Vérité factuelle et vérité transcendante

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Par Camille Loty Malebranche

La vérité ordinaire ainsi que nous l’avons vu ailleurs, comporte deux champs qui sont la factualité et l’herméneutique. En voici un rappel: la vérité factuelle est le simple report du « réel ». Là, les choses sont claires, le vrai est ce qui désigne la (réalité) c’est-à-dire le constatable, le fait dûment démontré. Là, l’antipode de la vérité est le mensonge comme non factualité, absence de fait à constater. Maintenant, en herméneutique, la vérité est la justesse dans le jugement d’un fait ou d’une idée par celui qui l’explique, l’interprète. L’antithèse de la vérité herméneutique, c’est l’erreur. Erreur interprétative qui constitue par essence, une éviction du sens tel que conçu en logique! L’erreur est donc une faille de signifiance émanant de la lacune de jugement de l’herméneute en train d’évaluer, d’interpréter. 

Dans une toute autre dimension, la vérité est le senti et le cru que nous vivons dans le for intérieur. Cette vérité est transcendante car immanente à la nature humaine, et exige de transcender le réel pour la vivre, la connaître. Cette vérité toute transcendante quoique pourtant si immanente, a pour ennemie, les apparences du sensible. Car seule l’intuition du non sensible y accède.

De cette perception partielle de l’intangible appréhendé comme à travers un ressenti vif, irrépressible des tréfonds, se profile pour quiconque croit, le canton de la vérité eschatologique qui se vit par la foi, selon la révélation, l’immersion spirituelle, la vie avec le divin. Cette vérité manifestée en intuition de la vocation humaine à l’accomplissement éternel. Vérité de l’intemporel éternel et immuable qui fait basculer les données concrètes de la constatation sensible pour l’appréhension indiscursive du vécu intérieur. L’illusion – sphère de l’impermanent, de l’imparfait que broient le temps et les vices de cette dimension finie de notre finitude organique – est donc rayée pour le senti intuitif de la Déité (sphère de Dieu) qui est Vérité et dont nous sommes émanation. Ainsi, en spiritualité, le monde, tout en étant factuel, est une illusion parce qu’il passe malgré sa durée qui paraît incommensurable… Illusoire et absurde est toute dimension qui ne demeure guère et où nous ne sommes que passagers. En cette dimension de la vérité, il n’y a pas de modalité aléthique axée sur la factualité et la déicticité mais une vie littéralement métaphysique, étrangère à tout ordre phénoménal, minéral ou organique, toute sphère matérielle ou physique.

La Vérité, lorsqu’elle se fond en la Déité, est l’apanage exclusif à la fois prérationnelle et suprarationnelle de la conscience spirituelle qui sait que tout ce qui existe et ne peut se poser dans la sphère sacrale de l’éternel, est illusion. Le Véritable est donc ce qui vit ou demeure éternellement, ayant ses propres dimensions, sa propre sphère inexprimable en notre empirie figée dans la factualité (mot que je préfère à « réalité ») et à son rendu dit vérité au sens logico-aléthique. La Vérité, sphère de la Déité Éternelle, espace sans limite du parfait auquel seul peut accéder l’esprit-imago-Dei, est; le reste n’est qu’illusion car fatalement temporel et extinguible, fini dans la durée effaceuse d’être et de sens.

CAMILLE LOTY MALEBRANCHE

Lire le texte sur le blog de l’auteur Intellection

https://intellection.over-blog.com/2015/06/verite-factuelle-et-verite-transcendante.html

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