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Le débat autour de l’impression de la Déclaration d’indépendance d’Haïti
Une revue de la littérature
Patrick Tardieu
décembre 2016
Que s’est-il passé au lendemain de la victoire de l’Armée Indigène sur les troupes françaises le 18 novembre 1803 ? Qu’est-il arrivé aux trois proclamations manuscrites qui ont créé l’État haïtien le 1er janvier 1804 ? Cet essai retrace l’étude de la Déclaration d’indépendance d’Haïti dans l’historiographie afin d’éclairer les événements qui se sont déroulés entre la fin novembre 1803 et la fin janvier 1804. Pourquoi LA DÉCLARATION d’indépendance du 1er janvier 1804 est-elle considérée comme le document officiel et non LA PROCLAMATION du 29 novembre 18031 ? Comment le document du 1er janvier a-t-il été créé, proclamé et rendu public ? En analysant les différentes publications et les coutumes d’impression de l’époque, nous pouvons mieux comprendre le développement de l’État à ses débuts.
Un document clé de cette période permet d’avoir un aperçu de la philosophie fondamentale du nouvel État. L’Hymne Haytiène est une chanson imprimée à la fin de 1803 ou au début de 1804 et exécutée le 25 janvier 1804 :
1 Publié dès le 5 janvier 1804. Aurora General Advertiser. Philadelphia. Thursday January 5, 1804. # 4059, p. 2. Également The Star (London), February 6, 1804, # 683, p. 3
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Sur l’air: Allons Enfans de la Patrie.
Quoi tu te tais Peuple Indigène!
Quand un Héros, par ses exploits,
Vengeant ton nom, brisant ta chaîne,
[…]
Désormais Jacque est le Patron
De qui repousse l’esclavage,
Sous ce bon Père unis,
A jamais réunis,
Vivons, mourons, ses vrais Enfans.
Libres, indépendans2.
On chantait un peu après la bataille de Vertière en novembre 1803, est-ce la Marseillaise noire dont on parle depuis longtemps ? Dans cette chanson, Jean-Jacques Dessalines est dépeint comme étant le père de la nouvelle nation ; le peuple ses enfants. La création d’une famille singulière unissait symboliquement une population diverse.
L’utilisation du terme indigène et de l’étiquette de « héros » pour Dessalines donne une légitimité au projet national ; la terre leur appartenait de droit et leur cause était justifiée. Ce qui est le plus intéressant dans cette chanson, cependant, c’est l’utilisation du terme droits. Les droits ne sont pas du tout abordés dans la Déclaration d’indépendance d’Haïti du 1er janvier 1804. L’utilisation des « droits » dans cette chanson, cependant, doit être pris dans le contexte d’une structure familiale hiérarchique, et le peuple est redevable à Dessalines pour le privilège d’avoir ces droits.
En novembre 1803, alors que les troupes de l’Armée indigène chantent les louanges de Dessalines en héros national, l’armée
2 The National Archives of the United Kingdom, (TNA) CO 137 /m)
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française évacue en débandade Saint-Domingue. Peu de temps après, le 28 novembre, Dessalines et deux autres généraux révolutionnaires, Henri Christophe et Augustin Clervaux, publièrent une PROCLAMATION3 d’indépendance de Saint
Domingue « Au nom du peuple noir et des hommes de couleur de Saint-Domingue »4. Dés la première phrase on lit : « L’indépendance de Saint-Domingue est proclamée. » Ce document, cependant, n’a pas joué le même rôle dans l’histoire nationale d’Haïti que le document du 1er janvier. Notons qu’à l’époque une Proclamation est un acte légal.
29 novembre 1803, il s’agit d’une proclamation de généraux en campagne, notons que l’entête de Dessalines, Armée Indigène, n’est pas utilisé, et qu’il s’agit de (St-Domingue). La Déclaration du 1er janvier quant à elle est d’un Acte d’un État qui vient de se constituer et qui a un nouveau nom, Hayti, avec entête ARMÉE INDIGÈNE C’est une différence énorme.
29 novembre 1803 et/ou 1er janvier 1804
Dans sa co1lection des lois haïtiennes, Jean-Baptiste Symphore Linstant de Pradine a commencé par la Déclaration d’indépendance du 1er janvier 1804. Sa tâche était de rassembler toutes les lois d’Haïti, pas de Saint-Domingue, et donc le premier document juridique, à son avis, était la Déclaration d’indépendance. Cette décision a jeté les bases de la mémoire collective en déclarant que le 1er janvier était le commencement. Thomas Madiou et Beaubrun Ardouin, les plus éminents historiens haïtiens du XIXe siècle, suivront la même logique. « Cette collecte commence le 1er janvier 1804
3 Selon le Aurora General Advertiser du 5 janvier 1804. « The following proclamation of the independence of the island has been published by the three principal military chief. »
4 Marcus Rainsford, An Historical Account of the Black Empire of Hayti, ed. Paul Youngquist and Grégory Pierrot (Durham, NC: Duke University Press, 2013), 260.
