Ariel Henry pour offrir des créneaux à ses ouailles, crée « un autre programme sur fond de corruption », analyse Haïti-Observateur

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Edito du 19 avril 2023: Un autre programme créé sur fond de corruption !

Le Premier ministre de facto n’est pas en reste, à l’instar de Michel Martelly et de Jovenel Moïse qui lançaient des programmes d’aide aux familles démunies dans le but d’enrichir leurs comptes en banque et de favoriser des entreprises dont les propriétaires sont leurs amis.

New York, mercredi 19 aril 2023 ((rezonodwes.com))–

Au moment où un juge d’instruction émet des interdictions de départ, à tribord et à bâbord, à l’encontre de hauts fonctionnaires de l’État, d’une part, et, d’autre part, où l’Unité de lutte contre la corruption (ULCC) en réfère d’autres au commissaire du gouvernement de Port-au-Prince, pour les suites judiciaires, le Premier ministre de facto s’offre de nouvelles opportunités, lance un nouveau programme. Toujours à l’affût d’occasions de grossir ses comptes en banque et ceux de son équipe, Ariel Henry doit certainement se frotter les mains de satisfaction à l’idée que le Fonds monétaire international s’est associé à cette initiative qu’il se propose de financer à hauteur de USD 97, 500 millions $, sur une période de six mois.

Avec la corruption et le détournement de fonds de l’État battant leur plein au sein de l’administration Ariel, rien n’autorise à croire que ces hommes au pouvoir en Haïti, toujours avides de millions, vont résister à la tentation d’ orienter le gros de cet argent vers des fins autres que celles pour lesquelles il est destiné. Sans la mise en place de garde-fou contre les abus se faisant monnaie courante, au sein de l’équipe dirigée par le neurochirurgien, la part du lion de ce financement, mise à la disposition du pays, par le FMI, risque d’atterrir dans des institutions bancaires off-shore, comme c’est trop souvent le cas, sous les régimes tèt kale.

En effet, au cours d’une réunion tenue, le 13 avril, au restaurant Asi, logé à l’Hôtel Caribe, en compagnie des membres de son gouvernent, le Dr Henry a annoncé le lancement de son ‹‹ Programme multisectoriel d’urgence pour l’apaisement et la réinsertion sociale des groupes vulnérables ». Les différentes composantes de cette initiative seront confiées aux compétences de plusieurs ministères. Ceux des Travaux publics Transports et Communications (MTPTC); des Affaires sociales et du Travail (MAST); de l’Environnement (MDE) et du Commerce et de l’Industrie (MCI).

Dans le cadre du paiement de ce projet, l’État haïtien dispose de moins de USD 4 millions $ laissant au FMI la responsabilité de payer les USD 73 800 millions $. Mais un gouvernement dont la gestion des affaires publiques est à bout de souffle, sous le poids de l’incompétence et de la corruption, il y a raisons de craindre l’échec de ce programme, par rapport aux bénéficiaires signalés. Cette préoccupation est d’autant plus justifiée que la version de l’année dernière ce programme avait fini en queue de poisson. Puisque le décaissement des fonds alloués n’avait jamais été effectué totalement, les dirigeants ayant décidé du suspendre les prestations.

Une autre raison de redouter la main mise des escrocs PHTKistes sur les ressources destinées à soulager la crise de la faim des couches démunies d’Haïti, surtout quand ces fonds proviennent de dons faits à Haïti par des entités étrangères. En dépit des mesures de précaution prises par la communauté internationale pour imposer des restrictions à l’appétit glouton des femmes et hommes au pouvoir, en Haïti, la créativité de ces derniers contribue toujours à déjouer les obstacles. Le pays en sait long, surtout durant l’administration de Jean-Bertrand Aristide deuxième version, suivie des régimes PHTKistes (Michel Martelly, Jovenel Moïse et le régime monocéphale d’Ariel Henry).

