Démission annoncée d’Ariel Henry | Haïti navigue dans l’instabilité politique depuis près de 40 ans

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L’ancien Premier ministre de facto, Dr. Ariel Henry, considéré comme le chef du gouvernement le plus corrompu de la Caraïbe, selon un rapport de Transparency International, a declaré depuis San Juan, à Porto Rico, un État associé des États-Unis, qu’il démissionnera lors de l’installation d’un autre exécutif… En réalité, il n’avait aucun mandat légitime et constitutionnel, étant simplement un « usurpateur de fonction depuis le 7 février 2024 », dénonçaient des manifestants.

Haïti, en proie à une violence « programmée » des gangs et à un dirigeant menaçant de « guerre civile », souffre d’une instabilité politique chronique. En voici les principaux épisodes, depuis la fin de la dictature des Duvalier jusqu’au régime d’Ariel Henry, contraint de démissionner mercredi par ceux-là mêmes qui l’avaient placé au pouvoir, au point de laisser entendre qu’il était inamovible. « Si eli ki pou vinn ranplase eli ».

La chute de Duvalier

En 1986, le dictateur Jean-Claude Duvalier est chassé par un soulèvement populaire, l’armée prend le pouvoir. Surnommé « Baby Doc », il était devenu président à vie en 1971 après la mort de son père François Duvalier, dit « Papa Doc », arrivé au pouvoir en 1957 lors d’élections truquées. Il s’exile.

Les mandats inachevés d’Aristide

Le 30 septembre 1991, le prêtre Jean-Bertrand Aristide, élu président en 1990, est renversé par un coup d’État militaire et s’exile. Il est rétabli au pouvoir par une intervention militaire américaine en 1994. René Préval lui succède en 1996.

Réélu en 2000, Jean-Bertrand Aristide quitte à nouveau le pouvoir en 2004, sous la pression des États-Unis, de la France et du Canada, d’une insurrection armée et d’une révolte populaire. Il s’exile.

Pendant deux ans, le pays est sous le contrôle de l’ONU qui y déploie une force internationale. En 2006, René Préval est à nouveau élu président. Il est le seul dirigeant haïtien à avoir achevé les deux mandats autorisés par la Constitution.

Martelly sans successeur

Michel Martelly, élu en 2011, termine son mandat en 2016 sans successeur, après l’annulation de la présidentielle de 2015. Le Parlement désigne un président provisoire.

Après une longue crise électorale, Jovenel Moïse est élu fin 2016.

Moïse assassiné Jovenel Moïse est rapidement confronté à une intensification des activités des gangs armés.

Après l’expiration, début 2020, du mandat des députés sans nouvelles élections, le président gouverne par décret.

Le 7 février 2021, le pouvoir judiciaire décrète la fin du mandat présidentiel. Jovenel Moïse estime, lui, qu’il lui reste un an au pouvoir. Le même jour, il assure avoir échappé à une tentative d’assassinat.

Jovenel Moïse est assassiné le 7 juillet chez lui, par un commando. Les affaires courantes sont gérées par le Premier ministre Ariel Henry, nommé peu avant l’assassinat du président.

Impasse politique

Le 27 septembre, les élections prévues entre novembre et janvier sont reportées sine die.

Dans un vide juridique, Ariel Henry se maintient au pouvoir au-delà du 7 février 2022, qui aurait marqué la fin du mandat du président Moïse. Même scénario le 7 février 2024, jour où le Premier ministre aurait dû quitter le pouvoir en vertu d’un accord politique.

Menace de « guerre civile »

Le 28 février, Ariel Henry accepte de « partager le pouvoir » avec l’opposition, dans le cadre d’un accord prévoyant des élections d’ici un an, alors qu’aucun scrutin n’a eu lieu depuis 2016.

Mardi 5 mars, Jimmy Chérizier, influent chef de gang surnommé « Barbecue », menace d’une « guerre civile qui conduira à un génocide » si Ariel Henry reste au pouvoir.

Cette déclaration intervient peu après la signature d’un accord entre le Kenya et Haïti, prévoyant l’envoi de policiers kenyans pour lutter contre les gangs – qui contrôlent une grande partie de la capitale Port-au-Prince et les routes menant au reste du territoire -, dans le cadre d’une mission internationale soutenue par l’ONU.

11 mars 2024, fin du règne Tèt Kale #3

Ariel Henry est arrivé au pouvoir par un tweet, sans base légale, et s’est arrangé à travers deux accords signés entre « copains-coquins » pour diriger le pays sous prétexte d’organiser des élections en 2023 et de remettre le pouvoir le 7 février 2024. Or, il n’en est rien. Face à une escalade de la violence des gangs, pour la plupart proches du régime Tèt Kale, les États-Unis ont finalement et classiquement remplacé Ariel Henry, très décrié sur le terrain… et le PHTK survit.

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