangs, compliquant l’accès à la capitale et isolant les provinces
A propos de rêves, Doc Conille, notre héros des cent jours, a fièrement présenté un Conseil Electoral Provisoire (CEP) anticonstitutionnel. Ce geste, qui date d’une époque où les institutions étaient encore debout, serait à peine digne d’un banquet républicain de 1905, mais il fait aujourd’hui partie de ce théâtre de l’absurdité politique. La Constitution, telle une relique oubliée, est bafouée sans même un soupçon d’indignation. Tout fait penser à un ballet orchestré pour donner l’illusion du changement, où l’immobilisme règne en maître.
Il ne faut cependant pas oublier que Garry Conille, dans une manœuvre à peine voilée, a limogé un directeur de la Banque Nationale de Crédit (BNC) pour cause de « réforme ». Ironiquement, la Banque de la République d’Haïti (BRA) a déclaré peu après que la BNC n’était pas en faillite. Faut-il en conclure que la réforme n’était qu’une façade destinée à détourner l’attention d’une autre crise bien plus grave ? Ou bien sommes-nous simplement en train d’assister à un nouvel épisode de la saga des promesses vides et des réformes imaginaires ?
Fin septembre, lorsque le PM Conille montera à la tribune des Nations Unies pour présenter son bilan, peut-être parlera-t-il des « territoires perdus » qu’il est parvenu à étendre. À son arrivée, seuls quatorze d’entre eux échappaient au contrôle de l’État ; aujourd’hui, c’est tout le pays qui semble avoir succombé à l’insécurité. La question qui se pose est la suivante : que célèbre exactement Conille ? La faillite de tout un pays, sous des promesses d’action qui n’ont jamais quitté les limbes de ses discours virtuels ? Heureux 100 jour, PM. Conille, et que vos réalisations imaginaires trouvent un écho auprès de ceux qui continuent à croire au prodige de la politique.
Bonne fête, M. Conille, et que la réalité ne vienne surtout pas gâcher la fête qui se déroulera dès vendredi à New York, et ce, pendant une semaine, aux frais de la princesse en haillons.