Désormais, il appartient au peuple haïtien de dire qu’il a assez encaissé de mensonges de la part d’un Premier ministre illégitime.
Le Dr Ariel Henry n’a rapporté rien de vraiment spécifique dans le cadre de sa rencontre indirecte avec les présidents américain, brésilien et chilien, qu’il a vus, lors d’un dîner offert en l’honneur des chefs d’État et de gouvernement.
New York, mercredi 15 juin 2022 ((rezonodwes.com))
Présent au neuvième Sommet des Amériques réunissant normalement des présidents et chefs de gouvernement élus, le Premier ministre de facto haïtien s’affiche comme un intrus dans toute l’acception du terme. Si les journalistes appelés à couvrir l’événement ne se sont pas attardés sur son statut, cela n’a pas empêché que
l’histoire des crises qu’il assume, avec son équipe, en sus de l’échec qu’il représente, qui l’ont précédé ne soient exposés. Bien qu’il ait tenté de minimiser la gravité de la situation du pays, dans le cadre de son bref discours de circonstance, une des caractéristiques de sa gestion, le mensonge, s’est étalée au grand jour.
En effet, retourné de Los Angeles, en Californie, États-Unis, ville d’accueil du 9e Sommet des Amériques, avec le bagage très mince, en termes de retombées pour le pays, il croyait pouvoir marquer des points politico-diplomatiques en se félicitant de sa rencontre avec le président dominicain, Luis Abinader.
En marge de la Conférence, a-t-il annoncé, dans une communiqué émis par la primature. Dans ce document, daté du 9 juin, on informe que le Premier ministre de facto Ariel Henry et le président Luiz Abinader se sont entendus pour « régulariser » la situation des « immigrants et des travailleurs haï tiens » séjournant en République dominicaine de manière illégale.
De son côté, le premier mandataire dominicain, cité par le quotidien dominicain Listin Diario, dans son édition dominicale, a informé que M. Abinader n’a pris « aucun engagement », par rapport à la régularisation des ressortissants
haïtiens, comme l’a évoqué le Dr Henry. Non plus, en ce qui concerne la
« redynamisation » de la Commission mixte haïtiano-dominicaine, deux éléments cruciaux dans les relations entre les deux pays, ayant donné lieu à une pomme de discorde entre les deux États se partageant la souveraineté de l’île.
Le chef d’État de la République dominicaine a précisé qu’il incombe aux autorités haïtiennes de fournir des «documents officiels haïtiens » à tous les
ressortissants de leur pays se trouvant sur le territoire dominicain.
Dans le cadre de ces mêmes déclarations, Luis Abinader a tenu des propos
qui méritent d’être mis en contexte. Aussi a-t-il averti que « les seules informations valables sur les accords ou discussion’s, dans le cadre du Sommet des Amériques sont celles qui émanent des instances officielles de la République dominicaine ». Cette mise au point semble faire référence aux dispositions annoncées antérieurement par les dirigeants haïtiens qui faisaient croire que des passeports allaient être livrés à tous
les Haïtiens vivant en République dominicaine.
Au bout du compte, un nombre restreint de ces citoyens haïtiens étaient dotés de ce document. La grande majorité de ces derniers n’avait pas les fonds nécessaires au paiement du passeport; et le gouvernement haïtien s’est gardé de faire le suivi de cette opération, ayant refusé de créer des moyens pour rendre le passeport disponible à ceux qui ne pouvaient en payer le coût.
Il semble que le président dominicains ait voulu exposer un dirigeant illégitime faisant du mensonge et du bluff sa manière de gouverner son pays. Menteur invétéré pour ses concitoyens, Ariel Henry n’a pu s’empêcher d’intégrer ce travers dans la gestion de sa politique internationale. Autant dire, les balivernes qu’il introduit dans ses relations avec les leaders étrangers n’impressionnent guère ces derniers. Ce n’est donc pas étonnant qu’en dépit de l’appui que des « pays amis » semblent lui offrir, à l’instar du président de facto défunt Jovenel Moïse, ils n’ont rien fait pour l’aider à résoudre les crises qui ont miné son administration. Cela dit, il faut se demander si ou quand vont atterrir les « retombées », pour le pays, de sa participation, au 9e Sommet des Amériques, promises par le Premier ministre de facto.
En clair, à la lumière des annonces faites par ce dernier, au Salon diplomatique de l’Aéroport international Toussaint Louverture, à Port-au-Prince, de retour de Los Angeles, rien n’autorise à croire que les Haïtiens peuvent s’attendre à un changement effectif de leur condition de vie et de la situation générale du pays, suite à l’aide internationale. Surtout que les rencontres que le neurochirurgien dit avoir eues, en marge du Sommet, en tout cas, telles qu’il les a explicitées, ne recèlent rien de concret.
