La démocratie recule dans le monde, selon un rapport de la Commission suédoise des droits de l’homme. Haïti, le seul pays de la Caraïbe où s’installe un régime autocrate, dénonce « Challenging autocratisation » dans son rapport annuel 2022
Lundi 6 mars 2023 ((rezonodwes.com))–La vague d’autocratisation que l’on a connue ces dernières années continue de déferler et les progrès des niveaux globaux de démocratie des 35 dernières années ont été effaces, c’est ce qui ressort d’un rapport publié cette semaine par l’institut suédois V-Dem de l’université de Göteborg.
L’étude, intitulée « Challenging autocratisation », indique que 72% de la population mondiale vit dans des autocraties, contre 46% en 2012, et que pour la première fois en deux décennies, il y a plus d’autocraties fermées que de démocraties libérales. Haïti est le seul pays de la région des Caraïbes figurée sur cette liste à coté de sept autres en Amérique latine.
La coalition Tet Kale nommant manu militari sept autres juges à la Cour de Cassation sans aucun compromis et consensus entre des leaders ayant obtenu plus de 1% de voix aux dernières élections, prouve davantage qu’à moins d’une heure de vol d’oiseau des Etats-Unis, c’est le chaos et une dictature qui ne dit pas encore son nom.
Le rapport note également que la liberté d’expression s’est détériorée dans 35 pays l’année dernière et que la censure gouvernementale des médias s’est aggravée dans 47 pays.
Trente pays ont connu une baisse de la qualité de leurs élections et dans 37 pays, la répression de la société civile par les autorités a augmenté.
Alors que seuls 14 pays, regroupant 2 % de la population mondiale, ont enregistré des progrès démocratiques, le nombre le plus faible depuis 1973, et que 42 pays, abritant 43 % de la population mondiale, ont connu le processus inverse.
Quarante-quatre pour cent de la planète (quelque 3,5 milliards de personnes) résident désormais dans des autocraties électorales et 28 % dans des autocraties fermées.
Bien que les démocraties électorales soient le régime le plus répandu dans le monde, avec 58 pays, elles ne couvrent que 16 % de la population mondiale.
Le nombre de pays autocratiques représente également 46 % du produit intérieur brut (PIB) mondial, explique le rapport.
« Ce qui est remarquable dans la progression de la vague d’autocratisation, c’est que ce ne sont pas seulement des pays démocratiques comme le Brésil, le Ghana, la Grèce, la Pologne ou les États-Unis qui sont embourbés dans l’autocratisation. Celle-ci va souvent au-delà de l’affaiblissement de la démocratie pour s’approfondir encore davantage dans des pays comme le Salvador, la Hongrie ou l’Inde », écrit le rapport.
Le rapport par pays
Comme ces dernières années, les pays nordiques figurent en tête du classement des pays démocratiques, établi sur la base d’un indice, avec une valeur maximale de 1 qui comprend des aspects tels que la liberté d’expression et d’association, la qualité des élections et d’autres éléments.
Le Danemark occupe la première place avec 0,89, légèrement devant la Suède et la Norvège.
Et bien que la vague d’autocratisation touche tous les continents, c’est en Asie-Pacifique qu’elle est la plus grave. En effet, parmi les autocraties qui se sont aggravées, le V-Dem cite le Burkina Faso, les Philippines et la Russie.
Dans le cas des Amériques, le rapport note qu’au cours de la dernière décennie, trois pays d’Amérique latine ont amélioré leurs valeurs dans l’indice de démocratie : la République dominicaine, l’Équateur et le Honduras.
Cependant, huit pays ont manifesté des tendances autocratiques : le Brésil, le Chili, le Guatemala, Haïti, le Nicaragua, l’Uruguay, le Venezuela et le Salvador.
Ce dernier pays a vu s’intensifier les « attaques » contre la liberté des médias et les journalistes, indique le rapport, qui ne le considère plus comme une démocratie. Quant a Haiti, c’est le chaos et l’anarchie avec un gouvernement illégitime installe par un “syndicat d’ambassadeurs” accuse de parrainer des gangs armes et criminels.
Le Guatemala, par exemple, est devenu une autocratie électorale, en raison des « attaques » contre le système judiciaire et de la « sape » des enquêtes sur les affaires de corruption.
Créé en 2014 et lié à l’Institut Kellogg pour les études internationales, V-Dem produit un indice annuel de démocratie et d’autres rapports et bases de données utilisés par des organisations internationales comme la Banque mondiale, la Commission européenne et le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD).
