Haïti, 26 avril 1963. Une apparente tentative de kidnapping de deux des enfants de François Duvalier, déclencha la furie du dictateur et la répression a suivi

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Le 26 avril 1963, « la bête dévorait tout sur son passage ». Sommes-nous prêts à revivre ces moments tristes de l’histoire avec le régime Tèt Kale-PHTK et les gangs G9 fédérés ?

Maintenir le devoir de mémoire autour du massacre du 26 avril 1963 ! Ce massacre a visé des opposants présumés à la dictature de Duvalier et leur famille, en majorité des militaires. Il s’agit de la plus meurtrière des rafles contre des présumés opposants à Duvalier avant qu’il ne se déclare « Président à vie » l’année suivante.

Lundi 25 avril 2022 ((rezonodwes.com))–

Le massacre du 26 avril 1963 est une série de tueries commanditée par François Duvalier lui-même et commise dans la région de la capitale haïtienne, Port-au-Prince. Ce massacre a visé des opposants présumés à la dictature et leur famille, en majorité des militaires. Il s’agit de la plus meurtrière des rafles contre des présumés opposants à Duvalier avant qu’il ne se déclare « Président à vie » l’année suivante.

Le matin du 26 avril 1963, ce qui s’apparente à une tentative d’enlèvement des deux enfants de François Duvalier aurait déclenché la furie du dictateur et la répression qui a suivi. Plusieurs maisons ont été incendiées avec leurs occupants et des dizaines de personnes assassinées par balles ou encore kidnappées pour ne plus jamais être revues

Le Comité de commémoration du 26 avril 1963 a établi en 2013 la première liste de noms des victimes du massacre du 26 avril 1963. Plusieurs militaires haut-gradés et leur famille s’y retrouvent, dont un bébé de 9 mois.

Cinquantième anniversaire commémoré

En avril 2013, les jours précédents le cinquantième anniversaire de l’événement ont été soulignés par plusieurs témoignages de membres des familles des victimes dans les médias et des lettres ouvertes.

Le 26 avril 2013, une messe simultanée avait été chantée dans différentes églises d’Haïti et de NewYork, Montréal, Paris, Madrid, Bruxelles, Genève, Rome, Québec, Boston, ainsi qu’au New Jersey, en Californie, en Floride, au Panama et à Porto Rico.

Témoignage de Guylène Bouchereau Salès

Ce 26 Avril 1963, à 5h du matin, le jeune frère de mon père, ex-officier de l’Armée, comme lui, venait lui annoncer que la veille, avaient été arrêtés des anc,iens officiers. Après lui avoir cité quelques noms, il lui demanda : « Que penses-tu qu’on devrait faire? » Mon père, Jean Bouchereau, ex-ingénieur de l’Armée d’Haïti, lui répondit: « Avec mes 12 enfants, où veux-tu que j’aille ? Qui voudrait m’aider avec cette longue famille? » Mon oncle parti, Papa très sombre, me dit : « Les nouvelles sont mauvaises; mais habillez-vous pour aller à l’école, moi, après la Banque, je me rendrai à Léôgane faire le paiement de salaire des ouvriers, et je reviendrai vite. »

Rendue à l’école, au Centre d’Etudes Secondaires, voyant que les macoutes connus et puissants de l’époque venaient, en courant, récupérer leurs enfants, pressentant un danger, je demandai à M. Riché, mon prof de math, la permission de quitter la classe et l’établissement. Je partis donc chercher mes jeunes frères et soeurs. En quittant le collège Jean Price Mars, entourée de mes 2 frères, Guy et Anthony, de ma soeur Michèle, nous courions sur l’avenue Jean Paul 1er en direction de l’avenue des Marguerites, au Collège Roger Anglade, pour récupérer les plus petites. Autour de nous, comme des fous, les automobilistes allaient et venaient en trombe. Ils étaient motivés, comme nous, par la peur, mais la peur de quoi? Nous ne le savions pas encore.

Une fois chez nous, on nous annonça que « quelqu’un » avait essayé d’attenter à la vie de Jean-Claude Duvalier, devant le Collège Bird. Ce qui a suivi restera marqué à tout jamais dans la mémoire de toute une génération.

