Infrastructures : Les protéger ou les construire

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L’Afrique qui bouge

Pour une première fois, Haïti va recevoir l’aide d’un pays africain, Ce serait un geste amical si celle-ci avait été faite dans une entente entre les deux pays, Haïti et le Kenya. Mais tel n’est pas le cas, une décision qui a été prise par des étrangers, loin de la volonté de ces deux nations. Il est vrai que cette aide a été sollicitée par le gouvernement haïtien qui n’a aucune légitimité et qui fonctionne entièrement dans l’illégalité. Un gouvernement qui cache son irresponsabilité derrière des promesses d’élection « honnêtes et démocratiques »

Après l’hésitation de plusieurs pays le Kenya s’est porté devant la scène pour prendre cette responsabilité, moyennant une compensation financière. L’ONU a répondu positivement tout en gardant ces distances en encourageant et en cherchant des investisseurs pour entretenir ce projet que plusieurs appellent une nouvelle occupation, d’autres y voient un exercice comme par le passé pour ne pas rester les bras croisés.

Haïti a connu plusieurs interventions armées décidées par l’ONU et par la communauté internationale. Celles-ci n’ont rien apporté comme changement positif dans le pays. Les crises politiques et économiques s’ensuivent tout naturellement. On continue à subir les conséquences de ces mauvaises décisions sans vraiment chercher à connaître le fond du problème et à trouver une solution durable et nationale. Le banditisme n’est pas le principal problème de ce pays. Il n’est pas non plus la cause, mais une des conséquences de problèmes encore plus profonds.  Beaucoup de gens pensent qu’en solutionnant celui-ci, tout ira bien! et après?  On va continuer à distribuer un repas chaud aux « mendiants », à construire des ajoupas pour les sans-logis qui sont des millions, à traverser la frontière pour pouvoir se nourrir, à s’entre-déchirer pour un morceau de pain, pour quelques dollars, à continuer à faire de la politique politicienne… Tout cela va encore nourrir le terrain pour faire renaître et entretenir le gangstérisme, le favoritisme, la corruption et finalement une compétition malsaine. Les plus riches s’enrichiront encore plus et les plus pauvres deviendront encore plus pauvres.  

        Il ne devrait y avoir rien de grave qu’un pays africain se sente concerné par le problème haïtien et décide d’apporter son aide à un pays frère. Haïti l’a déjà fait et celle-ci a été très appréciée par plusieurs pays à part la République Dominicaine qui n’a aucun gré envers ses bienfaiteurs ou peut-être considère la reconnaissance comme une lâcheté. Haïti n’a pas été un pays riche quand elle avait décidé d’apporter son aide à d’autres. Elle l’avait faite aux prix d’énormes sacrifices mais parce qu’elle avait décidé que c’est important de le faire, elle n’avait pas à hésiter un moment à le faire. Maintenant plusieurs pays d’Amérique du nord, du sud, d’Afrique, et même de l’Europe se souviennent et rendent un grand hommage à nos héros et aux talentueux hommes politiques de ce pays.

Le Kenya pourrait être l’un de ces pays à vouloir supporter Haïti à sortir de ce bourbier. Le Kenya peut-il se donner en exemple? A-t-il les moyens pour prendre une telle responsabilité? Dans les deux cas on peut répondre par la négative. Le Kenya, le pays de Jomo Kenyatta, un héros de l’indépendance de ce pays, un militant très actif du panafricanisme. Il a même été membre du parti communiste de grande Bretagne, ayant été étudiant du kominterm à Moscou. Malheureusement son origine ethnique l’a gardé prisonnier d’une conviction qui rejette la lutte de classes et dont il ne pouvait pas s’en départir. Mais cela ne l’a pas empêché de continuer le combat contre le colonialisme en Afrique. Il arrive à proclamer l’indépendance du Kenya mais avec des alliances de classes inappropriées. Les nouveaux maîtres du pays, bien que africains sont restés au service des anciens colons. Voilà donc le Kenya jusqu’à aujourd’hui. En étant une néo-colonie comme Haïti, il faut quand même souligner, ce pays est plus ou moins stable politiquement et est en pleine croissance économiquement.

Une délégation kenyaine est rentrée en Haïti pour évaluer la situation et définir les tâches que les soldats kenyans auront à accomplir. Les gens de cette délégation portaient des lunettes qui leur permettaient de voir nos « belles infrastructures ». Ils ont donc choisi de venir pour les protéger, mais ils n’interviendront pas contre les gangs. Cela couterait environ 400 millions de dollars américains. Haïti, quelles infrastructures?  Les routes se défendent d’elles-mêmes, elles sont toutes trouées. Les édifices publics sont presque inexistants. Les deux aéroports sont délabrés… D’autres pays de la Caraïbe seraient aussi intéressés à nous aider, ils n’ont pas encore défini leurs options. On peut toujours les faire des suggestions, Le déboisement en Haïti est un problème très grave, les quelques arbres qui nous restent ont besoin de protection. Le budget pourrait encore grossir.

Ce qui signifie que la police haïtienne sera en dépit de tout, la pièce maîtresse pour enrayer le banditisme en Haïti. Ces pays ont raison, ils ont bien compris le problème. Ce problème doit être le problème des Haïtiens. Pourquoi intervenir dans quelque chose qui ne leur concerne pas et dont la solution du problème dépend de la volonté et de la capacité de l’état haïtien. Si la volonté n’existe pas, la capacité ne viendra jamais, parce qu’il faut aller la chercher. Dans un élan patriotique, d’un mouvement politique en mesure de rejoindre et de défendre les revendications de la population, il serait possible de mobiliser en grand nombre, de gens, jeunes et vieux, qui se porteraient volontaires et avec une formation adéquate, encadré par la police nationale, pour pouvoir combattre et enrayer le banditisme dans un temps record. Tout doit se faire dans l’ordre. Une initiative qui montrera le chemin pour sortir de l’anarchie, retrouver la paix et effectuer de grands changements dans le pays.

Avec un budget de 500 millions de dollars, le Kenya et les autres pays de la Caraïbe peuvent bien aider Haïti autrement. Certainement, ils ont une expertise dans des domaines différentes, ils peuvent aider Haïti à construire des routes, des ports, des aéroports, des centrales électriques, des hôpitaux, des écoles… et même à aider le pays pour le reboisement.

Tout cela va créer un vrai pont de l’amitié entre les peuples d’Afrique et particulièrement du Kenya et de la Caraïbe et Haïti.

Marc Sévère

Novembre 2023

Lire sur le blog de l’auteur https://autresreflexions.blogspot.com/2023/11/infrastructures-les-proteger-ou-les_24.html

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