Une illustration supplémentaire de cette décadence se manifeste à travers la croissance de la cyberintimidation.
Les réseaux sociaux, une double lame tranchante, ont été un catalyseur puissant dans la vie moderne, permettant une connectivité instantanée et la diffusion rapide de l’information.
Cependant, en Haïti, l’utilisation néfaste de ces plateformes a laissé des cicatrices profondes sur le tissu social.
L’une des façons dont les réseaux sociaux ont contribué à la déchéance de la société haïtienne est la propagation rapide de rumeurs malveillantes. Ce qui alimente la méfiance et la division. Les conséquences de ces informations erronées sont palpables dans le climat politique et social, exacerbant les tensions déjà présentes.
Une autre manifestation de cette décadence est l’essor de la cyberintimidation. Les réseaux sociaux fournissent une plateforme anonyme propice à des comportements agressifs. En Haïti, cela s’est traduit par des attaques personnelles, des discours haineux et une polarisation croissante. La violence verbale en ligne a des répercussions directes sur le bien-être mental de la population, sapant le tissu social déjà fragile.
De plus, les réseaux sociaux ont amplifié les disparités socio-économiques en exposant de manière flagrante les inégalités. Les images de richesse excessive et de style de vie luxueux, souvent partagées sans discernement, créent des aspirations irréalistes et alimentent le mécontentement au sein de la population. Cela a des conséquences directes sur la stabilité sociale et politique du pays.
On sait bien qu’en temps de crise, la propagation de fausses informations peut avoir des conséquences dévastatrices, entravant les efforts humanitaires et compromettant la sécurité publique.
En effet, le terrible tremblement de terre de 2010 a non seulement secoué le sol d’Haïti, mais a également engendré des secousses profondes dans le paysage médiatique et politique.
Alors que les institutions étatiques et médiatiques peinaient à se relever pendant des mois, la rue et les réseaux sociaux ont émergé comme les principales sources d’information, marquant le début d’une ère nouvelle et complexe.
L’arrivée des Tet Kale dans la politique haïtienne, post-séisme, a exacerbé la situation. Avec les méthodes élaborées par les stratèges Antonio Sola et Damian Merlot, ils ont exploité les réseaux sociaux pour dénigrer violemment leurs adversaires, les journalistes, et tout citoyen osant dénoncer leurs mensonges et exactions.
Ainsi, les réseaux sociaux se sont transformés en un vaste parcours de carnaval, où les jurons et l’intimité des gens sont exposés 365 jours par an. La jeunesse, influencée par ces « leaders », a graduellement perdu tout respect pour la vie privée. Avec la monétisation des principales plateformes comme Facebook et YouTube, la course aux vues s’est transformée en une quête effrénée de dollars. L’ironie et le dénigrement règnent en maîtres.
Ces hommes politiques, issus du monde du spectacle, n’hésitent pas à étaler leur fortune mal acquise. La jeunesse, emboîtant le pas, utilise tous les moyens possibles pour accumuler de l’argent, au détriment de la société. Ainsi, les réseaux sociaux, au lieu de servir de catalyseur positif, deviennent une arène où la vie privée est sacrifiée sur l’autel de la quête effrénée de richesse et de renommée. Une introspection collective s’impose pour rétablir l’équilibre et restaurer l’intégrité sociale.
La mauvaise utilisation des réseaux sociaux en Haïti a exacerbé les problèmes sociaux existants, créant une toile complexe de méfiance, de polarisation et d’inégalités.
Pour atténuer ces effets néfastes, il est impératif d’encourager l’éducation numérique et la pensée critique.
La société haïtienne doit aborder ces défis de front, en promouvant une utilisation responsable des médias sociaux et une culture de l’information vérifiée.
Les médias traditionnels et les organismes gouvernementaux ont également un rôle déterminant à jouer dans la diffusion dans la promotion du dialogue constructif.
Elensky Fragelus
