« La voie référendaire est interdite pour modifier la Constitution », rappelle l’ancien constituant Georges Michel, le 21 septembre 2020.
Dans un contexte politique où il semble jouir d’une assurance certaine, Ariel Henry manifeste actuellement une confiance suffisante pour entreprendre des déplacements à l’étranger, recherchant ainsi une bouffée d’air frais loin des malpropretés et des décombres qui encombrent les artères de sa capitale répartie en plusieurs « territoires perdus ».
À l’approche du 220e anniversaire de l’Indépendance d’Haïti, l’avenir du peuple haïtien, pour lequel Jean-Jacques Dessalines a courageusement affronté l’armée coloniale esclavagiste française, se trouve désormais fortement influencé par des acteurs sans attache nationale. Ces individus, acceptant sans réserve de se soumettre en échange de la continuation de leur plan visant à appauvrir le pays, compromettent la destinée de la nation. Dans ce contexte, la proposition de projet de la CARICOM, visant à remplacer la Constitution d’Haïti, se révèle être un document d’une complexité notable, élaboré au sein d’une crise prolongée aux multiples facettes.
Malgré la commémoration des 220 ans de son indépendance acquise aux prix de sacrifices en janvier 1804, Haïti, en dépit de son rôle pionnier dans l’avènement du nouveau monde, partagé par l’ensemble des pays de la Caricom jusqu’au Suriname, qui a obtenu son indépendance il y a seulement 48 ans, se trouve actuellement immergé dans une crise complexe d’origine apparemment préconçue. Cette crise se caractérise par un vide constitutionnel façonné en 2020, une paralysie institutionnelle, une impasse politique, une détérioration sécuritaire manifestement « planifiée », et une situation humanitaire critique, exacerbée par l’assassinat du Président Moïse, par son « parrain ». L’analyse de cette conjoncture révèle des éléments clés qui méritent une exploration approfondie sur la scène politique haïtienne.
Au-delà de la conjoncture actuelle, une interrogation éminente émerge quant à la position d’Ariel Henry, qui a exercé la fonction de Premier Ministre pendant une période excédant deux années, dépourvue de réalisations positives substantielles. Dans le cadre de cette proposition de transition formulée par le Groupe de Personnalités Éminentes de la CARICOM (GPE), en mission commandée, s’interroge-t-on sur la manière dont le Premier Ministre de facto, dont la légitimité est contestée, s’inscrit dans cette dynamique. Sera-t-il maintenu en fonction pendant une période supplémentaire de 18 mois, voire au-delà, dans le dessein de donner forme à la quatrième version Tèt Kale et de concrétiser la réalisation de la « troisième tragédie électorale PHTK » ? Cette perspective soulève des questions primordiales quant à la viabilité de la proposition et aux motivations politiques qui sous-tendent cette manœuvre stratégique pour garantir l’impunité en Haiti.
Gouvernance et Réforme de l’Exécutif
Le document de la Caricom, sans égard pour la Constitution de 1987, propose la création d’un Conseil de Transition (CT) avec des pouvoirs présidentiels restreints, ayant pour objectif de maintenir un équilibre des pouvoirs et de promouvoir la bonne gouvernance. Cependant, il est impératif d’analyser attentivement la légitimité de ce Conseil dans le contexte politique haïtien, en mettant l’accent sur sa composition et ses attributs.
Par ailleurs, l’introduction de l’Organisme de Contrôle de l’Action Gouvernementale (OCAG) est présentée comme une mesure ‘positive’ pour garantir la transparence et la responsabilité. Cependant, son efficacité dépendra de son degré d’indépendance par rapport au gouvernement de transition, ce qui suscite des interrogations, notamment dans le contexte d’Ariel Henry, figure associée à l’immobilisme politique.
Gouvernement d’Entente Nationale et Rôle d’Ariel Henry
L’instauration d’un Gouvernement d’Entente Nationale, fondé sur le principe d’inclusion, constitue une mesure positive dans le contexte haïtien actuel. Toutefois, l’interrogation persiste quant à la légitimité du Premier Ministre Ariel Henry, qui se voit attribuer 40% des nominations ministérielles. Cette prérogative soulève des inquiétudes, compte tenu du rôle spécifique qu’il a joué, caractérisé par un mépris apparent dans le déclin du pays. Après plus de deux ans au pouvoir sans des résultats significatifs, son intégration dans ce nouveau gouvernement suscite des questionnements quant à sa capacité à assumer efficacement la direction du pays. Cette situation appelle à une analyse approfondie des implications politiques de cette nomination au sein du gouvernement d’entente nationale.
Processus Électoral et Sécurité Nationale
Le document élaboré propose une approche minutieuse de l’établissement d’un Conseil Électoral Provisoire (CEP) et du processus électoral, mettant en exergue l’importance cruciale d’organiser des élections qui soient à la fois libres et inclusives. Toutefois, une analyse attentive révèle des aspirations utopiques qui pourraient être perçues comme déconnectées de la réalité.
De manière particulière, le traitement réservé à la question de la sécurité nationale, bien que mentionné dans le projet, mérite une considération plus approfondie, surtout au regard du contexte d’insécurité persistante en Haïti. Un constat saillant concerne l’apparent immobilisme d’Ariel Henry et de la Ministre de la Sécurité publique, Me Emmelie Prophète, qui semblent observer passivement l’accroissement du nombre de « territoires perdus ». Cette attitude souligne une lacune significative dans le projet, nécessitant une analyse politique plus détaillée des enjeux sécuritaires actuels et des stratégies potentielles pour y remédier.
Aide Humanitaire, Plan Économique et Réformes Institutionnelles
Les sections relatives à l’aide humanitaire, au plan économique, ainsi qu’au référendum constitutionnel (caractérisé comme illégal et en contradiction avec la Constitution) et aux réformes institutionnelles dans le Projet de Cadre de Transition présentent des orientations claires. Cependant, la réalisation concrète de ces mesures, adaptées aux besoins spécifiques d’Haïti, exige une coordination précise et une gestion efficace. Cet impératif se voit amplifié par la présence endémique de la corruption institutionnalisée, qui a érigé une gouvernance marquée par la règle du régime Tèt Kale-SDP-Fusion-RDNP-Inite.
En guise de conclusion, bien que le projet de cadre de transition avance des solutions ambitieuses, une évaluation approfondie et une clarification de plusieurs aspects demeurent indispensables afin d’assurer le succès d’une transition démocratique en Haïti. Ceci, d’autant plus qu’Ariel Henry, actuellement sous le poids d’accusations de collusion avec des groupes criminels, a manifesté une incapacité totale au cours des 28 derniers mois à démontrer l’envergure nécessaire pour guider le pays vers une destination favorable.

