Dernière imposture d’Ariel Henry: « Un accord voué à l’échec remplace un autre qui a fait échec », titre l’édito de Haïti-Observateur

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Vu l’état de désespoir dans lequel sombre Haïti, on se croyait en droit de s’attendre à une manifestation de bonne foi de la part d’Ariel Henry, en ce sens qu’il devait estimer le moment venu de jouer franc jeu, d’œuvrer vraiment pour le bien de la nation. Mais hélas ! Ayant ses allégeances envers ceux qui ont fait choix de lui comme Premier ministre de fait, il ne se sent pas obligé envers le peuple haïtien. Il ne fait que récidiver avec la publication d’un pamphlet de 9 pages.

« il y a matière à choquer en constatant que le monarque henry Nul est suivi sur le terrain de l’imposture et de la forfaiture par des représentants de groupes dont on attendait mieux ».

New York, mercredi 28 décembre 2022 ((rezonodwes.com))–

Puisque le CORE Groupe, agissant sous la dictée de Washington, est le vrai patron d’Ariel Henry, pour l’avoir placé à la Primature, le peuple haïtien doit adresser leurs dénonciations, griefs et doléances le concernant à ces entités. Après les multiples dérives de ce dernier, notamment les différents accords destinés à favoriser une sortie de crise, délibérément piégés, donc ayant fait échec, il reste à demander à la communauté internationale de rectifier le tir. Mais, auparavant, qu’elle arrête de donner le change, par rapport à la vraie mission du Premier ministre de facto.

En effet, le document de neuf pages, qui s’appelle « Consensus national pour une transition inclusive et des élections transparentes » représente la dernière imposture du Dr Henry, en l’espace de dix-huit mois. Si les accords qui ont découlé des négociations inter-haïtiennes, quasiment sous la supervision des ambassades étrangères, basées en Haïti, n’ont jamais fait l’unanimité, au sein de la communauté haïtienne, cela ne semblait pas préoccuper outre mesure cette dernière. D’une ronde de transactions entre Haïtiens à une autre ayant débouché sur l’échec, les nations tutrices en prescrivent d’autres. Sans pour autant donner des mots d’ordre fermes pour que cessent les manœuvres déloyales annonciatrices de déceptions.

Au moment où la crise multidimensionnelle, que connaît Haïti, s’est considérablement envenimée, au point de porter le chef du gouvernement à solliciter l’intervention d’une force militaire étrangère spéciale, en vue de mâter les gangs armés prenant en otages plus de 68 % du territoire, tel que constaté par la communauté internationale, étaient lancées de nouvelles négociations inter-haïtiennes. Vu l’état de désespoir dans le quel sombre Haïti, on se croyait en droit de s’attendre à une manifestation de bonne foi de la part d’Ariel Henry, en ce sens qu’il devait estimer le moment venu de jouer franc jeu, d’œuvrer vraiment pour le bien de la nation.

Toutefois, il faut rappeler qu’ayant ses allégeances envers ceux qui ont fait choix de lui comme Premier ministre, il ne se sent pas obligé envers le peuple haïtien. Il l’a déjà prouvé, tout au long de sa carrière de dix-huit mois, comme chef de gouvernement. Il ne fait que récidiver avec ce dernier document.

Après toutes les stratégies anti-haïtiennes qu’il a lancées, depuis son arrivée, à la primature, le 20 juillet 2021, sans encourir de blâme de la part de ses patrons, ou bien l’ordre de changer de politique, qui peut prétendre que les résultats de ses négociations ne s’inspirent pas de ses tuteurs ? Surtout quand ces derniers, s’agglutinant derrière les Américains, appuient, sans réserve, les moindres décisions d’Ariel Henry réitérant ses promesses d’« élections », expression magique, récurrente dans les différents accords, et qui s’inscrit dans l’objectif politico-diplomatique de la communauté internationale. Le Premier ministre de facto s’y prête aveuglément, étant partie prenante de la stratégie de la mise en place d’une gestion politique, à long terme, suivant les intérêts de ces pays. Ne faut-il donc pas croire que les rencontres et négociations haïtiennes, ne soient vivement encouragées, voire même exigées, par la communauté internationale et qu’lles ne soient pilotées par celle-ci ?

