Mirlande Manigat attendait-elle la dissolution du HCT pour s’exprimer enfin sur la crise qui frappe le pays ?
Le communiqué de presse du Rassemblement des démocrates nationaux progressistes (RDNP) appelle à une action décisive pour résoudre la crise haïtienne, tout en exposant une série de recommandations pour restaurer la confiance publique. Cependant, dans l’analyse de ce document publ;ie ce week-end pour essayer de faire peau neuve, il est indispensable de situer le RDNP dans le contexte actuel de mauvaise gouvernance en Haïti, et en particulier son rôle prépondérant à l’horizon 2023.
Le RDNP, tout en prétendant être un observateur critique et engagé, fait partie des structures politiques qui ont soutenu, ou du moins toléré, l’administration défaillante d’Ariel Henry, à l’instar de la Fusion de l’ancienne sénatrice Edmonde Beauzile. En tant que partie prenante, le RDNP a collaboré avec un gouvernement largement dénoncé pour son inefficacité et son implication dans des pratiques de corruption ouverte. Ce communiqué de presse, tout en dénonçant la corruption et en proposant des solutions, peut être considéré comme une tentative de redorer l’image du parti dans un contexte où la population est de plus en plus désillusionnée par les élites politiques.
Analyse des Recommandations
- Expulsion des membres corrompus et refonte du CPT : Le RDNP plaide pour une purge au sein du Conseil présidentiel de transition (CPT). Cependant, cette proposition semble venir tardivement, et elle pourrait être interprétée comme une manœuvre pour prendre des distances avec les scandales en cours, sans pour autant reconnaître une complicité passée.
- Sécurité et gouvernance : Le renforcement de la sécurité et la promotion d’une gouvernance inclusive sont des points essentiels. Néanmoins, le RDNP n’apporte pas de nouvelles solutions concrètes pour remédier à l’insécurité croissante, ni pour résoudre les profondes divisions politiques qui fracturent le pays.
- Audit et organe de contrôle indépendant : La demande d’un audit du CPT et l’institution d’un organe de contrôle sont des démarches positives en théorie. Toutefois, la mise en place de telles mesures exige un engagement sincère et des ressources importantes, ce qui pose la question de la réelle volonté du RDNP de s’engager dans un processus de transparence.
Questionnements et Critiques
Le RDNP cherche à se positionner comme un acteur clé de la transition, tout en se distanciant des échecs actuels du gouvernement qu’il a soutenu. Cela soulève plusieurs interrogations :
- Pourquoi ce revirement maintenant ? : Le timing de ce communiqué, alors que la situation continue de se détériorer, pourrait être perçu comme une tentative opportuniste de repositionnement politique plutôt qu’un engagement sincère en faveur du changement.
- Responsabilité partagée : En tant que partie prenante du gouvernement actuel, le RDNP ne peut se dédouaner entièrement des critiques qu’il adresse au CPT. Une auto-évaluation honnête de sa propre contribution aux difficultés actuelles serait nécessaire pour regagner la confiance du public.
- Efficacité des recommandations : Les propositions du RDNP, bien que pertinentes en surface, manquent de détails concrets sur leur mise en œuvre et leur faisabilité dans le contexte actuel d’une gouvernance affaiblie et d’une société profondément divisée.
Si le communiqué de presse du RDNP met en avant des préoccupations légitimes sur la gouvernance en Haïti, il reste ambigu quant à la sincérité de son engagement. Alors que le parti cherche à se repositionner dans un contexte politique mouvant, il devra démontrer, par des actions concrètes, sa capacité à contribuer véritablement à la résolution de la crise, au-delà des simples déclarations d’intention.
En définitive, le peuple haïtien, épuisé par des années de crises successives, attend des réalisations concrètes plutôt que des promesses politiques avec les mêmes acteurs qui se présentent sur la scène avec le même décor.