Réparations pour l’esclavage et le colonialisme : Positionnement politique au Portugal

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Le gouvernement portugais a indiqué qu’il n’envisageait pas de verser des réparations pour le rôle joué par le pays dans l’esclavage transatlantique et le colonialisme.

Le débat sur le rôle du Portugal dans la traite des esclaves et d’autres abus commis à l’époque coloniale a été relancé la semaine dernière après que son président, Marcelo Rebelo de Sousa, a suggéré que le pays devrait réparer ces « crimes ».

Le gouvernement de droite, dominé par un parti que M. de Sousa a autrefois dirigé, a toutefois rejeté cette idée, tandis que le parti d’extrême droite Chega demande un vote au parlement pour condamner le président et ses commentaires, qu’il a qualifiés de « trahison du peuple portugais et de son histoire ».

C’est au cours d’une conversation approfondie avec des correspondants étrangers qu’il a été demandé au président si des réparations étaient dues pour la traite des esclaves, au cours de laquelle des navires portugais ont transporté des millions de personnes d’Afrique, principalement au Brésil, où elles ont été forcées de travailler dans des plantations.

Dans sa réponse, il n’a pas mentionné l’esclavage, mais a déclaré que le Portugal devait « assumer la pleine responsabilité » de son passé, citant les massacres et les pillages comme des abus pour lesquels il pourrait « payer le prix ».

La ministre brésilienne de l’égalité raciale, Anielle Franco, a appelé à des « actions concrètes » pour accompagner ces paroles.

Cependant, le 25 avril, lors des célébrations à Lisbonne du 50e anniversaire du coup d’État qui a mis fin à des décennies de dictature, M. de Sousa n’est pas revenu sur le sujet lors d’un événement auquel participaient les présidents d’anciennes colonies dont le chemin vers l’indépendance a été facilité par la révolution de 1974. Dans leurs discours, ils ont décrit cette date comme un symbole de liberté ; aucun n’a mentionné les réparations.

Le gouvernement, quant à lui, n’a publié sa déclaration que samedi, après que le président eut développé ses propos antérieurs en déclarant que l’aide au développement et l’annulation de la dette pouvaient contribuer à réparer le passé colonial.

Le Portugal, a-t-il déclaré, a l’« obligation » de « montrer la voie » sur cette question, mettant en garde contre le sort d’« autres pays qui… ont perdu la capacité de dialoguer et de comprendre avec leurs anciennes colonies ».

Dans une déclaration laconique, le gouvernement a affirmé qu’il « suivait la même ligne » que ses prédécesseurs en matière de réparations : « Il n’y a pas eu et il n’y a pas de processus ou de programme d’action spécifique à cette fin.

En fait, le ministre de la culture du précédent gouvernement socialiste avait examiné la possibilité de restituer les biens spoliés. L’actuel ministre, qui a notamment dirigé un musée national dont la collection comprend des objets provenant des anciennes colonies, a déjà soutenu cette idée par le passé.

Les groupes antiracistes et les partis d’extrême gauche, qui ont longtemps fait campagne sur ces questions, sont revenus à la charge ces derniers jours. Mais c’est le président conservateur du Portugal qui ouvre la voie.

Comme il l’a rappelé aux correspondants étrangers la semaine dernière, sous la dictature, son père a été gouverneur du Mozambique, puis dernier ministre des colonies. M. de Sousa est donc bien placé pour discréditer les voix de droite qui affirment que le colonialisme n’était pas si mauvais après tout.

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