Voici donc, quoi que fassent et disent ces pays dits tuteurs, pour se défendre de l’accusation leur imputant les crises sociopolitiques d’Haïti et l’échec de la démocratie ayant entraîné la cohorte de malheurs qui s’est abattue sur notre pays, davantage ils leur collent dessus. À cet égard, les décideurs de la politique américaine envers Haïti s’imposent en tant que principaux empêcheurs du développement industriel, économique et politique de notre pays, en sus de l’évolution harmonieuse de sa société.

Non content de l’attitude antipatriotique d’Ariel Henry, à l’égard de ses patrons étrangers, reléguant les intérêts du peuple haïtien à la poubelle, il y a matière à choquer en constatant qu’il est suivi sur le terrain de la forfaiture par des représentants de groupes dont on attendait mieux. Tout au moins un comportement patriotique en harmonie avec les slogans dont ils se gargarisent à longueur de journée.

Il y a beaucoup à reprocher au Premier ministre de facto, dans le document présenté le 21 décembre. Mais le plus insultant, mais encore plus grave, reste le rôle attribué à l’organisme composé de trois membres, qui s’appelle «Haut Conseil de la transition » (HCT). (Gwo non touye ti-chen), ce vocable a été, sans doute, créé pour épater les membres de cet organisme et donner bonne conscience aux concepteurs, nationaux et étrangers, de l’acte criminel et de lèse-patrie annoncé à cette date.

Certes, l’accord trouvé, avec les participants de la réunion du 21 décembre, a pour objectif d’exprimer différemment le rôle que le Blanc entend confier à Ariel Henry, et qui lui fait porter le double chapeau du chef d’État et de celui du gouvernement. Depuis que celui-ci s’est engagé dans les acrobaties de négociations inter-haïtiennes, une telle formule se dégage toujours ultimement. Voilà un Dr Henry « incontournable » planté dans le décor, par les Américains, en tant qu’agent exclusif du Département d’État. En ce sens, Brian Nichols, sous-secrétaire d’État aux Affaires hémisphériques, avait vendu la mèche. N’avait-il pas déclaré, à des hommes politiques et responsables de partis réunis avec lui, lors d’une mission en Haïti, que le chef de gouvernement de facto, bien que sous le coup de l’accusation d’avoir joué un rôle, dans l’assassinat du président de facto Jovenel Moïse, demeure « obligatoire », dans toute solution qui émergerait pour résoudre la crise.

Chose dite chose faite, encore, dans la « conciliation » trouvée entre le Dr Henry et des femmes et hommes politiques, pour la plupart issus du PHTK et de leurs alliés, à cette même réunion d’avant Noël. Le Haut Conseil de la transition, composé de Mirlande Manigat, de Laurent Saint-Cyr et de Calixte Fleuridor, ne fait pas partie de l’Exécutif, ses membres jouant le rôle de comparses. Autorisés à participer aux conseils des ministres, ils y restent des conseillers, sans voie délibérative. Ce qui est différent du Premier ministre de facto, président du Conseil des ministres ayant le dernier mot, dans la prise des décisions, avec celui-là.

À la lumière de tous ces faits, issus du document du 21 décembre 2022, il faut adresser des questions à la communauté internationale. De toute évidence, cet accord vise à concrétiser la mise en garde de M. Nichols, histoire d’assurer qu’Ariel Henry soit celui qui a la responsabilité de rendre les verdicts confortant la politique et la diplomatie des pays tuteurs. Mais, surtout, évitant qu’un « intrus dangereux et inflexible, ou pire » n’arrive aux commandes de la République. Cette stratégie est nécessaire pour préserver les « secrets d’État » gardés précieusement « au nom de la stabilité politique et diplomatique ».

Si les acrobaties, des derniers mois, des Américains et de leurs alliés, pour accoucher d’un accord garantissant la tenue des élections générales, par Ariel Henry, ont tous débouché sur l’échec, qui peut donner la garantie que l’accord du 21 décembre atteindra l’objectif souhaité ?

Après que les dessous des menées malsaines des Américains et de leurs alliés, dans le cadre de leurs politiques haïtiennes, des années 2009 à 2011, qui ont ouvert la porte du Palais national, au Parti haïtien tèt kale (PHTK), le peuple haïtien cesse d’avoir une attitude bon enfant envers les diplomates en mission d’influencer la politique nationale, dans toutes ses dimensions. Aussi, jamais il ne cessera de regimber devant tous les complots montés contre lui, surtout avec la collaboration de ses fils égarés. Le moment est donc arrivé de dire au patron d’Ariel Henry : Halte-là!

caricature: Castro Desroche
Editorial de Haiti-Observateur du 28 décembre au 4 janvier 2023

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