Le « Message de Gonaïves Debout à l’occasion du Jour des Aïeux » présente une réflexion profonde et critique sur l’état actuel d’Haïti en ce jour consacré aux ancêtres. Les principaux signataires du message circonstancié, Ing. Ravel Norgaisse, Past. Emmanuel Alexandre, l’ex-DG des Presses Nationales Pierre Robert Auguste, Ing. Jacky Jean Noël et Me. Antoine Saint-Vil adoptent un ton engagé, cherchant à éveiller la conscience collective face à la dégradation de la dignité nationale et de la cohésion sociale.
L’argumentation se structure autour de deux axes majeurs. Premièrement, les auteurs soulignent la trahison envers l’héritage des ancêtres fondateurs qui ont forgé un État-nation en 1804. Gonaives Debout met en exergue la transformation de la liberté et de l’indépendance en soumission et dépendance, appelant à une introspection nationale empreinte de honte et à une demande de pardon envers les générations précédentes.
Deuxièmement, les Gonaiviens, gardiens de la liberté et de la souveraineté d’Haïti, abordent la situation contemporaine d’Haïti en 2024, pointant du doigt la désunion, la discorde, l’égoïsme, et la non-gouvernance prédatrice. Ils dénoncent l’intervention étrangère, principalement de l’ONU et de ses États complices, dans les affaires internes d’Haïti, siganlant la violation des droits et obligations conventionnels.
Le texte propose également une vision prospective, plaidant pour un renouveau national en 2024. Il met en avant la nécessité d’une prise en charge locale, symbolisée par des initiatives comme la construction du canal de Ouanaminthe. Gonaives Debout insiste sur la solidarité sociale, la fraternité concrète, et la responsabilité collective comme fondements du développement, tout en encourageant à l’adoption de méthodes alternatives face au sous-développement.
Les signataires s’appuient sur une perspective historique, établissant des parallèles entre le passé glorieux et le présent préoccupant d’Haïti.
Enfin, ce message se distingue par son caractère analytique approfondi, son engagement envers la préservation de la dignité nationale, et sa proposition d’une voie vers un Haïti renouvelé. Il incite à une réflexion critique sur les défis contemporains et offre des pistes de solution fondées sur des principes académiques et des valeurs humanistes.
MESSAGE DE GONAIVES DEBOUT A L’OCCASION DU JOUR DES AÏEUX
Aujourd’hui 2 janvier, jour consacré aux Aïeux, les pères et mères de la Patrie, eux qui, par esprit d’unité, volonté de sacrifice, ont, le premier janvier, forgé un Etat-nation, rendu universelle l’humanité en prouvant que tout homme, toute femme, est une humanité à part entière, faite pour la jouissance de la liberté dans le respect de la l’égalité et la fraternité. Pouvons-nous dire aujourd’hui que nous en sommes dignes?
- La réponse est non. Non, parce que nous avons trahi et galvaudé l’héritage qu’ils nous avaient laissé. Ils nous ont rendu libres et indépendants, nous nous sommes transformés en soumis et dépendants. Nous devons en avoir honte aujourd’hui et demander pardon aux mannes de ceux qui ont crû que le vouloir implique la responsabilité d’agir non pas pour son propre bien-être mais pour celui de tous, indistinctement, sincèrement en s’élevant à la grandeur, toujours à la grandeur, sans jamais penser à « monter sur le faîte pour aspirer à descendre ».