Commencée avec le prêtre défroqué Aristide, la stratégie des ponctions sur les allocations budgétaires par ce dernier voulant offrir des créneaux à ses ouailles, a continué et s’est même consolidée, sous Martelly et Moïse. Seul chef de l’Exécutif mis en place par le CORE Group exécutant le mot d’ordre des Américains, Ariel Henry en fait sa politique. Ce qui entraîne des manques à gagner embarrassants dans le financement des services publics et le paiement des employés de l’État, notamment des enseignants, ceux de divers ministères et de directions générales, en sus de policiers privés de leurs salaires durant des mois, voire même pour plus d’une année pour d’autres catégories.

La kleptomane, qui caractérise le style de gestion de l’équipe d’Ariel Henry, au pouvoir, devrait mettre en gar de les bienfaiteurs d’Haïti, par rapport à leur volonté d’offrir l’aide humanitaire aux populations nécessiteuses, surtout celles en proie à la famine. D’ailleurs, une étude des Nations Unies, sur le terrain, en Haïti, chiffre à plus de 3 millions le nombre de personnes en crise alimentaire. Aussi, de leur côté, avec leurs alliés, ont-elles annoncé la recherche de USD 720 millions $ pour leur apporter « une aide vitale ».

À l’instar de Michel Martelly et de Jovenel Moïse, qui lançait des programmes d’aide aux familles démunies, dans le but de grossir leurs comptes en banque et d’enrichir des entreprises, dont les propriétaires sont leurs amis, le Premier ministre de facto n’est pas en reste. Aussi, continue-t-il la politique de Jovenel Moïse consistant à prendre à Pierre pour donner à Paul, c’ est-à-dire dépouiller la caisse de l’État pour avoir des millions à détourner. Il semble que cette pratique soit en cours dans les différentes institutions de l’État, dont le personnel, en tête de liste, ministres et directeurs généraux, se voyant laisser les coudées franches.

En effet, la dernière ronde d’inter-dictions de départ émises pour le juge instructeur Jean Wilner Morin en dit long. En attendant les révélations sur d’autres hauts fonctionnaires de l’État concernés par des interdictions de dé-part, les premières sont connues. Il s’agit d’une tentative de nettoyage à la Caisse d’assistance sociale (CAS) dont la directrice générale, Edwine Tonton, l’ex-comptable René Richard, ainsi qu’un employé de l’institution ne sont pas autorisés à voyager à l’étranger. Ces mêmes mesures frappent les dirigeants de l’Administration générale des Douanes (ADG). Car, Romel Bell, ex-directeur général de l’AGD, récemment mis à pied, se trouve sous le coup d’une interdiction de départ. De même que son successeur, Julcème Édouard. Cette liste à toutes les chances de s’allonger, car d’autres directeurs généraux et autres membres du personnel de l’administration publique, dénoncés dans la presse pour corruption, ne tarderont pas à connaître le même sort.

À bien observer l’engagement de nombreux hauts fonctionnaires haïtiens dans la déchéance, on ne peut s’empêcher de conclure à l’universalité de ce crime en Haïti. Cette notion semble se confirmer par le nombre de parlementaires impliqués dans le trafic de drogue; de présidents, Premier ministres, ministres et directeurs généraux accusés de vol du Fonds Pétro Caribe; ou encore d’autres malversations au détriment de la caisse publique dont se font accuser d’autres. Le fait que toutes ces personnes courent encore, continuant à jouir de l’impunité, constitue la conclusion probante du brigandage qui se pratique dans l’administration publique haïtienne.

Mais rien n’incite à croire que ce ‹‹Programme multisectoriel d’urgence pour l’apaisement et la réinsertion sociale des groupes vulnérables » annoncé par Ariel Henry sera traité différemment, que l’équipe au pouvoir soit disposée à renoncer à ses vieilles habitudes. Mieux vaut prévenir que guérir, des mesures sont à l’ordre du jour, afin d’éviter d’ouvrir, encore une fois, la porte bien grande aux trafiquants des ressources du pays.

Haïti-Observateur, éditorial extrait de l'édition du 19 au 25 avril 2023

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