Crise : Les six faux pas du Premier ministre Garry Conille selon Josué Mérilien
1. Un gouvernement de facto sans légitimité parlementaire
Rien n’est à espérer d’un gouvernement de facto conduit par le Dr Garry Conille, composé jusqu’à 90 % de représentants, alliés et sympathisants du Parti haïtien Tèt Kale (PHTK), sans une grande vigilance et un engagement citoyen, prévient le coordonnateur de l’Union nationale des normaliens haïtiens (UNNOH), le professeur Josué Mérilien.
2. Visites médiatiques et sécurité illusoire
Les différents faux pas du Dr Garry Conille, identifiés par le coordonnateur de l’UNNOH, peuvent avoir des conséquences graves sur le présent et l’avenir du pays. La visite du Premier ministre Garry Conille, accompagné du directeur général sortant de la Police nationale d’Haïti (PNH), Frantz Elbé, au centre-ville de Port-au-Prince, s’apparente à un spectacle destiné à la consommation médiatique.
Le professeur rappelle que lors du passage du Dr Conille et de sa délégation, les bandits armés n’ont fait montre d’aucune hostilité. Une situation contrastant fortement avec leur attitude lors de l’investiture du CPT. L’animosité des gangs contre les membres de l’exécutif semble dépendre du profil du dirigeant ou de son lien avec les véritables décideurs du pays (les États-Unis).
3. Promesses de sécurité non tenues
Le Dr Garry Conille a imité l’ancien Premier ministre Claude Joseph qui, en juin 2021, a défilé à Martissant pour rassurer la population sur la sécurité de la zone, une scène qui a contribué à l’aggravation du climat sécuritaire à Port-au-Prince. Selon Josué Mérilien, l’incohérence règne entre les discours du chef de la Primature et les actes politiques posés.
L’annonce du Premier ministre de garder au moins quatre ministères régaliens loin des responsables et organisations politiques n’a pas été suivie. À titre d’exemple, selon le syndicaliste, le Ministère des Affaires étrangères et des Cultes ainsi que celui des Haïtiens vivant à l’étranger ont été confiés à Dominique Dupuy, proche de l’ancien Premier ministre Claude Joseph, dirigeant de EDE, s’indigne Mérilien. De plus, il rappelle les différentes controverses sur la nationalité de Dominique Dupuy.
4. Nominations controversées et conflits d’intérêts
La nomination de Me Carlos Hercule comme ministre de la Justice et de la Sécurité publique relève du scandale d’État. Il n’est plus un secret que Me Hercule est l’avocat de Garry Conille dans une affaire de détournement de biens au Centre national des équipements (CNE). Cet acte peut compromettre la suite de l’affaire.
Par ailleurs, M. Conille est également Ministre de l’Intérieur et son avocat est Ministre de la Justice, ce qui signifie que sur les cinq membres du CPSN, Garry Conille contrôle directement trois membres. En effet, le CPSN est composé du Premier ministre jouant le rôle de président du Conseil, du Ministre de la Justice, premier vice-président, du Ministre de l’Intérieur, deuxième vice-président, du Directeur Général, secrétaire exécutif, et de l’Inspecteur Général en Chef, secrétaire adjoint. Garry Conille contrôle donc cette instance supérieure chargée d’orienter les actions de la PNH.
Par l’intermédiaire du Premier ministre, les Américains continueront à contrôler et conditionner les politiques publiques de sécurité du pays. Pour reprendre une affirmation d’un journaliste haïtien du XIXe siècle : « Plus ça change, plus c’est la même chose. » En effet, la situation était similaire avec l’ancien Premier ministre qui était également Ministre de l’Intérieur et avait nommé une ministre par intérim. La sécurité, priorité de ce gouvernement, semble ainsi un vœu pieux, car celui qui allume le feu entend s’afficher comme pompier pyromane.
5. Contrôle des ministères cruciaux pour les élections
En outre, Garry Conille concentre entre ses mains les ministères dont la tâche est cruciale dans l’organisation des élections. Les deux principales priorités de la transition sont donc bien verrouillées… Tout est sous contrôle…
6. Choix controversé de Nesmy Manigat
Le choix de l’ancien ministre Nesmy Manigat comme directeur de cabinet du Premier ministre va à contre-courant des promesses d’écarter les membres de l’ancien gouvernement du Dr Ariel Henry. Le professeur Josué Mérilien critique sévèrement Nesmy Manigat, un ancien ministre au bilan désastreux à la tête du Ministère de l’Éducation nationale.
D’autres faux pas concernent la décision de Garry Conille de s’octroyer le Ministère de l’Intérieur, ajoutant neuf ministères avec la création de quatre autres ministères sans portefeuille, dénonce Josué Mérilien.
Hervé Noel
vevenoel@gmail.com