Nancy Roc : « Mon pauvre pays, non gouverné, ingouvernable »!

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2012

Mon pauvre pays, non gouverné, ingouvernable. Chaos dans les rues. Chaos écononique. Corruption, impunité. La crise se propage telle une traînée de poudre et il n’y aura nul endroit où se cacher.

Port-au-Prince, vendredi 11 août 2017 ((rezonodwes.com))– Une semaine depuis que je suis en Haiti. Le découragement des gens est aussi lourd que le temps orageux: 42C avec 88 % d’humidité à 8h44 du soir.




Port-au-Prince a une sale gueule et cette ville est si laide qu’on se demande qui sacrifiera ses économies pour venir en vacances ici, sinon pour revoir sa famille. Pas de courant dans cette chaleur torride, sauf pour ceux qui peuvent se permettre d’acheter une génératrice, un inverter ou des panneaux solaires.

Je ne suis pas beaucoup sortie car la chaleur est juste infecte. Le trafic n’a pas changé: bordel total partout et il faut s’accrocher pour ne pas s’énerver et perdre les pédales. Pétion-Ville vomit son monde tel un estomac gargantuesque trop plein. Les visages ont des expressions dures, des traits grimaçants de misère et d’aigreur. Ils font écho aux nouvelles évoquant la fuite des Haitiens au Chili, au Canada, au Brésil, partis chercher un avenir meilleur. Que l’enfer soit de feu ou de glace, il demeure un enfer.

Mon pauvre pays, non gouverné, ingouvernable. Chaos dans les rues. Chaos écononique. Corruption, impunité. La crise se propage telle une traînée de poudre et il n’y aura nul endroit où se cacher.

Je pense à Étienne de La Boétie et à son Discours de la servitude volontaire: « Il est incroyable de voir comme le peuple, dès qu’il est assujetti, tombe soudain dans un si profond oubli de sa liberté, qu’il lui est impossible de se réveiller pour la reconquérir : il sert si bien, et si volontiers, qu’on dirait à le voir qu’il n’a pas seulement perdu sa liberté, mais bien gagné sa servitude.»




Si le pouvoir n’est plus celui d’un tyran en Haiti, il n’en demeure pas moins que certains « prennent pour leur état de nature l’état de leur naissance. Ils finissent par s’habituer au poison, celui de nous apprendre à avaler le venin de la servitude sans le trouver amer. Ainsi, la première raison de la servitude volontaire, c’est l’habitude.»

Nancy Roc, Port-au-Prince, le 10 août 2017.

https://www.facebook.com/nancy.roc

2 COMMENTS

  1. Antouka nou tout koupab se rezilta travay nou kifè Haïti rive nan êta sa minm si nou natiralize kelkeswa Jan haiti ye a se konsa blan ap wè nou

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