Port-au-Prince, 27 octobre 2025. — La « mise au point » rendue publique par les anciens membres du Comité de pilotage de la Conférence nationale résonne comme une confession tardive. Après avoir accepté une mission dépourvue de base légale, sans mandat parlementaire ni allocation budgétaire claire, le groupe tente désormais de se dégager de toute responsabilité dans l’échec du processus constitutionnel.
La note, publiée deux mois après la remise du texte final au Conseil présidentiel de transition, cherche à rappeler que la décision d’un référendum ne relevait pas de leur ressort. Mais cet argument paraît faible : en acceptant de conduire un chantier constitutionnel dans un vide institutionnel, le Comité se savait déjà hors du cadre établi par la Constitution de 1987, laquelle interdit toute révision par voie référendaire.
Les observateurs relèvent une contradiction : le Comité, qui reconnaît n’avoir eu ni budget ni prérogative électorale, a néanmoins poursuivi un mandat dont l’objet même — la refonte constitutionnelle — supposait un débat législatif inexistant. La mise au point du 27 octobre devient ainsi le miroir d’un échec annoncé : celui d’un organe technique qui, dès son origine, s’était engagé sur un terrain illégal et politiquement piégé.
Aujourd’hui, alors que le texte de la Conférence nationale dort dans les tiroirs du pouvoir de transition, la note du Comité apparaît comme une tentative de sauver l’honneur. Mais la responsabilité morale, sinon juridique, demeure entière : accepter une mission inconstitutionnelle, même par bonne foi, revient à légitimer le désordre qu’elle engendre.

