Six siècles d’existence, la ville des Gonaives célèbre la Saint-Charles ce 4 novembre 2022, dans le marasme économique

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bonne fête de la Saint-Charles aux lecteurs de Rezo Nòdwès, natifs des Gonaives, la Terre Salée.

Le panorama de la ville des Gonaives

Fondée en 1422, bien avant l’arrivée des Espagnols, plus d’un demi-siècle plus tard pour décimer la race indienne, la ville des Gonaives a toujours été à l’avant-garde de presque toutes les révolutions menées en Haïti pour l’émancipation de l’homme haïtien. De la Proclamation de notre Indépendance en Janvier 1804 à la rédaction en décembre 1950 de l’une des meilleures Constitutions d’Haïti, cette ville conserve l’histoire d’un passé rendant très fiers les natifs de ce coin de terre « salée«. Pourtant, Port-au-Prince qui refusa depuis longtemps l’autonomie aux villes de province, n’a pas investi assez dans le développement et l’épanouissement de la Cité de l’Indépendance qui dépend manifestement de la capitale.

Gonaives, pour une ville aussi ancienne d’Haiti, ne conserve plus ses caractéristiques coloniales à l’instar du Cap-Haïtien. Son architecture médiévale fut remplacée à cause de peu d’intérêt perceptible dans la décision des dirigeants pour l’historicité de cette ville. La ville présente l’aspect d’une région qui, à son Indépendance, a tiré un trait sur le passé en voulant tout effacer et ignorer des séquelles de l’esclavage infrahumain.

Cependant, il n’existe pas un meilleur endroit en Haïti comme Gonaives où tout étranger est toujours le bienvenu.

Pour une ville qui détenait autrefois non loin du centre-ville une industrie de filature du coton, l’extraction des mines de cuivre, une raffinerie des huiles pour avion, la fabrication des allumettes et les forages de marais salants ; il est vraiment regrettable de constater aujourd’hui son taux aussi élevé du niveau de chômage. Rien ne diffère des autres agglomérations du pays. Les décisions politiques emportent le-dessus que même pour des nominations aux postes techniques, l’intervention de véreux politiciens est comptée. Le plus grand centre hospitalier de l’Artibonite, l’Hôpital la Providence, a beaucoup souffert de ces querelles de chapelle et que sept ans plus tard (4 novembre 2015-4 novembre 2022), n’arrive pas à s’imposer en un vrai hôpital de référence départemental pour la communauté haïtienne.

A l’image du pays, en particulier la Capitale, vivent et respirent les Gonaiviens qui n’ont pas une seule salle de cinéma pour aller se recréer en fin de semaine. La circulation des véhicules, notamment des motocyclettes, frôle l’anarchie dans cette ville qui s’agrandit au rythme d’une mégalopole. Depuis 2004, l’on dirait que le pouvoir lavalas délogé du Palais National par Gonaives d’où était constitué « un bras armé » des GNBistes, avait jeté une malédiction sur cette ville qui a enterré des centaines de cadavres lors du passage de l’ouragan Jeanne, en septembre de la même année. Presque partout à travers la ville, les puits artésiens remplacent le service de distribution d’eau potable minant ainsi tout effort réel des autorités pour réparer les tuyaux recouverts de calcaires et enfouis dans le sous-sol.

Si au début des années ’60, le régime du tristement célèbre Papa Doc s’était servi des Gonaiviens pour chasser les premiers occupants « blancs » des diocèses et les remplacer à juste titre par un clergé indigène, en ne réagissant pas au pillage de l’Evéché des Gonaives, néanmoins, c’est de cette ville historique et héroïque qu’est parti en 1985 le premier cri de « Aba Duvalier«. Le reste de l’histoire, vous le connaissez aussi bien que nous bien que nous constations de nos jours une tendance au retour à une certaine pratique du régime tèt kalé PHTK3 nous rappelant les sombres années de la dictature qui n’a nullement fait avancer le pays. Bien au contraire, Haïti n’est pas plus loin qu’il ne l’était après la chute de Dumarsais Estimé. Pauvre et actuellement classé parmi les cinq pays les plus corrompus de la planète et le plus pauvre de la région.

La ville des Gonaives qui compte autant de ses enfants dans les couloirs décisifs du pouvoir politique à Port-au-Prince, nan Sena avan li vin pa itil anyen se pa pale, n’est pas une ville délaissée par ses fils de la diaspora. Ils sont partis, mais ne l’ont jamais quittée. Ils gardent tous l’espoir que cette ville développe de potentialités nouvelles pour une meilleure exploitation de ses ressources naturelles.

Imaginons un instant une cimenterie à La Pierre (san pwopagann), une industrie implantée à Sources Chaudes pour l’exploitation de ces eaux thermiques, imaginons encore un instant le sel des marais salants des Gonaives dont on pourrait se servir en plus pour faire fondre la neige à New York, à Montréal…Quelle belle et grande ville aurions-nous! Hélas! le politique et le social font partie d’une mauvaise politique d’asservissement et nous en souffrons tous et le pire, certains ne s’en rendent même pas compte trop aveuglés par la défense de petits intérêt mesquins.

Débat : Un retour au bercail des fils authentiques des Gonaives pourrait-il être un remède pour la ville en proie au marasme économique et de dégringolade sociale

Bonne Fête de la Saint-Charles!
Bonne fête à nous les Gonaiviennes/Gonaiviens!

cba

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