Pourquoi Léon Charles, à l’OEA, et Ariel Henry, lors de la rencontre avec la délégation de l’ONU, évitent de demander la vérification des 12 travaux réalisés par les Dominicains sur la Rivière Massacre ?

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L’Edito du Rezo

A la recherche d’une certaine légitimité  pour ce pouvoir acquis suite à l’assassinat du Président Jovenel Moïse et voulant cacher à l’opinion ses faibles performances et son échec dans la gestion politique ,  économique et sécuritaire d’Haïti pendant plus de deux ans, le Premier Ministre de facto soutenu jusqu’à date par les principaux signataires de l’Accord Tonton Noël du 21 décembre, semble vouloir profiter du conflit relatif aux eaux de la rivière Massacre pour se faire une nouvelle virginité.

Pour cela il a bénéficié de la complicité objective du Président Abinader qui , par toute une série de déclarations et de décisions malheureuses (la plus grave étant la fermeture de la frontière haitiano-dominicaine), poursuivant des objectifs électoraux, n’a fait que jeter de l’huile sur le feu dans ce dossier et a récolté finalement ce que le journal dominicain «  Listin Diario » appelle aujourd’hui une déroute politique.

Ainsi donc, cette semaine on a noté deux manœuvres importantes du gouvernement de facto soutenu en sous mains par la République Dominicaine dont les implications et conséquences peuvent échapper à leurs auteurs.

D’abord lors de la dernière réunion du Conseil Permanent de l’Organisation des États américains, Léon Charles représentant du pouvoir de facto, qui s’était révélé incapable d’éviter la mort au Président Jovenel Moïse en tant que principal responsable de la sécurité du pays, a monté sur ses grands chevaux en reprenant à son compte le slogan à la mode et populaire «  Kanal la pap kampe «  (KPK). Un bluff extrême, car Léon Charles ne montre aucune trace de patriotisme dans son comportement dans le passé et ce depuis 2004.

Intervenant à l’OEA pour répondre à la demande de la République Dominicaine d’envoyer une mission d’experts en Haïti , le représentant du régime de facto en Haïti a noté que la République Dominicaine a « construit unilatéralement au moins 12 ouvrages autour de l’affluent, qui n’ont pas été consultés avec le gouvernement haïtien « , mais a  soigneusement évité  de demander que cette même mission d’experts puisse se rendre en République Dominicaine pour  vérifier la conformité aux règles et Accords internationaux des 12 ouvrages  dominicains érigés sur ladite rivière.

Léon Charles a préféré battre son estomac pour affirmer que le travail ne sera pas paralysé conformément à l’article 10 du Traité de paix, d’amitié et d’arbitrage, signé par la République dominicaine et Haïti en 1929 et dans lequel il établit que les rivières et autres voies navigables doivent être utilisées par les deux pays de manière juste et équitable.

De son côté, le Premier Ministre de facto, Ariel Henry, a tenu une réunion ce jeudi avec une délégation des Nations Unies conduite par Miroslav Jenca, Sous-secrétaire général de l’ONU chargé de l’Europe, de l’Asie centrale et de l’Amérique au Département des Affaires politiques et de la Consolidation de la Paix.

  Il a été rapporté que parmi les sujets discutés par Henry avec le représentant de l’ONU figurait le différend actuel avec la République dominicaine au sujet de la rivière Massacre.

La Primature , en effet, a rapporté qu’ils ont discuté du différend entre Haïti et la République Dominicaine auteur de l’utilisation par Haïti des eaux de la rivière Massacre et de la disponibilité de l’Onu à mettre son expertise au service des deux parties dans le cadre de la recherche d’une solution à ce problème. 

Donc le même Premier Ministre de facto qui hier disait aux dominicains que son gouvernement est étranger à la construction du canal sur la Rivière Massacre, envoie aujourd’hui son représentant à l’OEA déclarer « La construction du canal ne doit pas s’arrêter, » et demande lui-même la médiation des Nations Unies dans ce dossier.

Cependant les observateurs avisés se posent de nombreuses questions : Pourquoi ce brusque changement de la part du gouvernement de facto d’Haïti ? 

Ariel Henry, soutenu pourtant par le Président Abinader, entend-il profiter de la déroute politique pour de ce dernier en République dominicaine pour se refaire une santé politique en Haïti? 

 Pourquoi Léon Charles, à l’OEA, et Ariel Henry , lors de la rencontre avec la délégation de l’ONU, évitent de demander la vérification des 12 travaux réalisés par la République Dominicaine sur la Rivière Massacre ?

Quelle sera la réaction du gouvernement d’Abinader face aux nouvelles manœuvres du Premier Ministre de facto au niveau des Nations Unies et de son représentant au niveau de l’OEA ?

Qu’en pense l’administration américaine qui ne s’est pas prononcée officiellement jusqu’à date à propos de tout cela ?

L’intervention des Nations Unies et de l’OEA dans le dossier qui, entre autres objectifs, fera gagner du temps à Ariel Henry et divertira l’opinion, ne risque-t-elle pas d’apporter quelques surprises désagréables à Abinader ou à Ariel Henry ?

Étant donné l’éveil d’une certaine conscience au niveau de la population en Haïti suscitée par les maladresses et les provocations du Président Abinader en République dominicaine et l’attitude irresponsable du gouvernement de facto en Haïti, ne sommes-nous pas en Haïti au tout début d’un processus de prise en main de leur avenir par les haïtiens ?

Justement l’avenir dira…….

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