A lire ce qui se passe sur les réseaux en ce qui concerne la formation du nouveau gouvernement appelé à mener au bon port la barque de la transition, la lutte semble dure et la tâche difficile au Premier Ministre Garry CONILLE. Les anciens chefs veulent “cheffer”. Et l’on comprend bien leur stratégie. Ils ne voient pas leur existence en dehors du pouvoir.
Mais, puisque, à quelques exceptions près, ce sont toujours les mêmes qui veulent rester au timonier du navire de la République naufragée, on se demande s’ils ont compris le sens du discours de César AUGUSTE dans le contexte de lutte pour le redressement de la République d’Haïti:” je suis né dans une cité de briques et je laisse une cité de mabre.”
L’État d’agonie de la République d’Haïti dit déjà gros sur les qualités des hommes qui l’ont dirigée. Durant les dix dernières années, le pays connaît une descente en enfer. Il devient invivable. Les Institutions se meurent. Les dirigeants assistent aux dégâts en spectateurs engagés. Certains acceptent même qu’il y ait des territoires perdus quand ils constituent les bras de l’État appelés à exercer le monopole de la violence physique légitime.
Alors Mesdames, Messieurs, hommes politiques de mon Pays, au timon des Affaires depuis des lustres, quel État, quelle cité avez-vous laissé à la postérité, vous demande César AUGUSTE? Quelles devraient être les caractéristiques ou les qualités des hommes appelés à faire partie du présent gouvernement pour mener à bien la barque de la transition? Quelles devraient être les priorités de ce gouvernement pour mener à bien le processus ? Enfin dans quel état cette nouvelle équipe gouvernementale voudra laisser la cité après la période de transition?
I- État des lieux de la cité : Une Haïti dévastée, gangrenée, gangstérisée.
Depuis le départ du Président Jean Claude Duvalier le 7 février 1986 débouchant sur une prétendue ère démocratique avec la constitution de 1987, la lutte pour la prise du pouvoir utilise la violence comme arme de combat, d’intimidation et limitation de territoires partis.
Chaque acteur politique, cherchant à avoir une prédominance sur un territoire géographique assigné à une circonscription électorale, utilise la violence en armant des agents considérés comme étant des forces parallèles appelées à assurer son hégémonie politique dans cette zone. Pour ce faire, tout un système est mis en place pour la nomination des agents intérimaires de chaque Commune, les délégués et les vice-délégués départementaux, ainsi que des employés et cadres des administrations locales et régionales, sans oublier les chefs de Parquet et de la Police Nationale. On a jeté dans l’oubliette le conseil des sages et des notables composés d’honnêtes et de paisibles citoyens.
Cette façon de faire de la politique constitue une source d’instabilité avec des élections contestables et contestées débouchées le plus souvent sur des scènes de violences. L’on se rappelle des scènes de violences du massacre de la ruelle Vaillant ( 1990-1991) , les violences postélectorales de la piscine de Montana ( élections 2006) les violences postélectorales dans la ville des Cayes ( élections 2011) ,les violences postélectorales de la ville Grand Goâve…etc. Donc c’est à coups de fusil qu’on gagne les élections! Pauvre diable Haïti !
Pour avoir des contrôles effectifs sur certains territoires, les acteurs en eau trouble utilisent la dialectique des armes comme force de combat politique. Et ce, tout en oubliant que la puissance des armes est incontrôlable et incontrôlée en dehors d’un corps étatique de contrôle hiérarchisé.
Les armes distribuées à des fins politiques, comme clament certains agents des forces parallèles, sont retournées contre la population qui connaît toutes les tribulations comme la peste dans les temps anciens.
Haïti qui était la perle des Antilles, un petit coin de terre où il faisait bon de vivre, est devenu une entité chaotique ingouvernable, privée des grands organes étatiques qui représentent le symbole de l’État. Toutes les Institutions sont défaillantes. Et l’insécurité règne en maître.
Alors Mesdames, Messieurs, les acteurs politiques qui gouvernent le pays depuis près trois décennies, c’est cet état des lieux de la cité que vous avez laissée à la postérité. En êtes-vous fiers au point que vous voulez rester au pouvoir?
II- Caractéristiques et qualités des dirigeants appelés à faire partie du Gouvernement de Transition.
Pourquoi une transition politique?
