Que nous apprend l’annexion des quatre régions ukrainiennes par la Russie

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QUE NOUS APPREND L’ANNEXION DES QUATRE RÉGIONS UKRAINIENNES PAR LA RUSSIE ?

Dimanche 2 octobre 2022 ((rezonodwes.com))–

Sans surprise, après le référendum largement dénoncé par l’Ukraine et l’Occident, le président russe, Vladimir Poutine, a expéditivement ratifié les documents portant sur l’annexion de quatre nouvelles régions ukrainiennes qui se placent désormais sous sa férule.

Dans une adresse à la Nation, le chef du Kremlin a réitéré ses menaces nucléaires à l’encontre de l’Ouest qui, dit-il, cherche à détruire son pays. Avant d’apposer son parafe à ce décret, Poutine a martelé le caractère inamovible de cette annexion en précisant : « Ces régions appartiennent à jamais à la Russie ».

En réaction, le chef de la diplomatie ukrainienne, Dmytro Kouleba, a ridiculisé la décision de Poutine en affirmant qu’elle « ne changera rien » de la réalité du terrain.

Cette énième intervention du leader russe arrive à un moment où son armée essuie des pertes considérables, non seulement sur le plan humain mais aussi sur le plan géographique. Car, de nombreux territoires saisis par l’armée russe reviennent sous le contrôle ukrainien.

Tentant d’interpréter cette nouvelle donne, de nombreux analystes qualifient l’acte posé par Poutine de « désespéré ». Selon eux, vu le tournant spectaculaire que prend la guerre, il y a de très fortes chances que l’armée ukrainienne reprenne le contrôle de toutes ces régions perdues.

L’action de Vladimir Poutine a donné lieu à un véritable chassé-croisé diplomatique. Comme on pouvait s’y attendre, sous l’égide des États-Unis, une réunion spéciale du conseil de sécurité des Nations-Unies a été convoquée en urgence en vue de condamner la Russie. Mais usant de son droit de véto, le gouvernement russe a fait avorter cette résolution.

Selon certains experts, le choix de cette annexion est tout à fait calculé. Pour eux, Vladimir Poutine cherche une échappatoire pour se tirer de l’embarras dans lequel il s’est engoncé. En effet, avec plus de 80 mille soldats morts ou blessés pendant seulement 7 mois de conflit, l’ancien chef du KGB sait pertinemment que les chances pour son armée de remporter cette guerre s’amenuisent devant lui.

Sur le plan strictement conventionnel, il lui sera difficile de damer le pion aux soldats ukrainiens, désormais aguerris par les progrès militaires importants effectués sur les champs de bataille. Boostés par les appuis logistiques et militaires des pays de L’O.T.A.N, la résistance de l’Ukraine atteint son pinacle et désarçonne son adversaire.

D’ailleurs la « mobilisation partielle » de plus de 300 000 réservistes dans les rangs de l’armée russe est perçue comme un aveu d’échec tacite du chef du Kremlin. La logique veut qu’il ne convoquerait jamais un nombre si important de militaires s’il ne se cassait pas les dents sur le terrain.

Mais, étant quelqu’un qui ne recule devant aucun obstacle, Poutine préfèrerait appuyer le sur le bouton nucléaire au lieu de sortir par la petite porte. Voilà pourquoi de nombreux observateurs mettent en garde contre toute tendance visant à minimiser ses menaces.

Dans le même discours relatif à l’annexion, Poutine a fait allusion au largage de la bombe atomique sur Hiroshima et Nagazaki par les Américains comme fondement justificatif eu égard à l’hypothétique décision qui l’amènerait à se servir de l’option nucléaire, lorsqu’il parle de « précédent » tracé par les Américains.

Tout en entretenant le flou sur la réplique éventuelle des États-Unis au cas où la Russie passerait à l’acte, le conseiller américain à la sécurité nationale, Jake sullivan, a tenu ces propos ambigus : « Nous avons communiqué aux russes directement, de façon privée, à un très haut niveau, que les conséquences seront catastrophiques pour la Russie si elle utilise des armes nucléaires en Ukraine. Nous avons été clairs et catégoriques avec eux, les États-Unis répondront de façon décisive aux côtés de leurs alliés et leurs partenaires », sans fournir de détails sur ce que serait cette réponse.

La référence à ce qui s’est passé lorsque les Américains ont utilisé l’arme atomique contre le Japon au cours de la deuxième guerre mondiale est un jeu manichéen habile du leader russe. En clair, c’est une façon pour les dédouaner de toute autorité morale qui condamnerait la Russie.

C’est comme s’il leur disait ‘Si vous l’avez fait, qu’est-ce qui nous empêcherait de le faire, nous aussi’?

En fait, les deux situations ne sont pas superposables. Même si on ne va pas angéliser les Américains, force est de reconnaître toutefois que les Japonais ont été les premiers à lancer le coup de poing, lorsqu’ils ont bombardé Pearl Harbor le 7 décembre 1945.

Là, on a plutôt affaire à une sorte de guerre préventive menée par la Russie qui est de toute évidence jalouse du fait que son voisin veuille se détacher de sa sphère d’influence pour pactiser avec l’Occident.

Mais durant cette guerre, tout le monde a vu la réputation du dur à cuir de Poutine. Il n’aime pas avoir le dos au mur. Sa philosophie de combat se résume dans une anecdote confiée à un journaliste. Il lui expliquait quelque chose qui lui était arrivé un jour dans un appartement qu’il partageait avec ses amis.

Sa résidence était infestée de rats. Lui et ses amis ont pris sur eux de se débarrasser de ces rongeurs. Acculés, presque tous les rats ont pris la fuite, hormis un qui se trouvait coincé dans un mur.

Voyant qu’il était condamné à une mort certaine s’il ne réagissait pas, l’infortuné rat a décidé de passer à la contre-offensive en se jetant sur Poutine. Depuis lors, il dit avoir appris à ses dépens qu’il ne faut jamais badiner avec quelqu’un qui a le dos au mur.

Cette anecdote résume en quelques mots le profil du chef du Kremlin. Avoir le dos au mur est exactement ce qui est en train de lui arriver. Il avait misé gros sur le dénouement heureux et rapide de cette guerre, mais ses calculs sont faussés. Jouissant d’un tempérament irréductible, il ne voudra jamais perdre la face, même s’il faut pour cela hypothéquer la vie de plus de 144 millions de Russes.

Mais, Poutine n’est pas assez déjanté pour ne pas saisir la portée de l’enjeu nucléaire. Il doit comprendre qu’en cas d’une guerre qui ferait appel à des armes non conventionnelles, cela sonnerait le glas pour son régime. Car, il sait que le déclenchement d’une guerre nucléaire signifierait le début de la troisième guerre mondiale. À moins qu’il serait prêt à se lancer dans une mission kamikaze.

Ducasse Alcin.

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