Haïti | Soudoiement du Parlement en mai 2012: Martelly avait-il puisé dans les fonds de Petro Caribe pour faciliter la ratification de Laurent Lamothe en tant que Premier Ministre d’Haïti?

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L’Edito du Rezo

L’ex-Sénatrice Edmonde Beauzile, en 2012: « J’ai voté Lamothe parce qu’il est un bel homme ».

Dans une séquence politique marquée par la démission forcée du Dr. Garry Conille le 24 février 2012, la 49e législature, réputée pour être un hémicycle intégré en grande partie par des individus corrompus qui abandonnent leur bannière politique au profit du tandem Martelly-Lamothe, a approuvé la désignation de ce dernier comme Premier ministre. Cette décision a été prise malgré des irrégularités flagrantes en contradiction avec la Constitution. À la lumière des événements qui ont émergé vendredi dernier à la suite des nouvelles sanctions américaines, des interrogations sérieuses surgissent quant à l’intégrité du processus démocratique de ratification de M. Lamothe et aux allégations de corruption de certains parlementaires qui auraient été soudoyés pour « approuver sa politique générale » en utilisant des fonds provenant du programme Petro Caribe.

Le débat houleux à la Chambre des députés

Le 3 mai 2012, après six heures de débat intense, 62 des 67 députés ont voté en faveur de la ratification de Laurent Lamothe en tant que Premier ministre. Cependant, ce vote soulève des préoccupations légitimes quant à son caractère éthique et à la conformité avec les règles constitutionnelles haïtiennes. En effet, les pièces déposées par Lamothe n’attestent pas de sa résidence pendant cinq ans en Haïti, une exigence constitutionnelle pour occuper ce poste éminent.

Des irrégularités signalées et des réserves exprimées

Malgré la recommandation favorable du rapport présenté par la commission d’étude du dossier du Premier ministre désigné, le député Vickens Derilus a exprimé des réserves quant aux « irrégularités » constatées. Il est important de noter que Derilus, bien qu’ayant des réserves, a néanmoins apposé sa signature au bas du document par « obligation ». Cette situation soulève des interrogations quant à la pression exercée sur les membres de la commission, ainsi qu’à la possibilité de soudoiement dans le processus de ratification.

Les allégations de pots-de-vin

Au cours du débat, certains députés, dont Fritz Gérald Bourjoly, ont accusé ouvertement leurs collègues d’avoir accepté des pots-de-vin en échange de leur vote en faveur de Lamothe. Ces accusations ont été fermement rejetées par les personnes visées, mais elles alimentent la perception d’une corruption endémique au sein du Parlement haïtien. La situation est d’autant plus préoccupante lorsque l’on considère que des millions de dollars du fonds Petro Caribe, destinés à des projets de développement, auraient été détournés vers des élus et des supporteurs du régime incluant des oligarques.

Un vote « politique » plutôt que « technique »

Certains députés ont défendu leur choix de voter favorablement pour Lamothe, malgré les failles évidentes dans le rapport de la commission. Ils ont soutenu que la situation politique du pays exigeait la mise en place rapide d’un nouveau gouvernement, même si cela signifiait prendre des libertés avec les exigences légales. Ce positionnement soulève des inquiétudes quant à la primauté de la loi et à l’intégrité du système politique haïtien.

Les récentes révélations sur la participation présumée de Laurent Lamothe dans la dilapidation des fonds Petro Caribe, ainsi que les sanctions qui lui interdisent de se rendre aux États-Unis, soulèvent de sérieuses inquiétudes quant à son intégrité et à sa légitimité en tant que Premier ministre d’Haïti. Dans ce contexte, il est légitime de remettre en question le processus de ratification qui a conduit à sa nomination en 2012. Les soupçons de soudoiement des parlementaires pour obtenir leur vote en faveur de Lamothe ajoutent encore plus de doute quant à l’éthique de cette décision loin de l’avis de MINUSTAH, favorable au vote.

Il est crucial de faire toute la lumière sur ces allégations de corruption et de prendre des mesures pour lutter contre la culture de la corruption en Haïti institutionnalisée par es Tèt Kale incluant le régime illégitime de Ariel Henry. La responsabilité de ces actes ne devrait pas se limiter aux individus impliqués, mais devrait également être élargie pour enquêter sur toute personne ayant participé à la dilapidation des fonds Petro Caribe, y compris l’ancien président Michel Martelly et tous les membres de ses administrations?

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