La candidature de Ti-Simone, en 2010, est perçue comme une indulgence envers les bas instincts, soulignant l’impératif de rétablir l’honnêteté et l’éthique en politique.
par Gerry Jabon
Mais dans quel monde vit-on ?
Supporteurs de TI-SIMONE/ MICHEL MARTELLY:
Un modèle est quelque chose qui doit servir de référence. Si vos enfants sont grossiers et indisciplinés devant des étrangers, cela nuira à votre réputation en tant que père ou mère et prouvera que vous n’accomplissez pas votre rôle.
Si vous devez lever la voix quand vous apprenez que des enfants se sont faits violer par un pédophile. Si vous ne pouvez pas vous taire quand vous apprenez qu’une dictature a décidé de mettre en place un programme d’extermination de dizaines d’individus. De ce fait, il est logiquement concevable de dénoncer l’autre et de le remettre sur le droit chemin ou de l’isoler si c’est nécessaire pour qu’il ne contamine pas son entourage.
Un patron bancaire qui se plaît à dire des saletés et à montrer son cul au vu et au su de tout le monde, doit-il servir de modèle aux collaborateurs et subalternes, et être en plus absous de sa trivialité ?
En quel sens peut-on continuer à parler de principes, du savoir-être et d’éthique aux enfants, à la jeunesse et à autrui, lorsque vous n’êtes pas en mesure d’établir la différence entre Jésus et Barabas, entre église et bordel, entre école et prison, entre policier et bandit, entre Chef d’État et chef de gangs, entre Barack Obama et Snoop Dogg, entre intellectuel et quidam, entre papa et boyfriend, et entre honnêtes gens et TI-SIMONE ?
Comment voulez-vous ramener vos enfants, vos élèves et vos étudiants vers de vraies valeurs, loin du spiritisme, du comportement déviant, de la musique obscène et de la drogue et respecter certaines règles sociales, si dans la satisfaction de bas instincts vous ne pouvez pas les respecter vous-mêmes?
Quelle honte pour ce pays des soit-disant prêcheurs de bonnes manières et de valeurs ! Ce n’est pas parce que Haiti est une nation de mauvaise gouvernance ou une jungle remplie de mafieux, qu’elle devient un torchon sur lequel on peut s’essuyer les pieds par l’instauration d’un État de « strip-tease. »
Partir à l’aventure pour récupérer le pouvoir perdu en 1946, tout le monde, y compris des anciens membres du FRAPH d’Emmanuel Constant, certains cadres tortionnaires de FAD’H, une majorité écrasante des Élites, des Drug-dealers, des Chefs de Gangs Lavalas s’embarque dans le bateau du « Populisme de la Droite. » Il est clair comme de l’eau de roche, l’acceptation de la candidature à la Présidence de TI-SIMONE, le monsieur qui adore se montrer nu en public, est la preuve de la faillite du système politique et de la soumission des élites haïtiennes à la sous-culture des Ghettos américains.
L’élite qui est la fleur d’une société entend dépasser le niveau du sol. Il faut donc saluer les élites et la presse américaines, en toute justice et honnêteté, et leur reconnaître ce qu’elles ont de si morale et de sublime pour faire toujours obstacle à la candidature de toutes brebis galeuses aux plus hauts postes de responsabilité politique.
TI-SIMONE peut bien changer d’habits, mais il ne peut pas changer ses habitudes. Mise à part cette question des nouveaux habits couvrant de vieux péchés, il n’y a pas de différence qualitative entre le rappeur américain Snoop Dogg et TI-SIMONE. Ils sont les deux faces de la même médaille. Sauf le peuple américain a une si haute idée de la fonction présidentielle et tient compte de la distinction existant entre le bon grain et l’ivraie, d’un revers de la main, qu’il balayerait cette prétention d’un quelconque immoral.
Comprendre l’instinct de votre démarche tortueuse revient à décrire un prétendu donneur d’exemple capable de vomir l’inacceptable à la face des témoins, pour ensuite s’agenouiller et picorer son propre vomi, tout en voulant faire croire à l’opinion, que le vomi de l’inacceptable, qu’il vient d’avaler, n’était jamais sorti de son ventre. Tenez-vous bien: « Nul ne peut servir deux maîtres ; car, ou il haïra l’un, et aimera l’autre; ou il s’attachera à l’un et méprisera l’autre, » Luc 16:13. On ne saurait trouver une parole plus claire.
Si c’était le fils d’un pauvre, d’une marchande de fortune, d’un cireur de chaussures, d’une servante ou d’un va-nu-pieds qui, dans le passé, avait l’habitude de vendre le corps au public pour avoir le superficiel, vous seriez les premiers à appeler la société à se soulever contre lui. Oh hypocrites! Quelle moralité de deux poids deux mesures!
S’il faut compter sur TI-SIMONE, le chanteur le plus immoral avec ses cris, ses danses et spectacles obscènes, pour débarrasser Haiti de « sa misère » il va falloir attendre longtemps, tant que « VOUS » sans grande idéologie et à l’envergure limitée se bouscule au portillon du pouvoir. La boucle serait alors bouclée avec le rétablissement de l’hégémonie de l’exclusionnisme traditionnel sur Haiti. Un débat qui en dit long sur l’état de la moralité politique dans le pays.
Heureux ceux qui n’ont jamais cru en vos évangiles et discours de l’opium!
Gardez-vous de l’opportuniste, de l’émotivité et de passions débridées. La sagesse et la grandeur ne sont pas de slogans creux, mais des idées et des actes réfléchis et pondérés. Il est temps que l’honnêteté et l’Éthique redeviennent des valeurs centrales de la vie politique haïtienne.
Gerry Jabon
dordricht@yahoo.fr

