Lettre aux compatriotes haïtiens : Père Steevenson Montinard : « Lorsqu’un gouvernement ne peut pas ou ne veut pas protéger sa population, il doit simplement se retirer »

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Chers compatriotes,


La crise actuelle, d’une ampleur sans précédent, frappe la société haïtienne en plein cœur. Elle plonge le pays entier dans la peur. L’heure est grave. Les vies sont dévalorisées. Le peuple haïtien est humilié. Son avenir spirituel, psychologique et politique est compromis. Qui est l’ennemi ? Difficile de le nommer, tellement complexe.

Que devons-nous faire? Nous devons agir. Agir c’est un choix. Agir c’est refuser l’indifférence. Dans ces moments difficiles, nous devons faire preuve d’unité et de responsabilité. Face à la barbarie, nous devons être fermes et forts. Car nous sommes une nation, nous devons nous ressaisir. Rassemblons nos forces pour apaiser nos douleurs, pleurer les victimes et prendre soin des vivants. Remplaçons le culte de la mort par l’amour de la vie, de la patrie. Alors, unissons-nous autour de l’essentiel : le bien précieux que nous sommes et le bien commun que nous formons. C’est la raison pour laquelle nous devons nous tenir debout, nous battre pour sauver ce pays qui est notre bien commun. Tel est le défi qui se présente à nous.

Nous devons compter sur chaque Haïtien ici et à l’étranger pour faire preuve d’unité, de résolution et de dignité. Nous devons montrer notre volonté d’être ensemble et d’être unis pour mener ce combat et le gagner. Oui nous le pouvons! Nous pouvons le gagner ensemble si nous acceptons d’assumer notre responsabilité et notre entière humanité. Ayons le courage de prendre notre destin en main.

Construisons la paix, construisons l’avenir de notre pays. Personne ne le fera à notre place. Nous avons le pouvoir de changer le cours de l’Histoire, lorsque les convictions pour lesquelles nous nous battons sont justes.

Même si la situation semble difficile et désespérée, avec de la détermination, il y a toujours une lueur d’espoir au bout du tunnel.

Lorsqu’un gouvernement ne peut pas ou ne veut pas protéger sa population, il doit simplement se retirer. Certes, Monsieur Ariel Henry n’est pas le seul problème, mais pour préserver notre pays du chaos absolu, pour que la situation ne dégénère pas davantage, il doit sauver le pays en démissionnant sans délai. S’il s’obstine à s’accrocher au pouvoir, c’est qu’il a perdu de vue ce qui est bon pour le pays. Il faudra donc l’aider à le faire, car il n’a probablement pas conscience du tort que lui et ses alliés politiques font à tout un peuple.

Notre démarche est avant tout une démarche de bon sens, d’humilité et de dignité. Le pays attend de découvrir une paix durable. Cette paix passera tout d’abord par le redressement du pays, puis par le principe d’élection libre, transparente, crédible et apaisée. Au travail, Peuple haïtien ! Oeuvrons pour un Etat où le gouvernement est au service de sa population, pour son plus grand bien. Un Etat de droit capable de nous conduire sur la voie du développement durable. Bâtissons un Etat où toutes les actions politiques, économiques et sociales sont centrées sur l’être humain où la dignité des citoyens est restaurée.

Le défi est clair et il est à notre portée. Prenons le temps et le chemin de la pédagogie, de la planification, de la vision, de la structuration, de la réflexion et de l’action constructive pour permettre la renaissance de cette nation. C’est un appel urgent pour dire ensemble : « La renaissance, c’est maintenant ! »


Steevenson Montinard,
Enseignant-chercheur, prêtre spsj

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