Selon la règle du jeu démocratique, l’alternance politique est un principe ordinaire de la vie démocratique. Elle est temporelle et régulière. C’est aussi un indice qui permet de mesurer la compétence des acteurs politiques et leur connaissance des règles du jeu démocratique.
Un dirigeant honnête et compétent se soucie grandement de remettre toujours l’écharpe au représentant légalement et légitimement élu par le peuple dans des élections jugées légitimes, impartiales et transparentes. Ce qui lui permet de partir en toute quiétude pour avoir servi la nation.
Une transition politique marque la faiblesse des dirigeants et l’incompétence de la classe politique.
La transition politique fait appel à une correction démocratique.
Car, contrairement à ce que dit Tang Wang dans l’ouvrage intitulé “ Gouverner, diriger, guider, Tout un art ” écrit par Rocky PARK: “ un vrai Chef laisse derrière lui un monde meilleur que celui qu’il a trouvé”, les dirigeants actuels Laissent derrière eux une société, une cité agonisante, sombrée dans le chaos.
Donc , il faut laisser à celui qui a la charge de faire la correction démocratique de faire des choix judicieux basés sur des critères techniques propres des personnages qui lui permettront de mener à bien sa mission qui consiste à organiser des élections légitimes, impartiales et transparentes pour doter les Institutions Républicaines de leurs représentants légaux.
Comme Séo Gyeong-bo conseilla trois choses que le Général en chef de l’Armée Coréenne peut prodiguer aux Officiers nouvellement promus au grade de Général, je pourrais conseiller au Premier Ministre Garry CONILLE de se faire accompagner des personnages épris de ses quatre valeurs cardinales : Justice – Confiance – Indignation – Magnanimité.
Les personnages choisis doivent-être épris d’un idéal de justice.
Justice :
pour constater le sort de toute une population qui vit dans la désolation, le désarroi.
Pour rétablir l’ordre dans la cité
Pour permettre aux citoyens de reprendre leurs activités quotidiennes sur tout le territoire national.
Pour indemniser les victimes des dommages subis de la part des gangs armés.
Pour avoir le droit de vivre dans un environnement de paix et de sécurité.
Ils doivent inspirer confiance à la population et être au-dessus de la mêlée.
Confiance :
Pour amener la population à croire en la légitimité des actes qu’ils posent.
Pour ramener la paix dans la cité.
Pour mobiliser la volonté populaire, sur la base de la neutralité, l’impartialité et de la transparence, à participer massivement aux élections qui seront organisées dans le pays.
Indignation:
Les hommes qui font partie d’un tel Gouvernement doivent avoir la capacité de s’indigner. Ils doivent pouvoir dire au Chef du Gouvernement ce qui ne va pas et ce qui doit-être corrigé en quelques sphères d’activités qu’ils se trouvent au niveau du Gouvernement. La solidarité doit-être la règle pour délivrer la marchandise. C’est le grand pari à gagner pour le bénéfice du pays. On n’a pas le droit de perdre. L’équipe a l’obligation de résultat. Sinon, ce sera la grande catastrophe, un cataclysme politique. Donc, là où ça bloque, on casse, doit-être la règle du jeu de cette équipe. Car, chaque minute compte pour mener à bien sa mission au 7 février 2026.
Magnanimité :
Les personnages qui doivent composer ce gouvernement durant cette période de crise et de turpitude doivent comprendre qu’ils travaillent en vue d’un idéal élevé: celui de sauver Haïti qui menace ruine. Ils doivent accepter de prendre des risques pour le pays et travailler de manière désintéressée.
Ils doivent se comporter en de vrais patriotes et avoir une âme haïtienne au même sens que l’exprime Ivan ALEXANDROVITCH, un patriote russe : “ si je considère la Russie comme ma patrie, cela signifie que j’aime, que je contemple et je pense; que je chante et que je parle à la manière russe, je crois aux pouvoirs spirituels du peuple russe.
Son esprit est mon esprit, son destin est mon destin, sa souffrance est ma peine, son épanouissement est ma joie. (Réf : op cit : Vladimir Poutine, discours du 28 septembre 2022).
Monsieur Garry CONILLE, à lire votre profil sur les réseaux Sociaux et vos parcours et engagements professionnels, je veux croire dans votre sincérité patriotique. Sinon, vous n’accepteriez pas le boulot dans cette période difficile. Dès votre arrivée dans le pays , Vous alliez faire le constat d’échec de l’équipe à laquelle vous vous étiez divorcé.
