Le Devoir – Il aurait fallu l' »hyperviolence » des gangs pour que Biden et Trudeau se résignent à lâcher Ariel Henry, dont le départ est réclamé depuis 2022

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Pour une réelle transition en Haïti | Le Devoir

Le Devoir: « Le fait est, constate-t-on, que Washington continue de s’appuyer sur une partie très impopulaire de la classe politique, associée ou à Ariel Henry ou à l’ancien président Jovenel Moïse, assassiné en juillet 2021« .

La situation en Haïti appelle à une action urgente et concertée pour une véritable transition politique. Les récents événements, marqués par l’escalade de violence des gangs criminels, une « hyperviolence », ont finalement contraint Washington, suivi par Ottawa, à abandonner le Premier ministre Ariel Henry et à envisager sérieusement la formation d’un gouvernement de transition. Cette décision survient après plus de deux ans de demandes répétées de la part de la société civile haïtienne. Cependant, il est regrettable que ces appels n’aient pas été entendus plus tôt, alors que les gangs armés contrôlent désormais une grande partie de Port-au-Prince, entraînant des centaines de milliers de déplacés et menaçant la vie de millions d’Haïtiens par la famine.

L’émergence et la consolidation de ces gangs, notamment le puissant groupe « G9 et famille » dirigé par Jimmy « Barbecue » Chérizier, sont le résultat direct de l’instrumentalisation politique et de l’implication de l’élite politique et économique haïtienne. Cette crise, à la fois politique et sécuritaire, est profondément enracinée et exacerbée par la faiblesse chronique et la corruption endémique de l’État haïtien.

La proposition d’un « conseil présidentiel de transition », sous l’égide des États-Unis et de la CARICOM, semble offrir un mince espoir de dialogue politique inclusif. Cependant, les Haïtiens restent méfiants, craignant que cette initiative ne soit qu’une nouvelle tentative d’ingérence de la communauté internationale, privant ainsi le peuple haïtien de son droit à l’autodétermination.

Il est également troublant de constater que Washington continue de soutenir des acteurs politiques controversés, liés soit à Ariel Henry, soit à l’ancien président assassiné Jovenel Moïse. Cette approche compromet gravement toute tentative de dialogue authentique et de résolution de la crise.

L’exigence de déploiement d’une force de sécurité policière kényane sous mandat onusien soulève des inquiétudes légitimes parmi les Haïtiens, notamment en raison des souvenirs douloureux laissés par la précédente Mission de stabilisation des Nations unies (MINUSTAH). Bien que le renforcement de la police nationale haïtienne soit impératif, il est essentiel que les décisions prises respectent la souveraineté et les intérêts du peuple haïtien.

Dans ce contexte, le rôle du Canada et des États-Unis est déterminant. Le Canada, en particulier, pourrait jouer un rôle plus proactif en soutenant le renforcement des institutions et en luttant contre le trafic d’armes alimentant la violence en Haïti. Les États-Unis, en tant que principale source d’armes à feu dans le pays, ont une responsabilité particulière à cet égard.

Enfin, il importe que les initiatives de transition en Haïti soient guidées par le respect de la souveraineté nationale, la promotion d’un dialogue inclusif et la lutte contre la corruption et l’impunité. Tout effort visant à résoudre la crise haïtienne doit prendre en compte les besoins et les aspirations du peuple haïtien et éviter toute forme d’ingérence extérieure qui pourrait compromettre davantage sa stabilité et son développement.

extrait de l’edito du Le Devoir

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