2 décembre 2025
La force Kényane arrive   : À quel choc doivent s’attendre les acteurs du secteur bancaire en Haïti dans la lutte contre les gangs armés criminels ?
Actualités Pages d'Histoire d'Haiti Société

La force Kényane arrive   : À quel choc doivent s’attendre les acteurs du secteur bancaire en Haïti dans la lutte contre les gangs armés criminels ?

Par Marcelin Montaigne

Une première délégation composée d’une cinquantaine de kenyans est arrivée à Port au Prince ce lundi , d’autres groupes plus importants  vont suivre cette semaine

Quelle collaboration offrira les institutions financières en Haïti à la Mission dirigée théoriquement par le Kenya dans ce combat contre les activités des gangs armés criminels et  dans des domaines sensibles comme la Surveillance et réglementation et le Partage de renseignements ?

Pour de nombreux observateurs , derrière la rhétorique panafricaniste du gouvernement kenyan se cache ce qui apparaîtra bientôt comme l’assujettissement direct de la population haïtienne aux mains de l’État kenyan, aidé et encouragé par les États-Unis.

À quel choc doivent s’attendre les acteurs du secteur bancaire en Haïti dans la lutte contre les gangs armés criminels ?

Notons que pour le Régulateur du secteur bancaire en Haïti, la Banque de la République d’Haïti (BRH), la littérature économique distingue  quatre types de chocs :  

• chocs temporaires et chocs permanents, 

• chocs spécifiques au pays et chocs spécifiques au secteur, 

• chocs réels et chocs financiers, 

• chocs exogènes et chocs induits par la politique

Selon la dernière publication de la BRH,  Cahier de Recherches No. 6, datée de mai 2024 , les chocs temporaires peuvent être corrigés par des changements conjoncturels de la politique budgétaire et/ou monétaire, ou par l’emprunt.

 En revanche, les chocs permanents ne peuvent généralement être résorbés que par une baisse des revenus et des prix réels comparatifs, par l’émigration de la main-d’œuvre, ou par une profonde restructuration à long terme, note  le Régulateur bancaire dans son Cahier de Recherche.

 Cette distinction, estime la BRH ,  est importante ne serait-ce parce que toute confusion entre ces deux types de chocs risque d’inciter à prendre des mesures qui aggravent la situation au lieu de l’améliorer.

 En particulier, traiter des chocs ayant un effet permanent et structurel comme s’il s’agissait de chocs temporaires ne servirait qu’à renforcer la perte de compétitivité sous-jacente et qu’à rendre plus difficile la réforme nécessaire.

 La BRH, patron du secteur bancaire, n’a pas jugé utile de qualifier le « choc « que vit la population haïtienne avec  la présence de gangs armés criminels aux quatre coins de la zone métropolitaine de Port-au-Prince, même si elle estime  que la situation sécuritaire s’est fortement et rapidement dégradée à partir du premier trimestre de l’année 2020 et que l’assassinat du Président de la République le 7 juillet 2021  Jovenel Moïse, a aggravé la crise politique et institutionnelle, alimentant ainsi les anticipations négatives, renforçant la perception négative d’Haïti auprès des investisseurs et fait augmenter le risque pays. 

Dans ses recherches, elle n’a pas non plus plus fait une évaluation même partielle des dégâts causés dans ledit secteur par les activités des armés de Barbecue, de Izo-5 Segond, Jeff Canaan, Lanmo 100 Jou au Centre Ville, à Bon Repos, à Croix -des-Bouquets, …. Etc.

Cependant, engagés dans la Mission de Stabilisation et de Sécurité en  Haïti autorisée par le Conseil de Sécurité Des Nations Unies, les premiers éléments de la force Kényane, des policiers kenyans ont débarqué à Port au Prince ce lundi 20 mai .

Nous présentons dans ce qui suit l’expérience de la collaboration de force Kényane avec le secteur bancaire de la Somalie dans la lutte  contre le groupe terroriste Al-Shabaab ainsi que les difficultés rencontrées

  1. COLLABORATION DE LA FORCE KÉNYANE AVEC LE SECTEUR BANCAIRE DE LASOMALIE

Le Kenya collabore avec le secteur bancaire en Somalie dans la lutte contre le groupe terroriste Al-Shabaab de plusieurs façons stratégiques et opérationnelles :

Surveillance et réglementation

Le Kenya travaille avec les institutions financières somaliennes pour renforcer les mesures de surveillance et de réglementation. Cela inclut le suivi des transactions suspectes et la mise en œuvre de contrôles rigoureux pour empêcher le financement du terrorisme. Les banques somaliennes sont encouragées à signaler toute activité financière suspecte aux autorités kényanes et internationales.