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», a déclaré Pradine. « Les héros d’Haïti, vengeant la liberté brisée des enfants d’Afrique, ont choisi cette date pour que lorsque le soleil illumine le renouveau de l’année, il éclaire en même temps une ère nouvelle pour les Haïtiens et leurs premiers pas vers la civilisation. »5 Selon Pradine, les indépendantistes ont choisi le 1er janvier pour sa signification symbolique. Une nouvelle année, un nouveau départ. Mais si Pradine a reconnu le symbolisme du nouveau départ, il a également souligné que l’événement était un rappel d’un passé tragique et de la nécessité de se souvenir des sacrifices. « C’était une façon sublime, affirmait Pradine, de graver dans le cœur de leurs enfants le souvenir des luttes qu’ils ont endurées et des sacrifices qu’ils ont faits pour leur donner une patrie. »6
L’accent mis par Pradine sur la Déclaration d’indépendance officielle du 1er janvier était également une tentative de rejeter ce qu’il considérait comme des rumeurs d’une déclaration d’indépendance antérieure le 29 novembre 1803 de Fort
Dauphin (aujourd’hui Fort-Liberté). Il a qualifié cet autre document présumé de « proclamation » afin de le différencier de l’Acte de l’Indépendance. Cette proclamation, a-t-il affirmé, est apparue dans les histoires d’Haïti, en particulier celles écrites par des auteurs anglophones. On peut se demander, quelles étaient les motivations des historiens anglophones des deux régions de l’Atlantique pour donner foi à la proclamation du 29 novembre 1803 ?
Pradine a rejeté ces rumeurs pour deux raisons principales : premièrement, que les auteurs du prétendu document, Jean Jacques Dessalines, Henry Christophe et Augustin Clervaux,
5 « Cette collection commence au premier janvier 1804, » M. Linstant Pradine, Recueil général des lois et actes du gouvernement d’Haïti: depuis la proclamation de son indépendance jusqu’à nos jours … (Paris: A. Durand, 1886), 1: x.
6 Linstant Pradine, Recueil général, 1: x.
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étaient connus pour avoir été au Cap Français (aujourd’hui Cap Haïtien) ce jour-là, et non à Fort-Dauphin. Deuxièmement, il soutenait qu’ » Il n’est pas raisonnable d’admettre que ces chefs laissassent la capitale de l’ile pour aller dans une ville secondaire, qui en est éloignée de 12 lieues, publier un acte de cette importance ».7. À son avis, la proclamation du 29 novembre n’avait donc que peu d’importance pour la fondation de la nouvelle nation. La date manquait d’importance symbolique et la logistique de l’événement était au mieux obscure.
Pradine avait tout à fait raison de commencer son recueil des lois et actes d’Haïti le 1er janvier 1804, car c’est bien cette date qui marquait la première loi du nouvel État : « Fait aux Gonaïves, ce 1er janvier et la 1ère année de l’indépendance d’Haïti. »8 En effet, c’était la première fois que le nom « Hayti » était utilisé dans les proclamations officielles9. Pradine a conclu qu’il n’était pas nécessaire d’inclure les lois qui ont précédé la Déclaration d’indépendance parce qu’il voulait suivre l’exemple de la datation de la proclamation du 1er janvier. 10
Plus récemment, cependant, la question a été abordée par une nouvelle génération d’historiens haïtiens qui voient la validité de la rumeur de la proclamation de novembre. Au milieu du XXe siècle, l’historien Henock Trouillot revient sur cette question dans son chapitre sur Thomas Madiou et l’historiographie d’Haïti. Trouillot a relaté la déclaration de
7 Linstant Pradine, Recueil general, 1: ix.
8 « Fait aux Gonaives, ce 1er Janvier, 1804 et le 1er de l’indépendance d’Haïti. »
9 Pour plus d’information voir David Patrick Geggus, « The Naming of Haiti, » in Haitian Revolutionary Studies (Bloomington: Indiana University Press, 2002).
10 Linstant de Pradine, Recueil general, xi.
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Madiou selon laquelle le document était une fiction, mais il a également souligné que d’autres historiens, comme Pauléus Sannon, n’étaient pas d’accord11. Trouillot, cependant, a fourni des preuves convaincantes à l’appui de la thèse selon laquelle un document du 29 novembre 1803 existait bel et bien parce que « Après le 29 novembre et avant la proclamation adressée à la nouvelle nation, les généraux indigènes posèrent des actes qui portent: an premier de l’indépendance. »12 L’historien Gérard Mentor Laurent, auteur de Six études sur Dessalines, montra quelques-uns de ces documents à Trouillot. En fin de compte, Trouillot était d’accord avec l’évaluation de Laurent selon laquelle « cela prouve au moins que les indigènes se considéraient comme étant sous une nouvelle administration »13.
