New York Times|Les Milliards Envolés: Indifférente aux problèmes d’Haïti, la France use de tous les moyens pour faire payer son ancienne colonie

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Si aujourd’hui, on voit des bateaux de réfugiés haïtiens échoués à Cuba, sur les côtes de la Floride, des migrants déportés de la République Dominicaine, des gouvernementaux illégitimes et corrompus au Palais National et à la Primature, le pays sans Parlement, sans Cour de Cassation… tout cela fait partie d’un plan établi en juillet 1825.

En 1826, Haïti épuise ses ressources pour effectuer le premier paiement. Le rapport d’un capitaine de navire français décrit comment l’argent est collecté puis transporté à Paris à l’intérieur de caisses verrouillées.

Mercredi 25 mai 2022 ((rezonodwes.com))–Haïti est le seul pays au monde où des générations de descendants d’esclaves ont versé des réparations aux héritiers de leurs anciens maîtres. Ce sujet évoqué en long et large par le quotidien américain New York Times, après une enquête allant au-delà d’une année, n’a suscité aucune réaction immédiate chez les tenants du pouvoir.

Le fardeau de la dette n’a pas échu à l’élite du pays mais aux cultivateurs de café, par le biais des impôts sur les exportations, ont révélé les journalistes enquêteurs.

En 1825, la France exige que l’indemnité soit réglée en cinq tranches annuelles de 30 millions de francs chacune.

Le montant dépasse largement les maigres moyens d’Haïti. À lui seul, le premier versement représente environ six fois les revenus du pays cette année-là, d’après le célèbre historien haïtien Beaubrun Ardouin au 19e siècle.

Cela fait partie du plan de la France. Le Trésor public d’Haïti est désormais aux mains d’une banque française. Le gouvernement haïtien ne peut ni déposer ni dépenser des sommes sans lui verser une commission.

La France oblige Haïti à souscrire un emprunt pour couvrir le premier paiement. À ce fardeau s’ajoutent les intérêts et les commissions des banquiers français. L’ensemble — l’indemnité et l’emprunt pour la payer — est communément appelé la “double dette” d’Haïti.

À nouveau, les banquiers français se versent de gigantesques commissions. Des agents haïtiens corrompus se servent aussi au passage, siphonnant une grande partie de l’argent.

Officiellement, le dernier versement d’Haïti sur sa double dette date de 1888. Mais pour y parvenir, le pays a contracté deux emprunts supplémentaires de taille, en 1874 et 1875.

Fin 1837, une seconde flotte française jette l’ancre à Port-au-Prince, déterminée à faire payer Haïti.

La France accepte finalement de réduire l’indemnité à 90 millions de francs. Mais pendant près de 70 ans, Haïti paya 112 millions de francs au total, l’équivalent de 560 millions de dollars aujourd’hui, selon nos calculs.

Si Haïti avait conservé ces sommes, le pays se serait enrichi à hauteur de 21 milliards de dollars sur deux siècles, d’après nos estimations.

L’apport économique exact de cette somme est impossible à calculer. Mais les nombreux économistes et historiens qui ont vérifié notre analyse considèrent que notre estimation est, en fait, plutôt basse.

D’autres affirment que si Haïti n’avait pas été contraint de rembourser la double dette, le pays aurait pu connaître des taux de croissance comparables à ceux de ses voisins d’Amérique latine.

Cela porterait notre estimation à une perte de 115 milliards de dollars pour Haïti.

source: Envahissez Haïti, exhorte Wall Street. Les États-Unis s’exécutent. (nytimes.com)

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