Des tirs se faisaient entendre dans toute la ville; une fumée épaisse, provenant de la maison du juge Benoît, nous fit tressaillir. Notre sœur aînée enceinte arriva, en pleurs, un gros sac en main, nous racontant plus en détail la tragédie. A la « Librairie Sélecte « , pendant que papa achetait son Times magazine hebdomadaire, un ami proche de la famille et sbire de Duvalier, Lucien Chauvet, accompagné de tontons macoutes arrivèrent. De but en blanc, ils demandèrent à voir le propriétaire du magasin, qui était lui aussi un officier de l’armée. Malgré les étroits liens d’amitié qui unissaient notre mère à notre bourreau, Lucien Chauvet, ce dernier, connaissant fort bien l’intégrité de notre père l’ex-officier Jean Bouchereau, ordonna malgré tout de le mettre aux arrêts.

Par la suite, les témoins nous ont raconté que notre père a été poussé dans le coffre d’une voiture, lequel contenait déjà d’autres officiers, connus. La voiture prit la direction du Fort-Dimanche, « Fô lanmô ». Nous n’avons plus revu notre père. Nombreux sont ceux qui, comme nous, ce jour-là, perdirent un être cher. Nombreuses sont les histoires, les unes plus sordides que les autres. Le 26 avril 1963, « la bête dévorait tout sur son passage ».

Au long des années, ma mère reçut de nombreuses visites de solliciteurs. Ils voulaient tous « lui » – notre père – acheter des cigarettes. Nombreux aussi, ceux qui, proches du régime, venaient nous annoncer l’amnistie, et sa libération prochaine, nous permettant de nourrir des espoirs qu’ils savaient faux mais dont ils se nourrissaient pour mieux soutirer des avantages de ma mère.

Ma pauvre mère a passé des années et des années à attendre son retour, bichonnant ses vêtements, préparant ses mets favoris en ayant soin de toujours mettre un couvert de plus. Ma mère passa sa vie à s’interroger sur sa disparition. Et nous, les enfants, continuons à questionner l’oracle sans trouver de réponse. L’a-t-on donné pour être dévoré par les chiens au Fort Dimanche ? A-t-il été tué sur le champ ? A-t-il passé le reste de sa vie dans ces cellules du Fort dimanche ?

Autant de questions restées et qui resteront encore dans les annales du temps, sans réponse, comme se retrouve le mot JUSTICE : sans définition, sans aucun sens. Ceci est mon témoignage, mon vécu du 26 avril 1963. Ma réalité en ce 26 avril 2013, 50 ans plus tard, pour que Vive la Mémoire. La mémoire d’un peuple sans mémoire.- Guylène Bouchereau Salès

La justice n’a jamais dit son mot

Âgé de 61 ans, l’héritier du régime des Duvalier, Jean-Claude Duvalier a été chassé du pouvoir en 1986 par une révolte populaire. Il est rentré à Haïti en janvier 2011 après 25 ans d’exil en France. L’ex-dictateur, responsable de tant de malheurs en Haïti, a vécu en toute impunité au pays aux yeux des victimes de son régime jusqu’à sa mort subite. Il était choyé par le pouvoir Tèt Kale-PHTK et soutenu par quelques révisionnistes et nostalgiques d’un temps qui passe.

Accusé de crime contre l’Humanité, de violation des droits de la personne, de vol, de détournement de fonds et d’autres crimes financiers. La justice n’a jamais dit son mot jusqu’à la mort de Jean-Claude Duvalier. Les fonds que l’on présume avoir été détourné par Jean-Claude Duvalier sous le couvert d’œuvres sociales sont estimés à plus de 100 millions de dollars. La dictature des Duvalier a été marquée par la répression politique et un régime de terreur mené d’une main de fer par une police secrète dont les membres étaient surnommés «tontons macoutes».

Allez-vous laisser faire Ariel Henry, sans mandat constitutionnel? Ses élections-bidons programmées ? Son référendum pour une Constitution déjà rédigée ?

Votre silence est payant autant que vos actions pour sauvegarder les acquis démocratiques du 7 février 1986.

source: Parole En Archipel

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