En 1804, nos ancêtres ont gravi le faîte de l’humanité, sublimant l’égalité des races et des hommes, la souveraineté et l’autonomie universelles des peuples. En 2024, deux cents ans après, nous sommes descendus si bas dans la désunion, la discorde, l’égoïsme, la haine, l’indifférence sociale et humaine, la non-gouvernance prédatrice et mortifère que nous perdons notre jouissance de souveraineté d’assurer notre sécurité, de protéger nos vies et nos biens et que des décideurs étrangers, insoucieux du scrupule de la morale internationale et du respect envers un État membre de l’ONU des obligations statutaires, croient à l’encontre de l’opinion nationale que la gouvernance d’un État passe par lui enlever ses prérogatives de puissance et les transférer à une entité internationale sous contrôle. Cette manière de faire est loin de correspondre au devoir de protéger qui ne saurait entraîner l’aliénation des droits et obligations conventionnels. L’ONU et ses États complices comme les USA, le Canada, la France détruisent un État membre, non pas n’importe lequel, mais un État membre fondateur pour des raisons inavouables et veulent en tirer les bénéfices pour d’autres raisons inavouées.
GONAÏVES DEBOUT
Nous comprenons pourquoi est imposé, maintenu, toléré un gouvernement qui n’incarne pas la légitimité du peuple haïtien ni ne reflète la fierté nationale. Il est le couperet de la dignité haïtienne et de la cohésion sociale.
En 2024, l’enjeu se sera imposé incontournable à la conscience des hommes et des femmes épris du sens élevé de l’humanité. Ou bien la Charte de l’ONU existe et est applicable, on ne peut enlever ses droits à Haïti, État membre fondateur. Droit d’exercer son autodétermination conforme au droit international, planifiant et assurant sa sécurité, sa défense, son développement durable. La coopération internationale à laquelle des conventions internationales sont dévolues, cesse d’être elle-même si elle conduit à la dépendance absolue.
En 2024, Haïti a besoin des interlocuteurs internationaux intègres, compétents et de caractère solidement fort. Il ne leur conviendra pas de s’opposer à la communauté internationale mais à lui demander instamment de respecter envers Haïti les principes sur lesquels elle s’appuie et fonde son existence.
En 2024, désormais, notre cher pays a besoin de se renouveler en un vrai Etat-nation où la solidarité sociale, donnant à la fraternité son sens pratique et son exemplarité concrète, domine les rapports, inspire, guide les actions, devient la méthode de résolution des problèmes économiques et sociaux, le succédané, l’ersatz à notre mal du sous-développement.
En 2023, la construction du canal de Ouanaminthe en a donné la démonstration non-équivoque. Aux Gonaïves, nous en avions expérimenté l’efficacité à l’occasion de la reconstruction du pont de la ruelle Nazareth. Nous l’adoptons comme principal recours financier. Que dès maintenant, ceux qui sont natifs d’un territoire, localité, section communale, ville ou département, le prennent en charge, se rassemblent, se concertent et trouvent la voie unifiée et unificatrice vers son développement global, l’aménagement du bonheur collectif. Car, la croissance, quel que soit le chiffre qui l’exprime, ne vaudra rien si elle ne conduit qu’à des troubles sociaux, écologiques et moraux.
2024 c’est l’année de commencer à repenser Haïti pour les haïtiens et pour tous ceux qui sont humains, à retourner au concert des nations avec le sens de la dignité humaine universelle, à reprendre sans complexe notre destin en main, à ne plus nous figer dans la résilience passive, ni dans la patience ni l’attente, mais à nous lancer avec la détermination courageuse dans la noble lutte contre les inégalités inacceptables, la mauvaise gouvernance, la corruption, les dérives autoritaires, l’injustice, la violation des droits humains, l’atteinte au droit international de notre autodétermination étatique. Socialement solidaires, fraternellement humains, collectivement et patriotiquement responsables, nous le pourrons. L’haïtien est une humanité universelle, autant que nous ne remettrons notre sort aux étrangers.
Soyons solidaire, fraternel, responsable. Haïti ne doit pas périr. Vive Haïti à la hauteur de la grandeur de nos ancêtres.
231 Ave des Dattes (Destours Laborde), Gonaïves, Haïti HT 4110 (Hôtel Family-Pradis) Tél : +509 3212 4151 / 3636 4848 ; E-mail : gonaives60@gmail.com
