30 juin 2024
Kay Fanm :  »Non à la velléité de dénaturer le ministère à la Condition féminine »
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Kay Fanm :  »Non à la velléité de dénaturer le ministère à la Condition féminine »

Le gouvernement de transition, dirigé par le Premier ministre Garry Conille, a pris fonction le 12 juin 2024. En dépit des déclarations de bonnes intentions, il ne comporte que quatre femmes parmi ses quatorze ministres. Il a ainsi résolument emboité le pas au Conseil présidentiel de transition (CPT) qui est une structure essentiellement masculine avec sept conseillers décideurs.

Comme de coutume, la population a eu droit aux discours creux des ministres sortants qui déclarent avoir assidument servi la nation.

Le 13 juin, l’ex-ministre à la Condition féminine et aux droits des femmes (MCFDF), Sophia Loréus, n’a pas dérogé à cet exercice en s’attribuant un satisfecit. On garde plutôt le souvenir d’une ministre déclarant des engagements brumeux sans mener d’actions probantes.

La nouvelle titulaire du ministère à la Condition féminine, Marie Françoise Suzan, n’a pas jugé nécessaire de communiquer sa notice biographique afin d’éclairer le public sur son parcours qui fonde sa nomination au cabinet ministériel. Elle demeure donc une illustre inconnue pour les organisations engagées dans la défense des droits des femmes.

D’entrée de jeu, la nouvelle ministre a proposé de modifier la dénomination du ministère, et donc son mandat, en y intégrant la famille. Elle a déclaré « […] il est fondamental d’approfondir la réflexion pour renforcer et transformer notre ministère que je propose de rebaptiser ministère à la Condition féminine, aux droits de la femme et à la famille ».

A quelles réflexions la ministre fait-t-elle référence ? Une orientation dissimulée, mais édictée par le Premier ministre Conille ? Une initiative personnelle ? Selon la transformation du MCFDF envisagée par la ministre, le gouvernement qui promet d’éradiquer la violence des gangs armés criminels, dispose dans ses rangs d’une femme qui détient la solution tant recherchée.

L’intégration de la famille au MCFDF va donc permettre de résoudre les problèmes de : « délinquance et violence, banditisme et crise sociale, paix et progrès, cohésion sociale ». Dommage —pour les centaines de femme tuées, violées, déplacées— que la vision de la Mme Suzan ne soit partagée que lorsqu’elle accède au pouvoir.

Le déplacement aurait aussi pu être évité aux Kenyans.

Depuis la création du MCFDF, les gouvernements n’ont généralement pas manifesté de volonté politique d’agir réellement sur les inégalités de genre. Les propos de la ministre ne constituent pas la première tentative de dénaturer le MCFDF.

En dépit des insuffisances relevées, les féministes ont toujours défendu le principe de l’existence du ministère qui est un indéniable acquis. Elles ont minutieusement argumenté le choix politique d’une structure ministérielle, en soulignant la nécessité d’une appréhension de la cause des femmes par la titulaire et d’une continuité dans les actions.

Visiblement, la ministre ignore les réflexions approfondies et les luttes menées pour avoir une structure étatique de haut niveau, appelée à agir de manière holistique et transversale sur les rapports de genre. Elle semble également ignorer les plaidoyers qui ont abouti au fait que la constitution de 1987 reconnaisse la diversité des familles et prévoit un Code de la famille (art. 260, 262).

En considérant que la question de la famille doit être nécessairement associée aux femmes, la ministre fait preuve d’un sexisme rédhibitoire qui cautionne le système d’oppression des femmes.

Elle serait mieux avisée de plaider pour que les questions liées à la protection sociale (maternité, enfance, vieillesse, handicap, inclusion, travail décent, etc.) soient effectivement prises en compte par les Affaires sociales en vue d’œuvrer à placer les citoyens et les citoyennes sur un pied d’égalité.

Port-au-Prince, le 25 juin 2024.

Pour Kay Fanm,

Danièle Magloire

Contact : Tel/WhatsApp (+509) 34.33.78.32 // Courriel : admin@kayfanm.org

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