Comment promouvoir les services de prévention et de réponse aux violences basées sur le genre en Haïti ?

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Vendredi 3 mars 2023 ((rezonodwes.com))–

Bruce MacPhail, Francesca Rivelli, Giselle Marie Bello et Manuel Contreras

La violence basée sur le genre (VBG) est l’un des plus grands défis sociaux, économiques et de développement auxquels le monde est confronté aujourd’hui. Au moins un tiers des femmes à travers le monde sont victimes de VBG et des conséquences sur la santé et le développement que cette violence entraîne. Dans les Caraïbes, Haïti connaît des niveaux élevés de VBG, notamment liés aux taux d’incidence inquiétants de la violence domestique. La violence physique touche 29 % des femmes âgées de 20 à 45 ans dans le pays. Dans 45 % des cas, l’acte de violence est perpétré par le partenaire intime.

La VBG représente un obstacle important à la pleine participation des femmes à la vie sociale et économique en Haïti et reste associée à la violence et à l’insécurité. Bien qu’Haïti soit signataire de plusieurs conventions et accords internationaux garantissant les droits des femmes, le pays a encore un long chemin à parcourir pour garantir aux femmes l’égalité des droits et la protection devant la loi.

« Nous ne savions même pas comment identifier les différents types de violence. Nous avons accepté les idées machistes de la société selon lesquelles les femmes sont la propriété de leurs conjoints et que la violence est normale. Je ne savais pas ce qu’était la violence économique, surtout quand c’est un père qui ne prend pas la responsabilité de ses enfants, qui sont alors stigmatisés. » Participant à des activités de sensibilisation

L’accès aux programmes de prévention et aux services d’intervention de base pour les survivantes est extrêmement limité, sous-financé, dépendant de sources externes et affecté par les normes sociales culturelles. Les services disponibles sont presque exclusivement liés à des programmes humanitaires ou réservés à des zones touchées par des situations d’urgence.

L’insécurité croissante dans le pays et la détérioration sociopolitique dramatique ont eu un impact dévastateur sur la vie des femmes et des filles, les empêchant d’avoir accès aux soins de base et aux services essentiels. Les gangs armés, qui ont progressivement étendu leur emprise à Port-au-Prince, utilisent la violence sexuelle pour semer la peur, intimider, assujettir et contrôler les populations locales.

Depuis 2020, la Banque mondiale a reconnu l’opportunité que représente le Cadre environnemental et social pour mieux gérer les risques de VBG dans les projets financés par la Banque mondiale, en particulier l’exploitation et les abus sexuels et le harcèlement sexuel (EAS/HS), et pour améliorer les services d’intervention pour les survivantes. En Haïti, les projets identifiés comme présentant des risques EAS/HS substantiels ou élevés dans les secteurs des transports, de la gestion des risques de catastrophe, et de l’énergie ont adopté des mesures de prévention et de réponse.

Services communautaires centrés sur les survivantes de violence basée sur le genre

Lancé en janvier 2023, le projet « Promouvoir les services communautaires de lutte contre les VBG pour les femmes et les filles en Haïti », soutenu par le Fonds Pour le Renforcement de la Gouvernance et de la Paix, complète le travail d’atténuation des risques avec un accès accru à des services complets adéquats dans des zones ciblées pour les survivantes de VBG, les femmes et les filles exposées au risque de VBG.

« La question des violences faites aux femmes et aux filles est à la base de nombreux problèmes dans la communauté. Les nouvelles activités sont très importantes pour sensibiliser les familles. La mise en place de services, même dans une seule commune du département, peut avoir un effet dissuasif sur les agresseurs.” Elourdes, 59 ans, leader associatif

Le projet soutient :

  • L’amélioration de la qualité et la portée des services pour les survivantes de VBG
  • La promotion de l’autonomisation et la sécurité socio-économiques des femmes et des filles
  • Le renforcement de la résilience grâce à l’amélioration des espaces sûrs pour les femmes et les filles (Women and Girls Safe Spaces), gérés par des organisations locales de la société civile dirigées par des femmes dans quatre localités de la péninsule du sud.

Emplacement des espaces sûrs pour les femmes et les filles soutenus dans le cadre du projet

Les espaces sûrs fourniront aux filles et aux femmes des ressources et des compétences pour prendre des décisions saines dans leur vie afin de pouvoir mettre l’accent sur leurs besoins en offrant des services aux survivantes de VBG et en les orientant vers d’autres services le cas échéant.

« C’est une bonne initiative qui permettra aux jeunes filles de la communauté de se rencontrer dans un environnement sûr, d’avoir des amis en dehors de notre famille et d’être conseillées en cas de difficultés. » Gladys, 14 ans

Les espaces sûrs peuvent être le seul environnement où les survivants peuvent être à l’abri de la menace et de la peur. De nombreuses femmes décrivent comment le fait de pouvoir venir à un espace sûr peut être un soulagement et une occasion de se détendre et de s’exprimer.

« Les séances de thérapie, puis le groupe de soutien, m’ont aidée à reprendre des forces. Cela m’a fait réaliser que je n’étais pas la seule femme à être humiliée, opprimée. Cela m’a aidé à me ressaisir. Mes enfants remarquent ce changement positif. » Survivante en réhabilitation

Les femmes haïtiennes sont des intervenantes communautaires, et même si elles sont souvent les plus touchées, leurs solutions et leurs voix ne sont pas toujours entendues. Ce projet soutient le point de vue selon lequel les organisations dirigées par des femmes doivent être appuyées, en réimaginant les services de protection conçus et dirigés par les mêmes femmes et filles qu’elles servent.

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