L’Edito du Rezo
Attente des haïtiens : Justice ou Impunité grâce à la CARICOM ?
Alors que les ruines encore fumantes des maisons incendiées par les gangs témoignent de la terreur qui règne en Haïti, le Premier ministre de facto, Dr. Ariel Henry, reste silencieux, sans aucune dénonciation publique des actes de violence. Pendant ce temps, la mission de la Caricom, arrivée à Port-au-Prince lundi, est scrutée de près par les Haïtiens. La question qui préoccupe tous les observateurs : la Caricom va-t-elle accorder une prime à l’impunité à Ariel Henry, qui dirige le pays sans consensus depuis plus de deux ans, allant jusqu’à demander unilatéralement l’envoi d’une force d’occupation sur le territoire national ?
La situation en Haïti est alarmante, avec plus de 2 400 personnes tuées depuis le début de l’année 2023 en raison de la violence des gangs, dont plus de 350 ont été lynchées par des habitants et des groupes de vigilantes « Bwa Kale », selon l’ONU.
« Entre le 1er janvier et le 15 août de cette année, au moins 2 439 personnes ont été tuées et 902 autres ont été blessées », a déclaré Ravina Shamdasani, porte-parole du bureau des droits de l’homme de l’ONU, lors d’une conférence de presse à Genève, sans une seule fois relever l’incompétence de l’équipe dirigeante mise en place par l’ONU, en dehors de toutes normes légales et constitutionnelles haïtiennes.
La visite de la Caricom en Haïti intervient dans un contexte de crise profonde, marqué par une escalade de la violence « accélérée » des gangs, le déplacement forcé de milliers de personnes et le massacre indiscriminé de civils par des groupes armés, sans aucune intervention immédiate des autorités. Elle se déroule également alors que la possibilité d’un déploiement de troupes étrangères pour mettre fin aux activités « programmées » des bandes est discutée au niveau international, un sujet qui doit être examiné plus en détail ce mois-ci au Conseil de sécurité des Nations Unies.
Cette visite de la Caricom est donc cruciale pour l’avenir d’Haïti, mais elle soulève des questions sur la responsabilité et l’impunité qui pèsent sur le Premier ministre Ariel Henry, dont le leadership est de plus en plus contesté par la population haïtienne.
La Caricom dont les émissaires auront mardi des pourparlers avec le monarque d’Haiti, se trouve ainsi à un carrefour décisif, où son rôle dans la résolution de la crise haïtienne pourrait avoir des conséquences majeures sur l’avenir du pays et sur la justice pour les victimes de la violence aveugle des gangs fédérés par le régime Tèt Kale/PHTK.
Le mépris manifeste du Premier ministre de facto, le Dr. Ariel Henry, face aux cris de désespoir des résidents de Carrefour Feuille a conduit de nombreux Haïtiens à ne plus le considérer comme leur dirigeant. Ils attendent avec impatience de voir si la Caricom optera pour la primauté de la justice et de la responsabilité ou si elle contribuera à l’impunité qui continue de sévir dans le pays, avec l’indice de corruption le plus élevé en 2022 et en 2023 dans les Caraïbes, selon le dernier rapport de Transparency International.
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