Actions Concrètes :

– Renforcement des normes de conformité : Les banques somaliennes, avec le soutien du Kenya, adoptent des normes de conformité plus strictes pour surveiller les transactions suspectes. Cela inclut l’utilisation de logiciels de surveillance financière sophistiqués.

– Collaboration avec les agences de réglementation : Les autorités kényanes et somaliennes collaborent avec des entités comme la Banque centrale de Somalie pour renforcer les politiques anti-blanchiment d’argent et de lutte contre le financement du terrorisme (AML/CFT).

Exemples :

– Groupe de travail interbancaire : Un groupe de travail interbancaire composé de représentants de banques kényanes et somaliennes se réunit régulièrement pour discuter des tendances et des techniques de financement du terrorisme, permettant une meilleure coordination et réponse.

Partage de renseignements 

Les services de renseignement kenyans collaborent étroitement avec leurs homologues somaliens pour échanger des informations sur les réseaux de financement d’Al-Shabaab. Ce partage de renseignements permet d’identifier et de démanteler les sources de financement du groupe terroriste.

Actions Concrètes 

– Échanges réguliers d’informations : Les agences de renseignement kényanes et somaliennes partagent régulièrement des informations sur les transactions financières suspectes et les activités des réseaux terroristes.

– Plateformes sécurisées de partage d’informations : Mise en place de plateformes sécurisées pour le partage en temps réel des renseignements financiers entre les deux pays.

Exemples :

– Opérations conjointes : En 2019, une opération conjointe entre le Kenya et la Somalie a permis de démanteler un réseau de financement d’Al-Shabaab, impliquant la saisie de fonds et l’arrestation de suspects clés grâce au partage d’informations.

 Formation et renforcement des capacités

Le Kenya aide à former le personnel bancaire somalien pour reconnaître les schémas de blanchiment d’argent et de financement du terrorisme. Des programmes de renforcement des capacités sont mis en place pour améliorer les compétences des employés des banques en matière de conformité et de lutte contre le financement du terrorisme.

Actions Concrètes :

– Programmes de formation spécialisés : Organisation de séminaires et d’ateliers de formation pour le personnel des banques somaliennes sur les techniques de détection du blanchiment d’argent et du financement du terrorisme.

– Partenariats avec des experts internationaux: Collaboration avec des experts de l’ONU et d’autres organisations internationales pour fournir une formation avancée et des ressources pédagogiques.

Exemples :

– Formation des équipes de conformité: En 2021, des sessions de formation ont été organisées à Nairobi, où des employés de banques somaliennes ont été formés par des experts kényans et internationaux sur les meilleures pratiques AML/CFT.

Coopération régionale et internationale

Le Kenya fait partie de divers forums régionaux et internationaux, comme l’Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD) et l’Union africaine (UA), où des stratégies communes sont élaborées pour combattre Al-Shabaab. La coopération inclut également des partenariats avec des agences internationales comme l’ONU et le GAFI (Groupe d’action financière).

Actions Concrètes :

– Participation à des forums régionaux : Le Kenya et la Somalie participent activement à des forums tels que l’Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD) pour coordonner leurs efforts de lutte contre le financement du terrorisme.

– Accords de coopération bilatérale : Signature d’accords de coopération bilatérale spécifiques entre les deux pays pour faciliter les enquêtes et les poursuites transfrontalières.

Exemples :

– Sommet régional sur la sécurité financière:a En 2020, un sommet régional à Addis-Abeba a réuni des représentants des banques centrales et des autorités de régulation du Kenya, de la Somalie et d’autres pays de la région pour discuter des stratégies de lutte contre le financement du terrorisme.

 Initiatives législatives et politiques

 Le Kenya et la Somalie collaborent pour aligner leurs cadres législatifs et politiques en matière de lutte contre le financement du terrorisme. Cette harmonisation facilite l’application des lois et des réglementations à travers les frontières.