A vous de définir vos priorités tout en choisissant, dès aujourd’hui, quel État ou quelle cité voulez-vous laisser à la fin la période de transition politique qui achèvera au 7 février 2026.
III- Les priorités du nouveau durant la période de transition.
Ceux qui gouvernent durant la période de transition doivent avoir une chose en tête. Vous n’êtes pas des élus et vous n’avez pas mandat populaire. Vous êtes là pour corriger une situation-problème que les politiques eux-mêmes, dans leurs inconséquences et incompétences, ont posée. Savoir qu’ ils ont raté un devoir démocratique et constitutionnel est celui de respecter l’échéance constitutionnelle de l’alternance politique et de la passation de pouvoir. Ce qui met au rancart les Institutions Républicaines.
Votre job est de créer les conditions indispensables et nécessaires à l’organisation des élections, votre principale mission, pendant que vous travaillez pour maintenir en vie la République, les Institutions Républicaines et plus particulièrement la population.
Dans une feuille de route, doivent figurer obligatoirement :
1- La question de sécurité : Les approches à prioriser pour ramener la paix dans la cité, faire taire, rapatrier ou saisir les armes.
2- Faciliter la libre circulation des biens et des personnes surtout le territoire national en assurant la reprise des territoires perdus.
3- Mise en place des Institutions Électorales.
4- Renforcer le système judiciaire haïtien et prendre des mesures pour le rendre fonctionnel.
5- Faciliter la reprise des activités dans les ports et les aéroports.
6- Rendre fonctionnelles les Institutions Républicaines pour offrir les services de base à la population.
Et ce, tout en mettant le focus sur l’organisation générale des élections pour remettre le pays sur les rails démocratiques.
IV- Mesdames, Messieurs du futur gouvernement de la transition quel État ou quelle cité voulez-vous laisser à la postérité?
Hommes d’Etat et politiques de mon Pays, face à la crise actuelle qui traîne le pays dans le chaos, c’est le moment de vous questionner et de répondre à la question de César Auguste. Dans quel sens vos actions ont-elles contribué au bonheur de la patrie?
Députés, sénateurs, anciens ministres et anciens chefs de gouvernement quel État ou quelle cité avez-vous laissé à la postérité?
Haïtiens, nous sommes passéistes, nous tirons notre gloire à la gloire de nos ancêtres qui sont fiers là ils sont dans leurs tombeaux de dire qu’ils étaient nés dans les chaines de l’esclavage, ils ont combattu contre les colons et nous ont laissé en héritage une nation libre et indépendante qui faisait la fierté du monde noir.
Aujourd’hui, nous pataugeons dans la boue, dans l’insécurité, nous perdons le sens de la solidarité, de la fraternité comme peuple, nous nous entre-tuons et nous tuons notre patrie qui nous a été léguée.
Alors Mesdames, Messieurs du Gouvernement actuel de la transition politique, c’est ce pays que vous avez la mission de remettre sur les rails démocratiques.
Par la façon dont vous allez procéder pour organiser les élections, vous déciderez de quel État ou quelle cité allez vous laisser à la postérité.
Mesdames, Messieurs les membres du Gouvernement, voulez-vous laisser une Haïti réconciliée avec Lui-même, qui reprend les rails de la démocratie et du développement durable?
Je vous demande de vous imprégner, comme le dit Rocky PARK, dans son ouvrage cité ci-dessus, de ces quatre valeurs cardinales : la Justice- la Confiance- l’indignation et la magnanimité et, de baser vos actions sur les qualités d’un vrai Chef de gouvernement ou d’un vrai dirigeant savoir :
Avoir de la compassion pour le peuple
Avoir des rêves et des aspirations pour le bonheur du peuple haïtien.
Soyez loyaux envers vous-mêmes.
Encouragez vous et redonnez espoir entre vous-mêmes dans les moments de découragement..
Orientez vers l’action ceux qui travaillent dans vos chaînes de commandement.
Ayez la crainte de Dieu.
Et finalement, attirez de bonnes personnes autour de vous capables d’aider à accomplir votre mission.
Ainsi vous ne serez pas démérités de la nation.
Bon combat et du succès dans vos nouvelles fonctions.
Que Dieu bénisse Haïti !!!!
Écrit à Olivier, deuxième Plaine de Petit-Goâne, dans le jardin de mon Père Délassaint GESTE, le 8 juin 2024.
Me AUNONDIEU GESTE, av.
Criminologue
Etudiant en Sciences Politiques.