16 mai 2025
Haïti | « Ces Allemands » de Oswald Durand (1883), « Ces Kenyans » (2024): Un écho à travers le temps
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Haïti | « Ces Allemands » de Oswald Durand (1883), « Ces Kenyans » (2024): Un écho à travers le temps

Ces Allemands, Ces Kenyans : Un Écho à Travers le Temps

Quand le tigre cruel eut déchiré sa proie,
Le fort et superbe lion;
Quand le mufle rougi par les restes qu’il broie,
Oubliant la loi du talion

Dans son antre fétide, ainsi qu’une couleuvre,
Il eut rampé les yeux baissés;
Alors, ivre de joie et contemplant son œuvre,
Il dit : « Non! ce n’est point assez!

Je comptais, rançonnant la nation guerrière,
Le pays des héros chéri,
Avoir non seulement milliards et flotte fière,
Mais encore Pondichéry.

Car c’est un beau joyau pour ma couronne inique,
Lourde de rapt et de larcin,
Que le moindre morceau de cette Inde magique,
Recélant de l’or dans son sein! »

Alors, les yeux tournés vers notre île fertile,
Vite, ils dépêchent leur agent…
Et, comme quelquefois un prétexte est utile,
Ils nous réclament de l’argent.

On hésite. – La nuit, heure qu’aiment les crimes,
Ils s’emparent de nos vaisseaux,
Ils attendent le jour, certains que leurs victimes
Pâitraient comme simples vassaux.

Puis – jour sans précédent! ces célèbres Cartouches,
Qui se surnomment des Césars,
Pointèrent leurs canons, dont on voyait les bouches
Prêtes à briser nos remparts!

Mais, ainsi que la France, à la bande ouvrière
— Allemands, doublés de Prussiens—
Nous jetâmes l’argent, le front haut, l’âme fière,
Ainsi qu’on jette de l’os aux chiens!

Ô terre de Dessalines, ô patrie des vaillants,
Pourquoi donc de si loin viennent ces hommes géants,
Sur notre sol sacré, que leur main étrangère,
Tente d’étreindre avec une ombre de lumière ?

Haïti, berceau des libres, voix qui clame l’ardent,
Contre les chaînes d’acier, tu fus un cri strident,
Libérant les hommes du joug, de l’infâme esclavage,
Aujourd’hui, c’est ton sol que foulent ces sournois ‘sauvages’ ?

Ces Kenyans, ces Kenyans, venus en conquérants,
Qu’ils soient de nos frères ou bien des prétendants,
Leur rôle est flou, leur présence est comme une brume,
Car de la paix promise, il n’est point de résumé.

Les gangs font leur loi, les balles percent nos cœurs,
Mais que font-ils, ces soldats, sinon ajouter à l’horreur ?
Nos enfants kidnappés, nos rues pleines de sang,
Et eux, les mains pleines de vent, avancent, titubant.

Ô Kenyans, ô Kenyans, quelle honte à vos pieds,
De jouer ce double jeu, de trahir l’amitié.
Vous, enfants d’Afrique, terre de dignité,
Comment osez-vous ainsi fouler notre liberté ?

Votre mission est vaine, vos pas sont malvenus,
Car Haïti n’est pas une terre à prendre pour un revenu.
Nous sommes les gardiens d’un flambeau éternel,
Que nul conquérant, de près ou de loin, n’enserre.

Ces Kenyans, ces Kenyans, le temps vous jugera,
Quand de nos montagnes, un jour, la voix s’élèvera.
Vous repartirez, effacés par le vent,
Laissant derrière vous l’écho des chants d’antan.

Parallèle à travers l’histoire

Les vers de Durand résonnent comme un cri de résistance contre l’intrusion étrangère sur le sol haïtien. En 1883, les Allemands, animés par une soif de domination, cherchent à s’imposer par la force, menant leur flotte à nos côtes sous de faux prétextes pour rançonner la nation. Le poème de Durand, « Ces Allemands », est un témoignage vibrant de la lutte pour la souveraineté et l’honneur national.

Aujourd’hui, ce cri trouve un écho dans « Ces Kenyans », où la situation semble se répéter, mais sous un autre visage. Cette fois, ce sont nos frères d’Afrique, libérés de l’esclavage par les efforts de nos ancêtres, qui foulent notre sol sous le couvert d’une mission de paix. Mais cette paix reste illusoire, tandis que la violence persiste et que les espoirs de liberté s’évanouissent.

La conjoncture actuelle se teinte d’amertume, et la présence kenyane évoque un nouveau chapitre de cette longue histoire de défis à notre souveraineté. Si, autrefois, ce furent les Allemands, aujourd’hui, ce sont les Kenyans qui, malgré leur héritage partagé, semblent répéter les erreurs du passé. Le parallèle entre ces deux situations met en lumière l’ironie tragique d’une lutte qui semble sans fin, où chaque génération doit se battre pour la liberté acquise au prix du sang de ses ancêtres.

cba

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