Comment ne pas être d’accord avec l’historien et ancien présidente d’Haïti, Leslie Manigat, qui soutient qu’il existe des preuves indiscutables à l’appui de l’existence de la proclamation du 29 novembre, malgré le fait qu’il n’existe aucune copie originale ou officielle ? » Je ne comprends pas, » Manigat argumente, » étant donné que ce texte fondateur a été publié dès le 4 janvier 1804 à l’étranger dans la presse. »14 Manigat critique
11 Catts Pressoir, Ernst Trouillot, and Henock Trouillot. Historiographie d’Hafti. Pan American Institute of Geography and History, No. 168 (Mexico: Instituto Panamericano de Geografia e Historia, 1953).
12 Henock Trouillot, « Historiens qui ont surtout consulte la tradition orale: Thomas Madiou, » in Historiographie d’Haïti, ed. Trouillot, Pressoir, and Trouillot, 151.
13 Trouillot, « Historiens, » in Historiographie d’Haiti, ed. Trouillot, Pressoir, and Trouillot, 151.
14 Leslie F. Manigat, « This Year, 2003, Is the True Bicentennial/L’année 1803 en quatre grands faits marquants: brèves réflexions historiques de circonstance d’un politologue, » Haiti Democracy Project,
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l’exclusion du document du récent « Calendrier historique ».15 Le contenu du document, selon Manigat, fournit également des preuves claires qu’il devrait être considéré comme la déclaration officielle d’indépendance du pays ; Le document commence ainsi : « L’indépendance de Saint-Domingue est proclamée. »16
Manigat note également que les deux documents diffèrent considérablement dans le ton et souligne que « II s’agissait d’un projet politique différent, significativement changé à peine un mois plus tard. ».17 Il suggère que la proclamation du 29 novembre aurait pu être adaptée à la « consommation étrangère » puisqu’elle a été imprimée à Philadelphie, le site de l’indépendance américaine. Cette conclusion ne semble cependant pas convaincante puisque l’on sait que les deux documents ont largement circulé dans les journaux d’outre Atlantique.
Les recherches de l’historien Michel Hector permettent de conclure que le document du 29 novembre a bel et bien existé, mais il souligne l’importance des aspects cérémoniels de la proclamation de l’indépendance de Haïti le 1er janvier 1804. Hector affirme que les célébrations de la fête de l’indépendance ont commencé par un discours en créole de Dessalines, le général en chef de l’armée. Ce discours, cependant, n’a pas encore été retrouvé dans les archives. « On en sait seulement, »
Pour en savoir plus sur l’impression du 29 novembre 1803, proclamation dans les journaux Britannique voir David Geggus’s chapter in this volume. See also Deborah Jenson, « Dessalines’s American Proclamations of the Haitian Independence, » journal of Haitian Studies 15 (2009): 72-102.
15 Manigat, « L’année 1803. »
16 « L’indépendance de St Domingue est proclamée. » Manigat, « L’annee 1803. »
17 Manigat, « L’année 1803-«
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note Hector, « qu’il s’agissait d’une évocation historique de la barbarie vécue par les flots de captifs sous le régime colonial et plus particulièrement durant la dernière guerre contre le rétablissement de l’esclavage et pour l’Indépendance. »18 Louis Félix Boisrond-Tonnerre, le secrétaire chargé par Dessalines de rédiger le document, donne alors lecture de la Déclaration officielle d’indépendance. Hector décrit les trois (3) textes comme suit : proclamation du général en chef au peuple haïtien ; le « processus-verbal » de la proclamation de l’indépendance d’Haïti (aussi connu sous le nom d’Acte de l’indépendance) ; et la nomination du général en chef au gouvernement d’Haïti.19 Les détails qui entourent la section centrale (le procès-verbal ou l’acte) sont cependant inconnus. S’agit-il d’une tradition orale ou d’un texte écrit ? La preuve donne à penser que le document du 29 novembre a été rédigé, mais la question n’est pas aussi claire en ce qui concerne le document du 1er janvier, car l’accent est mis sur la cérémonie publique entourant sa proclamation. Donc pas de faste le 29 novembre.
Malgré ce nouvel intérêt à confirmer l’existence de la Déclaration d’indépendance du 29 novembre et à lui assurer la place qui lui revient dans la chronologie de l’histoire d’Haïti, aucun exemplaire original de la proclamation n’a encore été retrouvé (en français ou en créole). La seule preuve de son existence se trouve dans des journaux étrangers aux États-Unis et dans l’Empire britannique (en anglais). Marcus Rainsford, le chroniqueur britannique de la Révolution haïtienne, a
18 Michel Hector, « Actes de l’Indépendance, » in Dictionnaire historique de la révolution haïtienne, ed. Claude Moise (Montreal: Les éditions Images/ Cidihca, 2003), 23.
Hector s’appuie sur le récit des événements de Thomas Madiou, Histoire d’Haïti (Port-au-Prince : Imprimerie Joseph Courtois, 1843), p. 15.
