L’OEA dresse un bilan catastrophique de l’action de la communauté internationale en Haïti, soulignant que la crise institutionnelle est son œuvre

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L’OEA dresse un bilan catastrophique de la communauté internationale en Haïti, durant les 20 dernières années, soulignant que la crise institutionnelle est son œuvre

par Odneson Midy

Dans un communiqué de presse, daté du 8 août 2022, l’Organisation des États Américains (OEA) accuse la communauté internationale d’être responsable de la crise que vit Haïti. Pour l’OEA, les 20 dernières années de présence de la communauté internationale en Haïti constituent l’un des échecs les plus importants et manifestes de mesures mises en œuvre et d’actions réalisées dans le cadre de quelqu’action de coopération internationale que ce soit. 

«La crise institutionnelle que vit Haïti est le résultat direct des actions des forces endogènes du pays et de la communauté internationale», a laissé entendre l’OEA dans un communiqué de presse, affirmant que les 20 dernières années de présence de la communauté internationale en Haïti constituent l’un des échecs les plus importants et manifestes de mesures mises en œuvre et d’actions réalisées dans le cadre de quelque action de coopération internationale que ce soit. 

Pour l’Organisation des États Américains, cela n’a rien à voir avec les personnes qui, dans un esprit de service et de façon altruiste, ont travaillé comme coopérants et ont donné le meilleur d’eux-mêmes, et dans certains cas même leur vie, pour Haïti. Nous avons le plus grand respect pour ces personnes, qui méritent notre reconnaissance éternelle. 

Selon le constat de l’OEA, en 20 ans de stratégie politique erronée, la communauté internationale n’a pas été capable de faciliter la construction d’une seule institution ayant la capacité de répondre aux problèmes des Haïtiens, 20 ans plus tard pas une seule institution n’est plus forte qu’elle ne l’était auparavant. 

«Sous le parapluie de la communauté internationale, les bandes criminelles qui assiègent aujourd’hui le pays et son peuple ont fermenté et germé, sous ce parapluie le processus de désinstitutionalisation et de crise politique que nous connaissons aujourd’hui a germé et couvé», a lâché l’OEA.

L’OEA a fait remarquer dans un tableau des résultats catastrophiques du passage de la communauté internationale dans le pays. «Alors, étant donné qu’elle a échoué, la communauté internationale s’est retirée d’Haïti, laissant derrière elle chaos, destruction et violence», a-t-elle fait savoir, en soulignant, qu’actuellement, il est absurde de prétendre que dans ce contexte de destruction, les Haïtiens, complètement seuls, polarisés et disposant de très maigres ressources, pourraient reconstruire ou construire un projet de sécurité, de réinstitutionnalisation et de développement qui permettrait à 12 millions d’habitants de retrouver une coexistence pacifique. Ne disposant pas de ressources, dans un climat de violence, en l’absence de capacités technologiques ou d’accumulation financière, sans rien de tout cela, on tente aujourd’hui de faire croire qu’une solution haïtienne complètement endogène pourrait prospérer. Il n’en est pas ainsi. 

L’OEA a tenu à préciser qu’en l’absence de conditions permettant d’assurer la démocratie et la sécurité, le pays souffre aujourd’hui d’un manque d’idées et de capacités réelles provenant de la communauté internationale, de même que de ses propres problèmes structurels. Une communauté internationale qui n’a jamais su si elle devait laisser la Minustah ou l’emporter, une communauté internationale qui croyait qu’en payant ses propres consultants elle résoudrait les problèmes des Haïtiens. Évidemment, rien de cela n’était possible et rien de cela n’est possible. 

«On ne peut nier que la solution à cette situation revient aux Haïtiens, mais la communauté internationale a elle aussi un rôle à jouer», a-t-elle ajouté.

«La société haïtienne est très vulnérable et très polarisée, ses institutions et ses organisations sont très faibles, et il faut trouver un chemin vers un renforcement à partir du point zéro, si ce n’est pas de plus loin encore», a-t-elle constaté.

Pour l’Organisation des États Américains, cela ne sera pas possible sans réduire la polarisation et sans construire des capacités et bâtir des ponts entre les Haïtiens. «Sans dialogue, c’est impossible», a-t-elle déclaré.

«Pour parvenir à la paix dans le pays, il faut franchir une étape indispensable. Il faut que justice soit rendue pour l’assassinat du Président Jovenel Moïse. Si la vérité n’est pas établie, et si justice n’est pas rendue, il sera impossible d’avancer sur la voie de la réconciliation et de l’entente», a souligné l’OEA.

Selon l’Organisation des États Américains,pour résoudre ces questions, il faut tout d’abord construire les processus suivants : 
• Un processus de dialogue institutionnalisé et inclusif de toutes les forces politiques qu’il serait possible d’y inclure. Dans ce processus, la communauté internationale peut apporter les ressources et établir les ponts entre les parties afin de les renforcer et de les guider sur un chemin qui les mènera vers le renforcement des capacités organisationnelles et institutionnelles. • Un processus électoral crédible, juste et transparent. • Un processus institutionnel de sécurité pour le pays.  

L’OEA croit qu’il est urgent de poursuivre les travaux visant à renforcer la présence de la sécurité et d’entreprendre le processus de démocratisation.

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