Mais connaîtra-t-on un jour le mobile de l’assassinat de Jovenel Moise ? Le juge Voltaire a-t-il vérifié les appels téléphoniques passés par Ariel Henry dans la nuit du 6 au 7 juillet 2021 ? C’est trop beau pour être vrai.
L’ancienne première dame d’Haïti est accusée d’être « complice » de l’assassinat de son mari en 2021, un procureur laissant entendre qu’elle souhaitait usurper sa présidence.
Selon l’enquête haïtienne, le président assassiné, Jovenal Moise, a été abattu lorsque des hommes armés se sont introduits dans sa chambre à coucher à Port-au-Prince dans la nuit du 7 juillet 2021, engagés par une société de sécurité basée à Miami.
Martine Moïse, qui a été grièvement blessée lors de l’assaut, est inculpée pour son implication présumée dans le meurtre de son mari.
Le président du tribunal a relevé des incohérences dans les déclarations de Mme Moïse et certains indices suggérant qu’elle était consciente de l’existence d’un complot contre l’ancien président.
Le juge Walther Wesser a également indiqué dans son rapport que Martine Moïse avait « laissé entendre » qu’elle s’était réfugiée sous le lit conjugal pour se protéger des agresseurs, mais il a noté que les autorités présentes sur les lieux ont constaté que « même un rat géant… dont la taille mesure entre 35 et 45 centimètres » ne pouvait pas se glisser sous le lit.
Conspiration pour l’assassinat du président d’Haïti
Walther Wessser a déclaré que les déclarations de l’ancienne première dame étaient « tellement entachées de contradictions qu’elles laissent à désirer et la discréditent ».
Selon le document de 122 pages du juge Walther Wesser Voltaire, rendu public par AyiboPost, la veuve du président, Martine Moise, a conspiré avec l’ancien Premier ministre Claude Joseph pour tuer le président afin de le remplacer.
Joseph et Martine Moïse sont accusés de complicité et d’association de malfaiteurs.
Dans son rapport, le juge note que l’ancien secrétaire général du Palais national, Lyonel Valbrun, a déclaré aux autorités avoir subi de fortes pressions de la part de Martine Moïse pour mettre le bureau du président à la disposition de Joseph parce que ce dernier en avait besoin pour organiser un conseil des ministres.
« Valbrun a également déclaré que deux jours avant l’assassinat de son mari, Martine Moïse s’est rendue au Palais national et a passé près de cinq heures, de 22 heures à 3 heures du matin, à enlever un tas de choses« , a déclaré le juge.
Il a ajouté que deux jours après l’assassinat de Jovenel Moïse, Martine Moïse l’a appelé pour lui dire que « Jovenel n’a rien fait pour nous. Vous devez ouvrir le bureau. Le président a dit à Ti Klod de créer un conseil des ministres ; il organisera des élections dans trois mois pour que je puisse devenir président, maintenant nous aurons le pouvoir. »
Les témoignages de deux co-accusés ont suggéré son intention de poursuivre la présidence après l’assassinat.
Cependant, les accusations portées par le juge d’instruction Walther Voltaire n’ont pas apporté la preuve que Martine Moïse avait directement participé au projet d’assassinat.
Les autres acteurs du complot de l’assassinat
Parmi les personnes inculpées avec l’ancienne première dame figure l’ancien chef de la police nationale d’Haïti, Léon Charles.
Charles, qui était chef de la police au moment de l’assassinat de Moïse et qui est aujourd’hui représentant permanent d’Haïti auprès de l’Organisation des États américains, doit répondre des accusations les plus graves, notamment de meurtre et de tentative de meurtre.
Il est également accusé de possession et de port illégal d’armes, de conspiration contre la sécurité intérieure de l’État et d’association criminelle.
Par ailleurs, plus de 40 suspects sont emprisonnés en Haïti dans l’attente de leur procès. Parmi eux, 20 anciens soldats colombiens.
Une affaire distincte concernant l’assassinat de Moise est jugée à Miami, où six des onze accusés ont plaidé coupable d’avoir comploté l’envoi de mercenaires colombiens pour kidnapper Moise, un plan qui a été transformé à la dernière minute en un complot visant à l’assassiner.