19 Tiré de Claude Moise, Dictionnaire historique de la révolution haïtienne, 1789-1804 (Montreal: Les éditions lmages/Cidihca, 2003).
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également imprimé le texte dans An Historical Account of the Black Empire of Hayti (1805).20
L’imprimerie à l’ère de la Déclaration d’Haïti d’indépendance
Le gouvernement haïtien publiait constamment des proclamations et cela n’a jamais cessé, il y eu des irrégularités dans les publications tant au 19è qu’au 20è siècle. Les documents comprenaient souvent des instructions spécifiques pour publication à l’imprimerie du gouvernement et à expédier à l’étranger. Par exemple:
a) La proclamation de Dessalines aux citoyens de la ville du Cap-Français, du 19 novembre 1803 se termine par la note suivante : « Permis d’imprimer et d’afficher ».
b) De même, la proclamation du Conseil des Notables du Cap Français du 5 décembre 1803, se termine par : « Fait pour être publié, imprimé et affiché au Cap, le 13 frimaire an XII (5 décembre 1803) »
c) Au début de 1804, à partir de la loi n° 5, nous voyons les mêmes instructions : « Ordonne aux principaux administrateurs des départements de veiller à l’exécution du présent décret, qui sera lu, publié et affiché partout où il sera nécessaire. » 21
20 Marcus Rainsford, An Historical Account of the Black Empire of Hayti, ed. Paul Youngquist and Gregory Pierrot (1805; repr. Durham, NC: Duke University Press, 2013). 21 « Enjoint aux administrateurs principaux des départements de tenir la main à l’exécution du présent arrêté, qui sera lu, publié et affiché partout où besoin sera. » Linstant Pradine, Recueil général, xii.
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d) Enfin, la loi n° 6 se lit comme suit : « Art. 2. Le présent décret sera imprimé, publié et affiché ; et une copie sera immédiatement envoyée aux États-Unis.22
e) C’est à peu près le même langage que l’on retrouve dans le texte du publié le 5 janvier aux États-Unis
« The following proclamation of the independence of the island has been published by the three principal military chief. » = « La proclamation suivante de l’indépendance de l’île a été publiée par les trois principaux chefs militaires »23
Ce n’est qu’en tenant compte d’autres tirages de l’époque que l’on peut discuter de la question de la version manuscrite par rapport à la version imprimée de l’Acte de l’indépendance du 1er janvier 1804.
Mais dès les premiers jours de l’existence de l’État Hayti, un document officiel est celui qui porte la mention (imprimé, publié et affiché) le dernier terme pour le rendre public. En cela il suivait les normes de l’ancien régime.
En février 2010, alors qu’elle travaillait sur sa thèse de doctorat, Julia Gaffield a découvert une version imprimée officielle des trois textes qui composent la Déclaration d’indépendance d’Haïti. Il s’agissait d’un pamphlet de huit pages (in-quarto). Gaffield l’a localisé aux Archives nationales du Royaume-Uni, et il ne semble pas en avoir de copie en Haïti. En deux occasions au 20è siècle les gouvernements ont mandaté des historiens retrouver le texte original de la Déclaration de l’Indépendance. Les chercheurs pour le centenaire et le sesquicentenaire de l’indépendance n’ont pas été en mesure de
22 « Art. 2. Le présent décret sera imprimé, publié et affiché; et copie en sera immédiatement envoyée au congrès des Etats-Unis. » 23 Aurora General Advertiser, op. cit
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trouver une copie officielle à exposer pour les célébrations.24. Sans succès.
En février 2011, Gaffield a découvert une deuxième version imprimée, de la même période, cette fois en grand format (Affiche).
