9 septembre 2024
Quand Garry Conille tend un rameau d’olivier aux gangs.
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Quand Garry Conille tend un rameau d’olivier aux gangs.

À peine entré en fonction, le nouveau Premier ministre d’Haïti, Garry Conille, a déjà ajouté son nom au palmarès des « comédiens » de Graham Greene qui occupent les devants de la scène politique.

Dans un pays ravagé par le violence des gangs armés où il faudrait plutôt durcir le ton face aux bandits pour que la peur, enfin, change de camp, le chef du gouvernement n’a trouvé rien de mieux à proposer comme solution à la crise sécuritaire qui gangrène  le pays que de négocier avec les assassins, les criminels et les voyous. 

C’est burlesque, kafkaïen et cela donne le dégoût ! Après la démission de l’ancien Premier ministre de facto Ariel Henry, on se disait, in petto : bon débarras, l’amorphe est enfin parti; mais on était loin de s’imaginer qu’on allait passer du « bonnet blanc au blanc bonnet ». Et de fait le nouveau dirigeant, Garry Conille, est en train de se révéler pire qu’Ariel qui, lui au moins, n’avait jamais proposé l’idée de négocier (quelle idée saugrenue!) un deal, de conclure un pacte avec les malfrats.

À la suite de la proposition du chef de la Primature, Jimmy Chérizier, dit Barbecue et leader autoproclamé de la coalition des chefs de gangs, G9 en famille (Vivre Ensemble) s’est empressé de répondre positivement à la proposition du Premier ministre Conille pour le prendre au mot et le mettre au pied du mur. Car, il serait malséant et mal vu s’il retirait sa proposition, s’il se rétractait et faisait marche arrière.

Chérizier, le finaud, a vu immédiatement dans ladite proposition un rameau d’olivier tendu par le chef du Conseil de Transition qu’il lui faut saisir. Dans un message audiovisuel où il portait des vêtement de couleur pourpre (sinistre symbole de son appétit inassouvi pour le sang), il se dit, lui aussi, prêt à négocier. 

Voudrait-on nous faire croire que malgré de la présence en Haïti du contingent militaire kényan, de la FADH ( Forces Armées d’Haïti) et de la Police nationale composée de milliers de membres, le pouvoir est incapable d’éradiquer les gangs qui contrôlent près de 80% de la capitale haïtienne, et, qu’au lieu de faire preuve de détermination–une détermination farouche– afin d’anihiler ces malfaiteurs, M. Garry Conille préfèrerait renoncer aux engagements pris devant la nation pour, au contraire, s’agenouiller devant eux ?  Ce serait une abdication pure et simple. Une abdication honteuse, un reniement funeste, irresponsable, une trahison.

Beaucoup interprètent ce geste comme un signe de faiblesse et de lâcheté. Mais d’autres pensent qu’il y a anguille sous roche. Pour ces « mauvaises langues », disons pour les sceptiques, dans l’agenda du premier ministre il y aurait un peu de tout, sauf la volonté d’en finir avec les bandits. La raison est simple : ils sont un monstre utile. 

La camarilla des caïds et des criminels n’a pas vu le jour par hasard dans un vacuum. Ils ont été créés pour une mission bien précise : établir une politique de terreur de manière à barricader la population chez elle pour qu’elle ne participe pas en masse aux élections. De telle sorte qu’on puisse toujours avoir des élections avec la participation minimale de population. 

Pour comprendre cet aspect, il faut prendre en compte la plateforme politique qui avait catapulté M. Conille au devant de la scène. En effet, contrairement au boniment d’une certaine presse qui tente de vendre l’image du Premier ministre comme un transfuge du gouvernement de l’ancien président Michel Martelly, la réalité mordante veut qu’il soit en fait la version grossièrement travestie du musicien excentrique. Qu’on ne se la baille pas ! Ne vous laissez pas circonvenir, enjôler. Garry Conille n’est pas un agent neutre. Il s’agit des mêmes acteurs revêtus de nouveaux costumes, ni plus ni moins.

Comme a dit l’autre : « il ne peut rien sortir de bon de Nazareth », de la même veine on devrait se dire que si Garry Conille avait vraiment un bon pedigree politique, il n’aurait jamais accepté d’être le Premier ministre de Michel Martelly dont on connait trop bien les frasques. 

Un arbre pourri ne saurait produire de bons fruits. 

Sweet Micky avait choisi Garry Conille en 2011 pour être son Premier ministre en raison d’une affinité, on dirait même une sorte de fascination que les deux hommes nourrissent pour le fascisme. Le père de celui-ci fut le bras droit du Dr. Roger Lafontant——un homme dont le nom est associé aux pires atrocités qu’a connues le peuple haïtien sous le régime de la Papadocratie, le président à vie, Dr. François Duvalier (1957-1971). Rappelons que monsieur Conille n’avait pas démissionné comme chef de gouvernement du président Martelly. Il été, de façon humiliante, révoqué par le chef de l’État, son patron.

On retrouve aussi le même discours conciliant de Garry Conille dans la bouche de Guy Philippe, un petit avorton qui, à peine sorti de prison pour blanchiment d’argent, voulait se faire passer pour un révolutionnaire. Pour ces deux hommes (Garry Conille et Guy Philippe), il faudrait passer l’éponge sur les crimes odieux, les viols à répétition, les souffrances indescriptibles et la sauvagerie innommable des gangs, ils méritent tous d’être graciés ! 

Cela dit, on comprend qu’il y a des cas jurisprudentiels où des gens qui avaient pris les armes ont pu bénéficier d’une amnistie. Le cas des rebelles de la guerre du Biafra en est le parfait exemple, la célèbre et parfaite illustration. Après trois ans de conflit au cours duquel près de 2 millions de personnes avaient trouvé la mort, les forces rebelles avaient décidé de déposer les armes pour participer à un programme national de réinsertion engagé par le gouvernement nigérian.

Il en a été de même pour l’Angola où, le 20 novembre 1994, le président Jose Eduardo dos Santos tendit un rameau d’olivier au chef rebelle Jonas Savimbi en vue de mettre fin à 27 ans de conflit dans leur pays.

Mais on ne peut, en aucun cas, reproduire  ces exemples en Haïti. Pour la simple et bonne raison que ce n’est pas le même cas de figure. Ce qui se passe dans notre pays n’est pas une guerre impliquant deux protagonistes. On a, d’un côté, une population civile, livrée à elle-même, ne sachant à quel saint se vouer, et de l’autre, on a un groupe de terroristes, lourdement armés qui tuent, violent, pillent et rançonnent sans merci la population civile

Ces criminels qui se comportent comme des bouchers du peuple n’ont pas leur place parmi les gens civilisés. Encore moins qu’il ne saurait y avoir de négociation avec la pègre que représentent les gangs. C’est pure naïveté que de s’attendre à ce que le discours conciliant tenu par le Premier ministre puisse pousser des terroristes de la trempe de Jimmy Chérizier, Izo, Vitélòm, Lanmò san jou et les autres criminels du même acabit à déposer les armes. 

En agissant ainsi, le Premier ministre offre l’image caricaturale d’une chiffe molle qui ne connaît rien dans l’art de diriger, de gouverner. 

Car, il est outrageusement malsain de demander au peuple d’embrasser celui qui s’approche de lui avec un poignard bien affûté. L’heure n’est pas au dialogue. Garry Conille devrait plutôt s’atteler, de concert avec la justice, à constituer un tribunal spécial pour juger les terroristes qui en font voir de toutes les couleurs au peuple. 

Ducasse Alcin.

Ducasse.ralcin@gmail.comRépondreTransférer

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