Dimanche 9 juillet 2017 ((rezonodwes.com))– À la face du monde, Haïti avait promis de respecter et de veiller à l’application des principes d’atténuation des gaz à effet de serre par la signature de l’Accord de Paris en 2015 issu de la 21e conférence des Parties et la ratification de ce dernier par le Sénat de la République. Cependant, les actions qu’entreprennent l’État en ce qui a trait à la gestion et la protection de la biodiversité au renforcement des puits et réservoirs de gaz à effet de serre révèlent et témoignent son incapacité, son insouciance et son incohérence.
Ainsi, on se demande si nos autorités ne sont aptes qu’à signer des traités et conventions (sans penser à leurs applications), faire de la coquinerie et travailler au ternissement du pays.
En fait, les dangers qu’engendrent les problèmes environnementaux et les changements climatiques planent au-dessus de tout le pays, mais à Desdunes, commune du département de l’Artibonite, les menaces sont plus pointues et beaucoup d’espèces qui y sont endémiques sont en voie de disparition. C’est le cas de la «Lèche» qui est, d’une certaine manière, une touffe d’herbes servant d’habitat écologique pour des centaines d’espèces et contribuant à retenir les terres arables pour la riziculture lors des fortes eaux. À l’heure actuelle, les effets des actions anthropiques sur cette espèce qui représente pour la communauté desduniennne une valeur écologique, par le nombre de touristes qu’elle attirait, -ce qui était profitable à l’économie locale- se font sentir. Diverses organisations de jeunes dont la Maison de la Jeunesse et de la Culture de Desdunes «MJCD» réclament l’intervention des autorités locales.
Mis à part la «Lèche» qui est une espèce menacée, les palétuviers (arbres de la mangrove) sont en proie à une exploitation énorme. «Autrefois, les gens de la commune ainsi que des communes environnantes venaient exploiter en quantité les arbres de la mangrove pour faire du charbon, les crustacés et les poissons se cachaient sous la racine de cette forêt aquatique. Plus de 60 chaloupes apportant le bois et des espèces aquatiques faisaient le va-et-vient de Modèle à Machaba (lieu du débarquement).
De ce fait, la protection de la mangrove s’avère une obligation, encore moins qu’il ne reste presque plus de ressources halieutiques sous la mangrove exposée fortement aux rayons du soleil», raconte M. Antonio Glause, ex-président de la Croix-Rouge de Desdunes. Par ailleurs, il mentionne que la mangrove est capable d’empêcher non seulement l’envahissement des côtes par les eaux de la mer, dans le cadre des changements climatiques où l’on parle de la montée des océans, l’érosion des côtes par les vagues, mais elle est surtout un des grands réservoirs de carbone. C’est-à-dire, elle joue un rôle prépondérant dans la régulation thermique de la planète.
Pour remédier à cette situation de catastrophe environnementale susceptibles de déboucher sur une crise écologique, M. Samuel Colin, Président de la Maison de la Jeunesse et de la Culture de Desdunes (MJCD) exige que : «la mairie de Desdunes par un arrêté communal prenne une décision courageuse pour déclarer que la Lêche est une zone protégée et qu’elle mette des interdictions périodiques aux gens de pénétrer dans cette zone. À propos de la mangrove, «la loi portant sur le littoral qu’abstient l’exploitation et la fréquentation des espaces littoraux à l’État, suivant l’article 126 du décret du 12 octobre 2005 portant sur la protection du littoral, doit être mis en vigueur et que les gens qui veulent exploiter la mangrove aient une autorisation de la mairie pour en finir avec l’abattage abusif», affirme-t-il.
Par ailleurs, plusieurs pays de la caraïbe, ayant la même situation géographique qu’Haïti, profitent grandement des espèces de palétuviers, implantées généralement dans les vaisières de la zone de balancement des marées, en développant l’éco-tourisme, un tourisme proche de la nature et respectueux de l’environnement.
Au final, tant que les décideurs politiques ne prennent pas de véritables mesures et ne posent pas des actions considérables en adoptant une approche multidimensionnelle: passant par la gestion des déchets urbains ; l’accompagnement techniques et financiers des paysans ; la dotation des collectivités territoriales des ressources humaines, des supports techniques et financiers ; la réhabilitation et la revitalisation des parcs naturels (Parc Macaya, National la visite…) pour arriver à un plan d’aménagement du territoire, le pays restera dans cette piteuse situation où chaque phénomène naturel est source d’innombrables pertes en vies humaines et de désastres écologiques.
MJCD et CINECOLO-HAÏTI attendent les mesures accompagnatrices s’ensuivant de la ratification de l’accord de Paris par Haïti !
Samuel Auhsey JOZIL
*Journaliste environnemental à Haïti Reyel et à la Radio Mélodie fm
*Jeune-député de l’Asile
*Vice-président de CINECOLO-Haïti
*Vice-président de la commission environnement au Parlement Jeunesse Haïtien
E-mail : jozilauhseysaj@gmail.com
Tel : (+509) 3314 6626/ 3896 0239.