Pendant plus d’un siècle, les historiens haïtiens n’ont pas été en mesure de trouver une copie officielle de la Déclaration d’indépendance d’Haïti (imprimée ou manuscrite) malgré le fait que le document ait été largement diffusé en Haïti et à l’étranger. Beaubrun Ardouin décrit ainsi le processus entourant ces 3 textes fondateurs de l’État Haytiens : tant la proclamation, que la publication ainsi que la diffusion des déclarations : « Néanmoins, les actes publiés aux Gonaïves, puis imprimés, furent envoyés à toutes les autorités secondaires, et occasionnèrent des réjouissances publiques : l’armée et le peuple, dans tous les départements de l’ancienne partie française de l’île, applaudirent aux actions de leurs chefs. »25 L’annonce de l’indépendance d’Haïti ne pouvait être importante que si la nouvelle avait été diffusée en Haïti. « L’indépendance
24 Journal Le Soir, 1903, no. 212 and 215; selon Edmond Mangones, 31 Décembre 1952, La Commission des Sciences Sociales du Tricinquantenaire de l’Indépendance, collection de la Bibliothèque Haïtienne des Spiritains « Ce n’est pas seulement l’Acte de l’indépendance qui est introuvable; ce sont les trois Actes qui font la synthèse de notre Pacte Fondamental l’Acte de l’Indépendance seul n’aurait pas de valeur sans la glorification à laquelle le « Peuple d’Haïti » fut conviée et sans le serment solennel de fidélité qui conféré
la majesté à l’illustre forgeron de la Nation Haïtienne. » 25 « Quoiqu’il en soit, les actes publies aux Gonaïves et imprimes tout de suite, furent expédiés à toutes les autorités secondaires, et occasionnèrent des réjouissances publiques: l’armée et le peuple, dans tous les départements de l’ancienne partie française de l’ile, applaudirent aux résolutions des chefs. »
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nationale a donc été ratifiée, conclut Ardouin, consacrée par l’accord et l’union de tous les citoyens et du nouvel État. »26
Remarquez le langage spécifique utilisé par Ardouin : actes publiés aux Gonaïves d’une part, et imprimés de suite d’autre part. Imprimé où ? Par qui ? Quand? Manuscrit et/ou copie imprimée ? Le gouvernement a envoyé des copies à toutes les autorités de l’époque. Le récit de Thomas Madiou, cependant, est moins descriptif « Dessalines ordonna que l’Acte de l’indépendance soit publié dans tout l’État haïtien – rapporta-t il – ainsi que la proclamation qu’il commanda à Boisrond
Tonnerre et sa nomination au poste de gouverneur général. » 27 Publier fait-il référence à une lecture orale ou à un texte écrit et imprimé? Le récit de Madiou souligne également l’importance de la diffusion du document sur l’ensemble du territoire.
Dans une étude préliminaire sur l’histoire de l’imprimerie à Saint-Domingue et en Haïti, publiée dans la Revue de la Société Haïtienne d’Histoire et de Géographie, je soutiens que les presses étaient au service du gouvernement.28 Ces presses arrivées à Saint Domingue en 1764, accompagnaient le régime esclavagiste et de fait devenaient un mécanisme de répression méthodique sous couvert de science, et un outil de défense des intérêts des structures de pouvoir locales. Très vite, pendant la
26 L’indépendance nationale fut ainsi ratifiée, » Ardouin conclues, « consacrée par !’accord et !’union de tous les citoyens du nouvel État. » Pradine, Recueil général, 6:34.
27 « Dessalines fit publier dans tout l’État d’Haïti l’acte de l’Indépendance, » selon le rapport, « sa proclamation au peuple qu’avait rédigée Boisrond Tonnere, et sa nomination à la dignité de Gouverneur General. » Pradine, Recueil général, 2:119.
28 Patrick D. Tardieu, « Pierre Roux et Lémery, imprimeurs de Saint Domingue à Haïti, » Revue de la Société Haïtienne d’Histoire et de Geographic d’Haïti 79, no. 218 (2004): 1-30.
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révolution, cependant, « la presse devient une arme puissante entre les mains des nouveaux libres ».29 Jean Fouchard a également défendu l’importance des presses pendant la révolution. Il soutient que les dirigeants de la révolution n’ont jamais détruit les presses parce qu’elles étaient trop importantes.30
Avec l’indépendance, les pères fondateurs ont continué à faire bon usage des presses à imprimer. L’imprimeur Pierre Roux, imprimeur du gouvernement de 1791 à 1815, habite le Cap Français/Cap Haïtien. Le 30 ou le 31 décembre 1803, Dessalines commande à Boisrond-Tonnerre un texte pour publication immédiate sur les presses du gouvernement.31
L’original manuscrit de la Déclaration d’indépendance a-t-il servi de seule source pour la copie imprimée ? À ce jour, nous n’avons pas trouvé de preuve de l’existence d’une imprimerie aux Gonaïves, lieu de l’adresse de la déclaration, avant 1804.
Ouvrons une parenthèse ici. Le lieu d’impression se confondait avec l’adresse de l’édition. Le phénomène des fausses adresses se pratiquait en Europe par exemple, pour fuir la censure étatique et religieuse. Rien ne dit que cela n’arrivait pas à Saint-Domingue et Hayti. En effet, les Mémoires pour servir à
29 « [E]lle devint une arme puissante aux mains des nouveaux libres. » Tardieu, « Pierre Roux et Lemery, » 6.
30 Tardieu, « Pierre Roux et Lémery, » 6;
voir aussi Jean Fouchard. Les marrons de la liberté (Port-au-Prince: Henri Deschamps), 1988; Jean Fouchard, Les marrons du syllabaire (Port au-Prince: Henri Deschamps), 1988; Jean Fouchard, Plaisirs de St. Domingue (Port-au-Prince: Henri Deschamps), 1988.
31 Pour en savoir plus sur la question du régimes des privilèges, voir Raymond Blanchot, L’art du livre à l’imprimerie nationale (Paris: Bibliothèque Nationale, 1951), 11, colo.1.