Tout d’abord, il faut s’interroger, quant à l’apport d’Ariel Henry et de son équipe à cette assise spéciale, qui s’est déroulée sous le signe : « Construire un avenir durable, résilient et équitable pour notre hémisphère ». Car, selon l’adage, on ne peut donner que ce qu’ on a. Nuls, à tous les niveaux de leur administration, que peut-on attendre d’eux, dans l’avancement positive de l’hémisphère. Surtout un pays à la remorque des autres, en plus d’être rivé à l’assistanat d’application négative, sous l’obédience des gangs armés relevant de la pègre.
En effet, au menu des exploits que le Dr Henry prétend avoir réalisés au Sommet des Amériques : cinq projets d’engagements politiques adoptés, à l’occasion de la réunion ministérielle, le 8 juin, dont un Plan d’action sur la santé et la résilience, dans l’hémisphère américain; aussi un programme régional pour la transformation numérique; ainsi qu’un plan d’action interaméricain sur la gouvernance démocratique.
Concernant l’insécurité battant son plein en Haïti, en raison de l’occupation effective de nombreux quartiers de la capitale par les malfrats, il dit en avoir posé ce problème, précisant que ces pays sont bien imbus de la situation d’Haï ti. Aussi a-t-il souligné : « J’ai de bonnes raisons de croire que le soutien que nous recherchons pour notre police
devrait se concrétiser ».
Autres rencontres dont a fait état Ariel Henry: Table ronde, le 10 juin, au tour de ce problème, avec la participation du maire de Los Angeles et d’autres chefs de délégation, ainsi que de représentants de jeunes, une occasion, dit-il, de « réfléchir sur cette problématique ». Ce qui ouvrira, selon lui, des pistes d’action et fournira des « mécanismes » qui permettront de l’affronter. Et M. Henry d’en juger : « Ce fut un
portage d’expérience enrichissant ».
En ce qui concerne l’immigration illégale, le chef de facto de la primature a parlé de ses différentes rencontres, y compris celle qu’il a eue avec les chefs d’État et de gouvernement, parlant de leur Déclaration sur la migration et la protection. Il s’agit, a-t-il souligné, d’un « texte d’engagement de respecter et de garantir les droits des migrants, indépendamment de leur statut, de lutter contre la migration irrégulière, notamment par le financement des projets de développement dans les zones pourvoyeuses de migrants ».
Le Premier ministre de fait a rencontré le secrétaire général de l’ONU autour de la question de l’insécurité et du renouvellement du Bureau intégré des Nations Unies en Haïti (BINUH); et avec celui de l’Organisation des États américains (OEA). Parmi les questions discutées avec Luis Almagro de l’OEA, il a mentionné : Sécurité, organisation
d’élections démocratiques et la coopération qui sera offerte à Haïti.
Avec les dirigeants de la Caraïbe et la vice-présidente des États-Unis, Kama la Harris, il a affirmé avoir discuté des questions relatives à la sécurité, à la criminalité transnationale, au changement climatique, aussi bien qu’au blanchiment d’argent.
Voici comment Ariel Henry a décrit sa rencontre avec le président dominicain : « La question migratoire, la questions de la criminalité transfrontalière et la nécessité de travailler au reinforcement de la coopération entre nos deux pays » ont été discutées.
Le Dr Henry n’a rapporté rien de vraiment spécifique dans le cadre de sa rencontre indirecte avec les présidents américain, brésilien et chilien, qu’il a vus, lors d’un dîner offert en l’honneur des chefs d’État et de gouvernement.
Il s’est également réuni avec une délégation parlementaire des États-Unis composée de 23 membres, dont la présidente, Nancy Pelosi, Maxine Waters, Gregory Meeks, président de la Commission des Affaires étrangères, en sus de Sheila Cherfilus McCornick, congressiste d’origine haïtienne, représentant un district de la Floride. Il a assuré
que « Au cours de ces échanges, les congressmen m’ont promis de continuer à supporter Haïti ».
De toute évidence, dans le cadre des interventions qu’il a faites, après son retour de Los Angeles, le Premier ministre de facto n’a pas fait mention de séance de travail qu’il aurait eue, accompagné de techniciens haïtiens et de leurs homologues étrangers, pour échafauder des projets d’aide à Haïti, comme c’est le cas, à l’occasion des rencontres bilatérales. Selon toute vraisemblance, le président dominicain n’a pas voulu donner l’impression que sa rencontre avec M. Henry s’était déroulées différemment de celles des autres leaders. D’où son démenti formel des déclarations de ce dernier concernant les relations d’Haïti avec la République dominicaine.
On est en droit de conclure qu’, au Sommet des Amériques, à Los Angeles, Ariel Henry n’a fait que confirmer la descente aux enfers du pays, qui s’est accélérée au cours de ces derniers mois, depuis son accession au pouvoir. Il s’y trouvait pour laver le linge sale d’Haïti en public. Aussi bien que pour donner l’occasion au président dominicain de confirmer son statut de menteur pathologique. Désormais, il appartient au peuple haïtien de dire qu’il a assez encaissé de mensonges de la part d’un Premier ministre illégitime.
texte de Haiti-Observateur
volume VOL. LII, No. 24 – édition du 15 au 21 juin 2022
