De «lekòl pa ka tann» à l’opération «ti pa, ti pa», le ministre de l’Éducation nationale, Nesmy Manigat s’est fait rattraper par son discours vide et creux de sens qui s’inscrit dans l’objectif d’accélérer l’effondrement de la société en visant le secteur de l’apprentissage. Le projet de «manuel unique scolaire en créole», mal engagé est une prime à l’indécence, à la valorisation de l’incompétence, juge le responsable de l’Union nationale des normaliens haïtiens (UNNOH), Josué Mérilien.
La position de l’UNNOH sur la nécessité d’engager de profondes réformes au sein du système éducatif haïtien n’est plus à démontrer. Elle s’explique à travers plus d’une dizaine de décennies de luttes et d’engagements initiés, rappelle le responsable du syndicat.
Au gré de ces combats intenses, pour rendre compétitif le secteur éducatif, former des citoyens conscients, relever la nation à la dimension de son histoire, des intentions négatives ont tendance à saper les efforts consentis. Le projet de «manuel unique» prôné par le ministre de l’Éducation nationale, Nesmy Manigat figure parmi l’un des programmes qui écœure des acteurs du domaine éducatif.
Loin de prêter le flanc à l’équipe de facto qui gère le secteur, le syndicaliste admet avoir supporté l’initiative de «manuel unique en créole» afin d’espérer une meilleure transmission de la connaissance.
Cependant, la voie choisie pour faire atterrir le «manuel unique en créole», les mécanismes envisagés pour transformer la vision traduisent une volonté de saboter des efforts misés, déplore le syndicaliste. Josué Mérilien évoque des manuels disponibles qui se révèlent des textes débiles qui nécessitent un niveau standard pour optimiser la connaissance.
En outre, la mise en place d’un comité spécial avec pour mission de répertorier et analyser l’univers, le patrimoine scolaire haïtien s’avère indispensable. Cette structure devra, selon les indications de la feuille de route du «manuel unique en créole», produire un texte standard, étoffé et bien articulé.
Josué Mérilien dénonce une opération de traduction littérale des textes francais en créole, une démarche qui est à mille coudées des exigences d’une éducation révolutionnée, dit-il. Le titulaire du MENFP, Nesmy Manigat, fidèle à des slogans à l’emporte pièce pour capter l’opinion, s’improvise avec l’exploitation inconsistante du projet, dénonce-t-il.
Par ailleurs, il critique le plan concocté par le gouvernement de facto et la communauté internationale dans l’optique d’accélérer l’effondrement du tissu social haïtien.
L’insécurité généralisée qui traduit l’expression de l’indifférence des autorités compétentes, la crise du carburant qui obéit aux injonctions des bailleurs de fonds internationaux concourent à la matérialisation de la mise sous tutelle du pays. Josué Mérilien souligne les épreuves difficiles surmontées en 2022 par la population. La dictature criminelle avec une occupation stratégique des quartiers par les gangs en est la preuve.
Il met en avant la situation de Martissant occupée par des bandits sous les ordres de «Izo», la commune de Croix-des-Bouquets contrôlée par «Lanmò san jou» et sa bande des «400 Mawozo», le quartier de Laboule 12 abandonné aux mains de Carlo Petit-Homme «Ti Makak», l’entrée Nord de Port-au-Prince inaccessible en raison de la violence armée sont à l’actif des dirigeants au pouvoir.
De telle configuration résume un fait social inquiétant qui impacte grandement le développement du secteur éducatif.
La crise économique en Haïti pousse des familles dans la pauvreté indigne et accentue les disparités sociales. Avec une inflation galopante dépassant les 47.2%, le professeur de philosophie craint une détérioration critique des conditions de vie des plus faibles avec pour corollaire des familles qui galèrent à répondre à des obligations les plus élémentaires.
Hervé Noël
vevenoel@gmail.com