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l’histoire d’Hayti32 de Boisrond-Tonnere, porte la mention « 1) imprimé A Dessalines ; 2) sous les presses de L’Imprimerie Centrale du Gouvernement », la capitale se trouvait à Marchand-Dessalines, alors, transportait-on les presses à tout moment ?
Au cours de cette période, le document imprimé était la preuve sanctionnant les Actes des gouvernements. C’est ainsi que de nouvelles lois ont été publiées et portées à la connaissance des populations locales et autochtones. Cela soulève alors la question suivante : était-il nécessaire de conserver la version manuscrite de ces trois textes fondateurs, après que le texte avait été imprimé par l’imprimerie gouvernementale et diffusé dans tout le pays? Quoi qu’il en soit, nous savons sans l’ombre d’un doute que les trois textes ont été rédigés aux Gonaïves. Ils furent ensuite imprimés en quelques semaines à Port-au-Prince ; les documents imprimés portent la mention « AU PORT-AU PRINCE, De l’imprimerie du GOUVERNEMENT ».
Il s’agit en effet d’un document imprimé qu’Edward Corbet, en mission pour l’Empire britannique, remet au gouverneur de la Jamaïque, le lieutenant-gouverneur George Nugent. Gaffield, en découvrant ce document, découvrit non seulement l’une des premières impressions des trois textes fondateurs de la première république noire, mais aussi les premiers documents relatifs à l’histoire de la diplomatie d’Haïti.33. Ardouin mentionne ces documents dans son Histoire. Afin d’obtenir la reconnaissance de l’indépendance d’Haïti, Dessalines entreprend de grandes mesures : non seulement il ordonne l’impression de tous les textes (lois, décrets et proclamations),
32 Boisrond-Tonnerre. Mémoires pour servir à l’histoire d’Hayti. De l’Imprimerie Centrale du Gouvernement : A Dessalines, 1804 33 Julia Gaffield, « Haiti and Jamaica in the Remaking of the Early Nineteenth Century Atlantic World, » William and Mary Quarterly 69, no. 3 (2012): 583-614.
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mais il tente aussi de faire connaître la volonté du peuple souverain aux nations du monde. Il a ordonné que des copies de certains documents soient envoyées immédiatement au Congrès des États-Unis :
DÉCRET du gouverneur général qui offre une récompense aux capitaines de navires américains qui ramènent les Haïtiens dans leur patrie.
L’art. 2. Ce décret sera imprimé, publié et affiché ; et une copie sera immédiatement envoyée au Congrès américain.34
On voit bien une volonté manifeste d’imprimer, dès le début, les textes officiels du nouveau gouvernement. Aujourd’hui, en plus de la publication au Journal Officiel, le gouvernement utilise également la radio et la télévision. Le décret n° 6 de la compilation de Pradine est un document daté du 14 janvier 1804, et son texte comprend des instructions pour imprimer ; Il faut croire que les trois textes fondateurs ont été imprimés bien avant le 14 janvier.35
Selon l’historien haïtien Max Bissainthe, auteur du Dictionnaire de bibliographie haïtienne, entre 1837 et 1839, Beaubrun Aroudin a écrit la majorité des articles de L’Union qui se rapportent à l’histoire d’Haïti. Le numéro du 4 août 1839 du journal ajoute un élément de preuve clé au débat36. Dans cet article, Ardouin, prétend que Dessalines s’est plaint à son conseil des retards créés par (Le Vieux) Charéron, un chef métis éduqué en France que Dessalines a chargé de rédiger une
34 Aurora General Advertiser, Philadelphie, 17 mars 1804 (en anglais et en français)
35 Pradine, Recueil général, 7-8.
36 « Anecdotes historiques, » L’Union: Recueil commercial et littéraire, à Port-au-Prince, du 4 August 1839 #51, http://gallica.bnffr/ark:/12148/bpt6k580941gjfi.image (18 Février 2013).
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déclaration d’indépendance. L’article relate une prétendue interaction entre Dessalines et Boisrond-Tonnerre au cours de laquelle ils attendaient tous deux avec impatience que Charéron produise une déclaration d’indépendance. Dessalines voulait déclarer l’indépendance le premier jour de la nouvelle année : « Le moment ne pouvait pas être mieux choisi. »37
Boisrond-Tonnerre s’est plaint du ton de la proclamation de Charéron, arguant : « Il veut créer quelque chose de calculé, écrire un travail de réflexion sans émotion. »38 Ce qu’il fallait, affirmait-il, « Dans la conjoncture présente, quelque chose de spontané, de terrible, une proclamation foudroyante. ».39 Pour mener à bien cette tâche importante et orageuse, l’article rapporte que Boisrond-Tonnerre déclara que « II faut pour écrire un acte semblable, se servir de la baïonnette pour plume, du corps des blancs pour papier et leur sang pour encre. » 40. Ces paroles convainquirent Dessalines que Boisrond-Tonnerre était l’homme de la situation.
