Le 20 septembre 2023, le gouvernement défaillant sous la direction de Dr. Ariel Henry et ses alliés de la Fusion, RDNP et SDP, annonçait en grande pompe l’établissement de relations diplomatiques avec le Kenya, une initiative saluée comme une ouverture vers des perspectives de coopération bilatérale entre des ‘frères’ de l’Afrique. Toutefois, un an après cette annonce, les ambassades promises restent introuvables, et les faits politiques et constitutionnels entourant cet accord suscitent de nombreuses interrogations.
L’absence d’ambassades et la réalité constitutionnelle
Selon la Constitution haïtienne, même torpillée pour satisfaire des intérêts particuliers et sur le point d’être « remplacée par une autre déjà écrite », il est clair que le Dr Ariel Henry, alors Premier ministre de facto, n’avait ni l’autorité ni le pouvoir, en vertu de la loi fondamentale du pays, d’établir des relations diplomatiques officielles. Seule la présidence, incarnée par un président dûment élu ou constitutionnel, est habilitée à engager un tel processus. Le gouvernement défaillant de M. Henry-Beauzile-Manigat-André Michel, sans mandat présidentiel légitime, a donc agi en dehors des cadres constitutionnels, ce qui soulève la question de la légalité du soi-disant accord diplomatique conclu avec le Kenya en septembre 2023.
De plus, Ariel Henry n’avait pas non plus le droit de nommer un ambassadeur. Pourtant, l’annonce de la création d’une ambassade d’Haïti à Nairobi, et réciproquement d’une ambassade kenyane à Port-au-Prince, a été faite sans que les procédures appropriées soient respectées. Un an plus tard, l’absence de toute ambassade démontre que cette annonce, largement médiatisée à l’époque, n’a jamais été suivie d’effets concrets.
L’implication internationale : les Nations Unies, les États-Unis et le Conseil de sécurité
La communauté internationale, représentée par des acteurs clés tels que les Nations unies, les États-Unis et les pays membres du Conseil de sécurité, était pleinement consciente de ces violations constitutionnelles en Haïti. Malgré ces violations, ces acteurs ont continué à traiter avec un gouvernement de facto, sachant que les accords diplomatiques conclus n’avaient aucune base légale. Le déploiement de troupes kenyanes en Haïti, approuvé par ces mêmes institutions internationales, n’a aucune base juridique ou du moins diplomatique fragile, ajoutant une couche supplémentaire de complexité à la situation déjà volatile d’un pays qui n’est « ni gouverné ni administré » par quoi que ce soit d’autre.
Par ailleurs, l’envoi de troupes turques, approuvé par le Conseil de sécurité, ne peut être dissocié de la même dynamique de remise en cause de la légitimité du gouvernement haïtien. La reconnaissance internationale du gouvernement d’Ariel Henry, et son implication dans des décisions aussi fondamentales que le déploiement de troupes étrangères sans consultation populaire ni approbation légale, reflètent une stratégie internationale où la « stabilité immédiate » est privilégiée par rapport au respect des cadres constitutionnels nationaux.
Un vide diplomatique : l’absence d’ambassadeurs
L’absence d’ambassade un an après l’annonce de l’établissement de relations diplomatiques entre Haïti et le Kenya prouve que la démarche était surtout médiatique. Le 20 septembre 2023, l’accord entre les deux pays a été largement relayé par les médias, mais à ce jour, aucun ambassadeur n’a été nommé, ni à Port-au-Prince, ni à Nairobi. Ceci illustre le manque de suivi et l’absence d’une réelle volonté de consolider ces relations diplomatiques.
L’actuel président du Conseil Présidentiel de Transition d’Haïti, Edgar Leblanc, a-t-il bien conscience que, sans ratification par le Parlement ou un autre organe législatif compétent, il ne peut pas nommer d’ambassadeur pour Haïti. Cela souligne l’importance du cadre institutionnel pour garantir la légitimité des relations diplomatiques. En l’absence de procédures juridiques claires et respectées, les relations diplomatiques deviennent des coquilles vides, des outils politiques sans substance.
La réalité actuelle révèle une vérité dérangeante : la diplomatie haïtienne est dans l’impasse, coincée entre les déclarations symboliques et les réalités constitutionnelles et politiques. La communauté internationale, bien que consciente des dysfonctionnements internes, continue d’agir au mépris des principes de souveraineté nationale, en soutenant un gouvernement sans mandat clair. Les relations diplomatiques entre Haïti et le Kenya ne sont pas seulement un test de la légitimité du gouvernement d’Ariel Henrym ou d’un certain CPT a 9 tet, elles sont aussi le reflet des limites de la diplomatie internationale lorsqu’elle se heurte aux réalités constitutionnelles d’un Etat fragile.
Si Haïti aspire à renforcer ses relations avec le Kenya et d’autres nations, celles-ci doivent impérativement reposer sur des bases juridiques solides et une légitimité reconnue, tant sur le plan interne qu’international. Dans ce contexte, le rôle d’acteurs tels qu’Edgar Leblanc et le Conseil Présidentiel sera déterminant pour rétablir la crédibilité du pays sur la scène diplomatique et politique. Des décisions doivent être prises d’urgence pour s’assurer que toute action diplomatique future respecte le cadre constitutionnel haïtien et bénéficie de la confiance de la population.