BBC | Qui est Ariel Henry, le Premier ministre haïtien qui ne peut pas rentrer dans son pays où il risque de déclencher une guerre civile ?

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Ariel Henry a plongé Haïti dans une crise encore plus profonde.

Le Premier ministre haïtien Ariel Henry est confronté à une série de défis considérables, parmi lesquels un tremblement de terre, une épidémie de choléra, une pandémie de COVID et un assassinat politique. Cependant, le défi actuel qui se présente à lui est peut-être le plus grand de sa carrière politique : une alliance de gangs contrôlant 80% de la capitale du pays.

Le chef de gang Jimmy Chérizier, alias « Barbecue », a déclaré mardi : « Si Ariel Henry ne démissionne pas et si la communauté internationale continue de le soutenir, cela nous mènera directement à une guerre civile qui se terminera en génocide. »

Le dernier épisode de violence qui secoue le pays depuis près de trois ans a eu lieu samedi dernier lorsque des membres de gangs ont lancé des attaques coordonnées contre deux prisons, entraînant une évasion massive de détenus.

Cette crise a empêché Henry de rentrer dans son pays. Son emplacement était inconnu depuis vendredi jusqu’à ce que son arrivée à Porto Rico soit signalée mardi.

Le bureau du gouverneur de Porto Rico a confirmé qu’Henry avait atterri dans la capitale, San Juan, en provenance des États-Unis.

Selon des médias locaux, les autorités de la République dominicaine, partageant avec Haïti l’île d’Hispaniola, n’ont pas autorisé l’atterrissage de l’avion sur leur territoire car le vol n’était pas programmé et tous les vols avec Haïti ont été suspendus.

Henry dirige le pays le plus pauvre du continent depuis l’assassinat du président Jovenel Moïse le 7 juillet dernier. Moïse a été abattu par un groupe de mercenaires colombiens à son domicile en périphérie de Port-au-Prince, et à ce jour, les auteurs et co-auteurs de l’assassinat n’ont pas été identifié.

Le pays n’a pas organisé d’élections parlementaires ni générales depuis 2016, et aucun fonctionnaire élu n’est en poste car le mandat des précédents a expiré.

Les détracteurs de Henry, de plus en plus impopulaire, soutiennent que son gouvernement est illégitime.

Les gangs, qui étaient récemment des rivaux, ont uni leurs forces pour mener des attaques coordonnées depuis plusieurs jours, visant les infrastructures critiques et les institutions de l’État. Ils cherchent à démontrer leur capacité à mettre l’État à genoux.

Ariel Henry est un homme politique et neurochirurgien de 74 ans ayant étudié dans des universités en France et aux États-Unis. Il est membre de l’Inite, un parti de centre-gauche et social-démocrate.

Il est devenu une figure de proue du mouvement d’opposition Convergence démocratique au début des années 2000, luttant pour renverser le président de l’époque, Jean-Bertrand Aristide.

Henry a occupé plusieurs postes dans le secteur de la santé et a été chargé de la réponse publique à la catastrophe du tremblement de terre de 2010 et à l’épidémie mortelle de choléra de 2012.

Depuis 2016, Henry a occupé divers postes ministériels, notamment celui des Affaires sociales et du Travail, ainsi que celui de l’Intérieur et des Collectivités territoriales.

Avant l’assassinat de Moïse, de nombreux Haïtiens demandaient déjà la démission de Henry.

Le mandat de Henry, consécutif au magnicide, semble avoir plongé Haïti dans une crise encore plus profonde. Selon la Banque mondiale, 63% des Haïtiens vivaient avec moins de 3,65 dollars par jour en 2023, et au moins 5,2 millions de personnes ont besoin d’aide alimentaire et de logement, une augmentation de 20% par rapport à 2022.

Pendant ce temps, l‘économie est en chute libre, avec une contraction de 1,7% en 2022 par rapport à l’année précédente, selon la même source.

Ces indicateurs ont contribué à l’impopularité croissante de Henry, même avec le soutien du gouvernement américain, un allié influent en Haïti.

En février, des milliers de Haïtiens sont descendus dans la rue pour demander la démission de Henry, mais son discours en faveur de l’unité et du calme n’a pas apaisé les protestations.

Henry est parti en tournée en Guyane et au Kenya, où il a signé un accord sur le déploiement d’une force policière multinationale pour lutter contre la violence des gangs, une violence qui l’empêche toujours de rentrer dans son pays, yon peyi ke’l ede kraze jouk nan zo’l.

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