Insécurité : Aux Gonaïves, les banques commerciales sont en panne de liquidités (cash flow)

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Au risque de se faire attaquer par des bandits, les fourgons évitent de traverser Canaan et Pont-Sondé entrainant ainsi un déficit structurel de liquidités au sein du système bancaire haïtien, ce qu’à coup sûr, l’éternel gouverneur de facto de la BNRH, refuserait d’assumer.

Dimanche 8 janvier 2023 ((rezonodwes.com))–Si le premier ministre de facto, le Dr Ariel Henry, s’active à engager la nation dans son «Consensus national pour une transition inclusive et l’organisation des élections», cependant les soucis les plus élémentaires de la population importent peu. Le climat d’insécurité qui prévaut à Canaan depuis plusieurs mois affecte grandement la circulation de devises aux Gonaives, informe le délégué départemental Tchawell César.

Comme si les indicateurs accélérateurs de la descente aux enfers d’Haïti ne suffisent, il faut au quotidien en rajouter d’autres pour faire asseoir le plan machiavélique d’extermination de la population concocté par des élites politiques et économiques rétrogrades. L’alerte sur la situation de bidonvilisation sauvage de Canaan post séisme de 2010 lancée n’a pas eu écho chez les autorités étatiques jusqu’à ce le clou s’est enfoncé avec l’insécurité générée par la multiplication des poches de gang à Port-au-Prince.

Aux Gonaïves, les opérations d’alimentation des banques commerciales en liquidité sont en danger en raison de la réalité de l’entrée Nord de Port-au-Prince et celle de la route de Pont-Sondé menant à Mirebalais dominée par la violence armée, rapporte le représentant de l’Exécutif dans l’Artibonite, Tchawell César. Au risque de se faire attaquer par des bandits, les fourgons évitent de traverser Canaan et Pont-Sondé. Comme conséquence directe, les clients affluent au quotidien devant les banques commerciales. En dépit des files interminables, les responsables des succursales des banques limitent la fréquence des transactions.

Le délégué départemental explique qu’une limite de liquidités est imposée aux clients. Il devient impossible de tirer mille dollars dans une banque commerciale, sinon de diviser l’opération en trois rentrées. Le cas des collectivités territoriales qui galèrent à recevoir une assistance du pouvoir central témoigne d’un dossier urgent. Tchawell César signale les difficultés rencontrées pour faciliter un virement bancaire au bénéfice de certains ASEC et délégués de ville. 

Avec une bureaucratie et une économie pratiquement centralisée, aujourd’hui, le droit à la circulation des biens et des services est rudement mise à l’épreuve d’une insécurité cristallisée par une capitale ceinturée par des groupes armés. À Martissant, la communication entre le Grand Sud et une partie de l’Ouest dépend des caprices du groupe armé «5 segond».

Une partie de Croix-des-Bouquets jusqu’à la route nationale numéro 8 est contrôlée par les «400 Mawozo». Dans les hauteurs de Pétion-Ville, le caïd Carlo Petit-Homme «Ti Makak» maintient la cadence criminelle à Laboule 12. Panorama similaire pour l’entrée Nord occupée par le nommé Jeff qui détient le droit de vie et de mort sur les usagers de la route nationale numéro 1, à hauteur de Canaan.

Avec ce tableau infernal, l’économie paie les frais de la dégringolade et de l’indifférence des pouvoirs publics. Pourtant, il y a moins d’un mois, le directeur général ai de la Police nationale d’Haïti (PNH) s’est accordé une note de satisfecit de son bilan à la tête de l’institution policière. Un rapport qui contraste un peu le contexte de l’insécurité qui empoisonne la paix.

Hervé Noël
vevenoel@gmail.com

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