D’après cet article de L’Union, Dessalines, dans la nuit du 30 au 31 décembre [sic], voulut donc un texte pour publication le 1er janvier 1804, afin de proclamer l’Indépendance d’Haïti avec la splendeur et la formalité que méritait l’occasion. Il voulait donner à ce document tout son poids officiel en faisant imprimer le texte sur les presses de l’imprimerie du gouvernement. Quelle fut donc la tâche de Boisrond-Tonnerre dans la nuit du 31 décembre 1803 ? D’écrire une PROCLAMATION manuscrite, ou de faire imprimer de suite? Chronologiquement, la Proclamation est faite aux Gonaïves et
37 Anecdotes historiques, ibidem
38 Anecdotes historiques, ibidem
39 Anecdotes historiques, ibidem
40 Anecdotes historiques, ibidem
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imprimé, quand ? à l’imprimerie du Gouvernement à Port-au Prince.
Lorsque Gaffield est retournée à Londres en février 2011, elle a découvert une impression de la Déclaration d’indépendance de 1804. Ce format était habituel à l’époque, car le document grand format d’une seule page pouvait être affiché dans les espaces publics pour que tout le monde puisse le voir. La version de la Déclaration d’Indépendance d’Haïti avait été acquise par l’un des officiers supérieurs de l’Amirauté britannique en Jamaïque, John Thomas Duckworth, qui envoya ensuite le document à ses supérieurs à Londres41.
Documents haïtiens dans les archives étrangères.
Les Archives nationales du Royaume-Uni à Londres conservent de nombreux documents de cette époque sur l’histoire haïtienne. Avec les deux exemplaires de la Déclaration d’indépendance, les archives possèdent le seul exemplaire connu de l’Hymne Haytiene (en annexe). Ce document, ainsi qu’une copie imprimée du journal de campagne de Dessalines, semble provenir du même imprimeur que la version in quarto de la Déclaration d’indépendance. Quelles autres surprises trouverons-nous dans les archives de Londres ?
Existe-t-il d’autres copies imprimées de la Déclaration d’indépendance qui n’ont pas encore été retrouvées, enfouies dans les archives ou au fond d’une bibliothèque, en Haïti ou ailleurs ? Rien n’est impossible. Une thèse récente soutenue à Paris en 2010 et publiée en 2013 nous oblige à chercher des sources alternatives. Alejandro E. G6mez nous emmène au Venezuela et à Gran Colombie et nous permet de comprendre l’influence de la Révolution haïtienne sur les anciennes
41 TNA. ADM 1/256 and MFQ 1/184.
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colonies hispano-américaines.42 Ses recherches éclairent la mémoire collective et contribuent à notre compréhension de l’histoire officielle entre Simon Bolivar et Alexandre Pétion et les promesses de Bolivar de libérer les esclaves en Amérique latine.
Haïti était d’un grand intérêt pour l’Empire espagnol et ses colonies qui allaient bientôt prendre leur indépendance. De plus, les connexions sont parfois beaucoup plus évidentes : Dessalines et Pétion apportèrent tous deux leur aide aux mouvements indépendantistes vénézuéliens (à Francisco de Miranda en 1806 et à Bolivar en 1816). On ne peut donc pas faire une croix sur les archives espagnoles et latino-américaines simplement parce qu’Haïti a été boudée lors du Congrès de Panama de 1826 (organisé par Bolivar). Comme le suggèrent les recherches de Gomez, les dirigeants de l’Amérique latine se sont tenus informés des événements en Haïti.
En avril 1804, le gouverneur du Venezuela reçoit une copie du discours de Dessalines, prononcé lors de LA DÉCLARATION d’indépendance du nouvel État d’Haïti, du 1er janvier 1804. Dans une lettre adressée au gouvernement métropolitain, il exprime sa frustration de ne pouvoir obtenir plus d’informations sur « la malheureuse colonie de Saint
Domingue et son inévitable retour à la monstrueuse domination des Noirs 43. Rien n’indique qu’il n’ait pas réussi à en obtenir une copie de l’Acte.
42 Alejandro E. Gomez, Le spectre de la révolution noire. L’impact de la révolution haïtienne dans le monde atlantique, 1790-1886 (Rennes: Presses Universitaires de Rennes, 2013).
