Gonaives, 28 novembre 1985 | Le souvenir d’une tragédie perpétuée par les forces répressives du régime des Duvalier

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J’ai allié le droit au journalisme engagé
Pour être le défenseur des oubliés de la société
Et remuer le temps enveloppé sous le drap de l’injustice
28 novembre 1985, j’étais témoin du temps conduisant à 7 février 1986

28 novembre 1985, l’assassinat de Jean Robert Cius qui avait à peine 19 ans…Je m’en souviens…comme si c’était hier. Qui l’aurait cru qu’on allait vivre aujourd’hui le pire, avec tant d’autres ames innocentes fauchées sous le regime neo-duvalieriste Tet Kale-PHTK, soutenu par Mirlande Manigat pour nous ramener en novembre 2023 au stade d’avant-7 février 1986.

L’armée d’Haiti, aujourd’hui réduite à sa plus simple expression, a fait kidnapper les cadavres des 3 jeunes martyrs à la morgue de l’Hôpital La Providence des Gonaives pour les enterrer secrètement, comme des indulgents dans une fosse commune… Après le 7 février 1986, les 3 corps ont été exhumés et les malheureux disparus ont eu droit à des hommages émouvants à la Cathédrale des Gonaives.

Mardi 28 novembre 2023 ((rezonodwes.com))–

Dans la matinée du 28 novembre 1985, l’enceinte du CIC-Gonaïves (Collège Immaculée Conception) devint le théâtre macabre d’une répression brutale orchestrée par les forces des Duvalier. À 10h, une balle assassine atteignit Jean Robert Cius, un étudiant à l’entrée d’une salle de classe, marquant le début d’une série de tragédies. Deux autres jeunes vies allaient être fauchées quelques minutes plus tard dans un autre établissement de la ville.

Gonaïves, témoin de ces actes impitoyables, attribua ces morts à la tyrannie des Duvalier, inscrivant ainsi trois noms de jeunes étudiants en tant que martyrs, précurseurs du soulèvement majeur du 7 février 1986, selon les paroles de Mgr Constant. « Les martyrs allaient nous conduire au 7 février 1986« .

La révolte embrasa la ville des Gonaïves qui, le 31 janvier 1986, organisa symboliquement les funérailles de Jean-Claude et Michèle Bennet, enterrant par la même occasion l’influence des Tonton Makout. Cette journée marquante signifiait la fin d’une ère oppressante.

Pourtant, l’ombre de la répression persista avec les dénégations de Jean-Claude Duvalier depuis son exil doré en France. Il prétendit n’avoir jamais donné l’ordre de tirer sur des écoliers, attribuant les événements à une conspiration contre son gouvernement. Ironiquement, en décembre 2011, il retourna sur les lieux du crime sans exprimer de remords, invité par la promotion sortante de la Faculté de Droit des Gonaïves dans une tentative tardive de restaurer sa stature politique. Cependant, le génie politique ne peut effacer les cicatrices du passé.

La tragédie du 28 novembre 1985 résonne toujours dans le présent, soulignant que si la lutte de l’époque avait visé un changement de système plutôt qu’un homme, Haïti pourrait éviter aujourd’hui un gouvernement parallèle, illégitime et corrompu. Les conséquences de cette répression demeurent palpables, avec une population vivant dans l’incertitude, se demandant si l’ombre des Duvalier ne persiste pas, maintenant camouflée sous la résurgence d’une classe dirigeante soutenue par certaines franges de la communauté internationale, y compris la CARICOM.

cba
ancien étudiant au CIC-Gonaives

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