par Marc Eudès PIERRE
Difficile de ne pas penser à un film d’horreur en visionnant la video de l’assassinat du messager de l’actuel secrétaire général du Haut Conseil de la Transition (HCT), monsieur Virginie Saint-Pierre.
Enlevé en même temps que son chauffeur, le 18 octobre dernier, monsieur Saint-Pierre a été libéré douze jours plus tard et son chauffeur est encore retenu, malgré la rançon versée pour deux.
L’exécution du citoyen Evens Oléus, chargé d’apporter une nouvelle rançon en échange du chauffeur, Wilson Léandre, est un crime inhumain, lâche et dépourvu d’intelligence. C’est un acte terroriste dont le gouvernement ne pipe-mot et les organisations dites des droits humains semblent avoir peur dans leur silence.
Politiquement, Haïti vit un contexte d’exception et de déception. Le pouvoir de fait, de monsieur Ariel Henry évite à tout prix le check and balance. Au mépris total des exigences de l’Accord du 21 décembre 2022, il a effectué des nominations de manière unilatérale à la BRH, à l’ONA et à l’AAN. Ainsi donc, le rapport entre la Primature et le HCT se tient sur le fil du rasoir.
L’échéance obligatoire du 7 février 2024 marche à grand pas. Entre-temps, un seul homme et un homme seul est aux commandes. Il cumule des rôles : Chef de gouvernement, Ministre de l’intérieur et des Collectivités territoriales, Chef d’Etat etc… dans un pays où les gangs armés occupent une grande partie du territoire et jouissent ouvertement de l’impunité politique.
Le CARICOM et certains partis politiques veulent « sauver’ l’Accord du 21 décembre 2022 sans pour autant exiger au capitaine le changement de l’équipage et surtout la manière de naviguer.
L’indifférence flagrante du locataire de la Primature face au calvaire du secrétaire général du HCT est un signe évocateur et révélateur du fonctionnement bancal de ces deux entités. Sous l’apparente tranquillité de la scène se prépare déjà l’homérique bataille de renouvellement politique, gage de tranquillité pour certains acteurs. Les paris sont ouverts, et les mois qui viennent seront chauds.
Marc Eudès PIERRE