43 « Plus tard, en avril 1804, le gouverneur du Venezuela se procura, grâce à un particulier, une copie du discours du 1er janvier de Dessalines, prononce à l’occasion de la déclaration d’Indépendance du nouvel État d’Haïti. Dans une communication qu’il envoie au gouvernement central, il exprime sa frustration de ne pas avoir été en
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Conclusion
Le 7 avril 1801, Toussaint Louverture défie l’Europe en dotant la nation naissante d’Haïti d’une constitution souveraine. Napoléon, au faîte de sa gloire, réagit pour défendre l’Occident chrétien en rétablissant l’esclavage aux Antilles. Le révolutionnaire trahi est capturé et déporté, le 7 juin 1802, mais ses principaux généraux réorganisent la résistance. Au congrès du 18 mai 1803, l’armée s’unit et crée un nouveau drapeau; les généraux jurent de se battre (liberté ou la mort) et d’expulser l’armée française de l’île. Les anciens esclaves vont dès lors se confronter aux puissances atlantiques et à une économie du XIXe siècle alimentée par la traite transatlantique et des économies esclavagistes. Néanmoins, ils proclamèrent l’indépendance le 29 novembre 1803 et ont consacré l’événement dans un acte solennel le 1er janvier 1804, en déclarant, à la face du monde, la guerre à l’esclavage sur le territoire de l’île. Les défenseurs de la traite transatlantique et de l’esclavage des noirs ont tout fait pour isoler le nouveau pays. Haïti a été mis en quarantaine et, partout dans les Amériques, le syndrome de « Hayti » s’est installé. Pendant plus de vingt ans, nos dirigeants n’ont pas failli. Ils ont proliféré et soutenu le désir de liberté du peuple. Haïti, seul, a osé aider Miranda et Bolivar en fournissant des hommes et des armes pour aider à libérer la Nouvelle Grenade devenu la Grande Colombie. La partie orientale de l’île d’Hispaniola – sous le contrôle de la France jusqu’en 1809, date à laquelle elle est
mesure de se procurer davantage d’informations sur la malheureuse colonie de Saint-Domingue et la fatalité d’être redevenue l’objet de la monstrueuse domination des Noirs. » Alejandro E. Gomez, Le syndrome de Saint-Domingue: perceptions et représentations de la révolution haïtienne dans le monde atlantique, 1790-1886. (Thèse de doctorat, École des Hautes Études en Sciences Sociales, 2010), 70; « Le capitaine général de Caracas au ministre d’État (Caracas, 24/04/1804), » Archivo General de Indias, Estado, 68, n°12.
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revenue sous contrôle espagnol – a ensuite été incorporée à Haïti en 1822 et l’esclavage aboli pour toujours, par le Président Jean Pierre Boyer, le 8 février 1822.
Pourrions-nous demander aux bossales, nouvellement arrivées d’Afrique, et aux créoles affranchis d’avoir un but commun dans la construction d’une nouvelle nation, d’un pays ou d’un État ? L’abolition de l’esclavage a suffi à cerner la nouvelle nation, les enfants d’Haïti et le reste du monde ont vu Haïti comme tel.
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Hymne Haytiène
[Nous avons gardé, l’orthographe du manuscript original.] Sur l’air: Allons Enfans de la Patrie.
Quoi tu te tais Peuple Indigène!
Quand un Héros, par ses exploits,
Vengeant ton nom, brisant ta chaîne,
A jamais assure tes droits?
Honneur à sa valeur guerrière!
Gloire à tes efforts triomphants!
Offrons-lui nos coeurs, notre encens;
Chantons d’une voix mâle et fière
Sous ce bon Père unis,
A jamais réunis,
Vivons, mourons, ses vrais Enfans.
Libres, indépendans.
De nos droits ennemis perfides,
Du Nouveau-Monde les tyrans,
Déjà les Français homicides,
Du Soleil frappaient les Enfans;
0 ! du Ciel éclatans prodiges!
Pour lever nos fronts abattus,
Jacque paraît, ils ne sont plus,
Et l’on en cherche les vestiges.
Sous ce bon Père unis,
A jamais réunis,
Vivons, mourons, ses vrais Enfans.
Libres, indépendans.
En mer, en plaine, et sur nos cîmes
Écoutez ce bruit, ces éclats;
Amis, c’est le cri des victimes
Dénonçant leurs noirs attentats
Du sang d’une horde cruelle,
Oui, quand vous arrosez leurs os,
Elles font entendre ces mots
Du sein de la nuit éternelle,
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Sous ce bon Père unis,
A jamais réunis,
Vivons, mourons, ses vrais Enfans.
Libres, indépendans.
Quel est cet indigène Insulaire,
Ce lâche coeur, ce vil soldat
Qui, désormais sous sa bannière
N’affronterait point le trépas?
Qu’il parle; au défaut du Tonnerre,
Pour expier cet attentat,
Nos bras levés contre l’ingrat,
Sauront le réduire en poussière.
Sous ce bon Père unis,
A jamais réunis,
Vivons, mourons, ses vrais Enfans.
Libres, indépendans.
Amis, que la reconnaissance
Consacre ses faits, sa valeur;
Nous servirons, sous sa puissance,
Le ciel, la justice et l’honneur:
Que nos enfans, dès le bas âge,
Aiment à bégayer son nom;
Désormais Jacque est le Patron
De qui repousse l’esclavage,
Sous ce bon Père unis,
A jamais réunis,
Vivons, mourons, ses vrais Enfans.
Libres, indépendans.
CH …
FIN
The National Archives of the United Kingdom, (TNA) CO 137 /m)