Ces efforts combinés visent à assécher les sources de financement d’Al-Shabaab, rendant plus difficile pour le groupe de mener des opérations terroristes et de recruter de nouveaux membres.

Actions Concrètes :

– Harmonisation des lois : Travail conjoint pour aligner les législations nationales des deux pays concernant le financement du terrorisme, facilitant ainsi une application cohérente des lois.

– Mises à jour des politiques bancaires: Révisions régulières des politiques bancaires pour s’assurer qu’elles répondent aux menaces actuelles et futures posées par Al-Shabaab.

Exemples :

– Adoption de nouvelles législations : En 2018, la Somalie a adopté une nouvelle loi anti-blanchiment d’argent avec l’assistance technique du Kenya, renforçant ainsi le cadre juridique pour combattre le financement du terrorisme.

Bien sûr, voici une présentation détaillée des cinq points évoqués avec des actions concrètes et des exemples à l’appui :

  1. DIFFICULTÉS DANS SA COLLABORATION AVEC LE SECTEUR BANCAIRE

Le Kenya rencontre plusieurs difficultés dans sa collaboration avec le secteur bancaire de la Somalie pour lutter contre le groupe terroriste Al-Shabaab. Voici quelques-unes des principales difficultés :

 Infrastructure Financière Faible

Détails :

– Manque d’infrastructure bancaire : En raison de décennies de conflit, la Somalie dispose d’une infrastructure bancaire limitée, ce qui complique la mise en œuvre efficace des mesures de lutte contre le financement du terrorisme.

– Utilisation de systèmes informels : Une grande partie des transactions financières en Somalie se fait par le biais de systèmes informels comme les hawalas, qui sont plus difficiles à surveiller et à réguler.

Exemples :

-Faible présence de banques formelles: Le nombre limité de banques formelles en Somalie rend difficile le suivi des flux financiers et la mise en œuvre des politiques AML/CFT.

Capacités Techniques et Ressources Limités

Détails :

– Manque de personnel formé: Le secteur bancaire somalien manque de personnel formé en matière de conformité et de détection des transactions suspectes.

– Ressources insuffisantes : Les banques somaliennes manquent souvent des ressources nécessaires pour investir dans des technologies avancées de surveillance financière.

Exemples :

– Sessions de formation insuffisantes : Malgré les efforts de formation, la couverture et la fréquence de ces sessions restent insuffisantes pour créer un impact significatif à long terme.

 Corruption et Gouvernance

Détails :

– Corruption généralisée : La corruption au sein des institutions somaliennes, y compris dans le secteur bancaire, complique la mise en œuvre des mesures de lutte contre le financement du terrorisme.

– Problèmes de gouvernance: Les faiblesses en matière de gouvernance et d’état de droit en Somalie réduisent l’efficacité des régulations financières.

Exemples :

– Détournement de fonds : Des cas de détournement de fonds et de corruption au sein des banques somaliennes affaiblissent les efforts de surveillance et de réglementation.

Menaces Sécuritaires

Détails :

– Attaques terroristes : Les banques somaliennes sont souvent la cible d’attaques d’Al-Shabaab, ce qui met en danger les employés et complique les opérations bancaires normales.

– Instabilité régionale : L’instabilité continue dans certaines régions de la Somalie rend difficile la mise en œuvre des initiatives de collaboration et de formation.

Exemples :

– Fermetures de succursales : Certaines banques ont dû fermer des succursales dans des zones à haut risque en raison des menaces terroristes directes.

 Coopération Internationale Limité

Détails :

– Sanctions internationales : La Somalie fait face à des sanctions internationales qui compliquent les transactions financières transfrontalières et limitent l’accès aux marchés financiers internationaux.

– Méfiance et isolement: La méfiance de la communauté internationale envers le secteur financier somalien limite la coopération et le partage d’informations.

Exemples :

– Restrictions sur les transactions: Les restrictions imposées par les pays occidentaux et les sanctions financières limitent la capacité des banques somaliennes à collaborer pleinement avec les institutions financières internationales.

Ces difficultés montrent les nombreux défis que le Kenya doit surmonter dans sa collaboration avec le secteur bancaire somalien pour lutter efficacement contre le financement d’Al-Shabaab.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur la façon dont les données de vos commentaires sont traitées.