La surveillance des 320 hectares de forêt repose uniquement sur un petit nombre de policiers et de militaires, une mission que Victor Kaudo, à la tête du Centre de justice sociale de Malindi, considère comme étant « insurmontable ».
Dimanche 20 aout 2023 ((rezonodwes.com))–Les horreurs continuent à émerger de la forêt de Shakahola au Kenya, où des corps fraîchement enterrés ont été exhumés en début de juillet. Depuis l’arrestation d’avril dernier du gourou évangélique Paul Mackenzie, le sinistre bilan de ses victimes s’est élevé à 425 décès.
Prétendant la fin du monde pour le mois de juin, Mackenzie a vu sa propre prophétie s’effondrer fin avril, lorsque la police kényane a découvert environ une centaine de cadavres en décomposition dans les sous-bois de la forêt de Shakahola, à proximité de la station balnéaire de Malindi, sur l’océan Indien. L’apocalypse qu’il avait annoncée ne s’est jamais matérialisée. Le pasteur Paul Mackenzie, désormais tristement célèbre, est actuellement détenu en prison à Mombasa en attendant son procès.
Suite à la première comparution du gourou et à trois mois de recherches dans les 300 hectares de terrain qui servaient de quartier général à sa secte évangélique, les découvertes macabres de la « tuerie de Shakahola » continuent de s’intensifier. Les équipes de secouristes ont exhumé de nouvelles tombes dans les sous-bois sablonneux pendant des semaines. Au total, 425 corps ont été retrouvés et 95 personnes ont été secourues. Irungu Houghton, directeur d’Amnesty International au Kenya, qualifie cette tragédie de « plus grand acte de barbarie en temps de paix au Kenya depuis la décolonisation ».
Toutes les victimes étaient des fidèles de Paul Mackenzie qui, à partir de janvier, ont choisi de mourir de faim lentement, obéissant à l’ordre du pasteur de suivre un jeûne extrême pour « rencontrer Jésus ». La Croix-Rouge signale qu’environ 600 personnes sont toujours portées disparues. Cependant, plus de trois mois après les événements, l’enquête stagne. Pire encore, il est possible que l’activité de la secte continue en toute discrétion.
Un membre de l’équipe de fouilles, qui préfère rester anonyme, a révélé que des corps avaient été exhumés en début de juillet, après avoir été fraîchement enterrés. Cette situation soulève des interrogations sur qui pourrait être responsable de l’inhumation des victimes de Shakahola, trois mois après l’arrestation du leader de la secte, alors que la forêt est sous le contrôle de la police. Victor Kaudo, responsable du Centre de justice sociale de Malindi, déclare : « Mackenzie a été arrêté avec certains de ses collaborateurs, mais cela ne signifie pas que tous sont derrière les barreaux. D’autres dirigeants de sa secte poursuivent les activités macabres. Je peux vous dire qu’un ancien soldat, l’un d’entre eux, opère toujours dans la forêt ».
Les 320 hectares de bois ne sont surveillés que par quelques policiers et militaires, une tâche jugée « impossible » par Victor Kaudo. Il pointe le manque de transparence et d’informations concernant le déroulement des opérations. De plus, les médias et les organisations de la société civile se voient régulièrement refuser l’accès à la forêt et à la morgue, suscitant des inquiétudes quant à la nature des activités en cours dans la région.