Conseil de Sécurité | Haïti – Marie Yolène Gilles alerte sur les violations systématiques des droits de l’homme depuis l’intronisation du monarque Ariel Henry

0
1047

Pendant deux ans, dans un pays aux prises avec les gangs, la population haïtienne n’a pas pu se déplacer librement d’une ville ou d’une région à une autre.

New York, jeudi 6 juillet 2023 ((rezonodwes.com))–Jeudi après-midi, dans son intervention devant le Conseil de sécurité à New York, Marie Yolène Gilles, représentante de la Fondasyon Je Klere, a souligné que Haïti faisait face à des cas de violations systématiques des droits humains, tandis que les autorités de l’État ne remplissaient pas leurs obligations de protéger, respecter et faire respecter les droits humains.

Décrivant la situation des droits humains en Haïti comme une « catastrophe incommensurable », elle a déclaré que les libertés fondamentales étaient grandement menacées depuis la prolifération des gangs à travers le pays.

Depuis plus de deux ans, il est très difficile de se rendre dans le sud d’Haïti depuis Port-au-Prince par la route en raison des enlèvements, des viols et des passages à tabac. Dans certains cas, les victimes sont enlevées chez elles, comme cela a été le cas de la journaliste Marie Lucie Bonhomme ; quelques jours plus tard, son mari a également été enlevé.

Au cours des 24 derniers mois, depuis l’intronisation du monarque Ariel Henry à la Primature, plus de 2 000 cas d’enlèvement ont été enregistrés dans tout le pays, et la majorité des personnes enlevées sont libérées une fois la rançon payée. Pendant deux ans, dans un pays aux prises avec les gangs, la population haïtienne n’a pas pu se déplacer librement d’une ville ou d’une région à une autre.

« Nous vivons dans un pays où le droit à la vie est banalisé« , a-t-elle déclaré, ajoutant que des crimes odieux sont perpétrés chaque jour en toute impunité. De juillet 2021 à aujourd’hui, plus de 2 929 personnes ont été exécutées dans les rues, à domicile ou dans des zones isolées. L’État n’a plus le monopole de l’usage de la force, car des zones entières sont contrôlées par des gangs armés, parfois mieux armés et mieux équipés que les forces nationales. Près d’un tiers du territoire national est contrôlé par des gangs armés.

En ce qui concerne les droits des femmes en Haïti, elle a rappelé que, lors d’attaques armées en 2022 et 2023, plus de 130 femmes et filles ont été victimes de viols collectifs perpétrés par des groupes armés. « Les récits de jeunes filles kidnappées battues et violées sont innombrables », a-t-elle poursuivi, soulignant qu’il est rare que les filles kidnappées ne soient pas battues, maltraitées et violées.

Certains crimes odieux sont parfois filmés et diffusés sur les réseaux sociaux par des membres des gangs armés qui ne portent pas de masques. Dans la culture haïtienne, le viol collectif et le viol anal sont les pires crimes qu’une femme puisse subir, les laissant parfois infectées par le VIH et le sida, a-t-elle déclaré.

Face à la sombre réalité des droits humains en Haïti, elle a proposé, entre autres, de renforcer la gouvernance publique en mettant l’accent sur la lutte contre la corruption. Elle a également appelé le Conseil de sécurité à aider Haïti à renforcer sa gouvernance politique par le biais de réformes étatiques et constitutionnelles, ainsi que par la création d’une unité spécialisée au sein de la police nationale pour lutter contre la violence des gangs. Cela permettrait d’identifier et d’arrêter les auteurs de graves violations des droits humains afin de les soumettre à des procès exemplaires, a-t-elle déclaré.

LEAVE A REPLY

Please enter your comment!
Please enter your name here

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.