Le nombre de morts lors des manifestations au Kenya s’élève désormais à 13, selon un responsable de l’association principale des médecins. Les manifestations contre les hausses d’impôts ont viré à la violence, la police ayant tiré sur les manifestants qui ont saccagé le parlement.
Les scènes inédites, avec des parties du parlement en flammes et de nombreux blessés, ont choqué les Kényans et ont poussé le gouvernement du président William Ruto à déployer l’armée.
Les manifestations, principalement menées par des jeunes, ont commencé pacifiquement la semaine dernière à Nairobi et dans tout le pays. Cependant, la tension a monté mardi après-midi, lorsque la police a tiré à balles réelles sur les foules qui ont ensuite envahi le parlement.
Le ministre de la Défense, Aden Bare Duale, a annoncé le déploiement de l’armée pour soutenir la police face à cette « urgence sécuritaire ». Simon Kigondu, président de l’Association médicale kenyane, a déclaré : « Nous avons au moins 13 personnes tuées, mais ce n’est pas le chiffre final. »
Les journaux locaux ont qualifié la situation de « chaos » et de « pandémonium ». L’hôpital national Kenyatta de Nairobi a rapporté traiter 160 personnes, certaines blessées par balles.
Lors d’une conférence de presse nocturne, Ruto a averti que son gouvernement prendrait des mesures sévères contre « la violence et l’anarchie », comparant certains manifestants à des « criminels ».
L’intensité de l’opposition aux propositions fiscales du gouvernement, principalement menée par des jeunes de la Génération Z, a surpris les autorités. Les images diffusées à la télévision locale montraient le parlement saccagé, avec des meubles brûlés et des fenêtres brisées.
Une forte présence policière a été déployée autour du parlement mercredi matin. Un policier a déclaré à l’AFP : « C’était de la folie, nous espérons que ce sera calme aujourd’hui. »
Les manifestations pacifiques ont dégénéré à Nairobi, où certains protestataires ont jeté des pierres sur la police, qui a répliqué par des gaz lacrymogènes, des canons à eau et des balles réelles.
La communauté internationale est alarmée par ces événements, avec des appels au calme de la part de la Maison Blanche et de plusieurs nations occidentales. Le chef de l’ONU, Antonio Guterres, et le président de la Commission de l’Union africaine, Moussa Faki Mahamat, ont également exprimé leur profonde préoccupation.
Le chef de l’opposition, Raila Odinga, a accusé le gouvernement d’utiliser une « force brutale » contre les manifestants. Les autorités ont également été accusées d’enlever des protestataires, accusations auxquelles la police n’a pas répondu.
Les manifestations ont été déclenchées par des griefs de longue date concernant la hausse du coût de la vie, exacerbés par les propositions fiscales du gouvernement pour 2024. Le gouvernement, confronté à une dette massive, prévoit d’augmenter les prix du carburant et les droits d’exportation.