L’un de ces cas est celui d’Alexandra, le deuxième prénom d’une femme de 43 ans qui préfère rester anonyme et qui a été violée par un prêtre alors qu’elle se préparait à devenir religieuse à l’âge de 17 ans.
Lundi 13 février 2023 ((rezonodwes.com))–Le clergé catholique portugais a abusé sexuellement d’au moins 4 815 mineurs depuis 1950, selon une commission d’enquête qui a rendu ses conclusions lundi après avoir entendu des centaines de victimes.
« Ces témoignages nous permettent d’établir un réseau beaucoup plus large de victimes, d’au moins 4 815 », a déclaré le pédopsychiatre Pedro Strecht lors d’une conférence de presse à Lisbonne.
L’enquête a été commanditée en 2021 par l’Église du Portugal, un pays à forte tradition catholique. En octobre, une équipe de six experts, dirigée par Strecht, a annoncé qu’elle avait enregistré 424 témoignages légitimes de victimes présumées, mais a prévenu que le nombre total était « beaucoup plus élevé ».
Les faits rapportés révèlent « des situations graves qui ont persisté pendant des décennies, qui deviennent plus évidentes à mesure que l’on remonte dans le temps et qui, dans certains endroits, ont pris des proportions véritablement endémiques », a conclu l’équipe en octobre, lors d’un premier bilan.
La plupart des crimes signalés sont prescrits, mais 25 accusations ont été transmises aux autorités judiciaires, qui ont ouvert des enquêtes.
L’un de ces cas est celui d’Alexandra, le deuxième prénom d’une femme de 43 ans qui préfère rester anonyme et qui a été violée par un prêtre alors qu’elle se préparait à devenir religieuse à l’âge de 17 ans.
« Il est très difficile d’en parler au Portugal », explique Alexandra, qui est aujourd’hui mère de famille, diplômée en informatique et travaille comme aide-cuisinière.
« Je gardais ce secret depuis de nombreuses années, mais je sentais qu’il était de plus en plus difficile de gérer cela seule », dit-elle lors d’un entretien téléphonique avec l’AFP.
Trois ans plus tard, des experts de la commission indépendante ont proposé de l’écouter et de lui apporter un soutien psychologique. En avril, le cardinal-patriarche de Lisbonne et plus haut prélat de l’Église portugaise, Manuel Clemente, s’est dit prêt à « reconnaître les erreurs du passé » et à « présenter ses excuses » aux victimes.
« Les évêques qui demandent le pardon ne signifient rien pour moi. Nous ne savons pas s’ils le pensent vraiment », a répondu Alexandra, qui s’est dite « dégoûtée » par l’église et sa dissimulation des abus sexuels.
Le pape François se rendra dans la capitale portugaise en août pour les Journées mondiales de la jeunesse et pourrait rencontrer des victimes, a récemment indiqué l’archevêque auxiliaire de Lisbonne, Américo Aguiar.