Entre la Caravane et les ballades, Jovenel Moïse joue à la carte postale !

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La défaite successive de l’État tient toute sa force dans le déni de responsabilité des gouvernants où les promesses de campagne deviennent une malédiction, de plus en plus un concert de dupes

par Me. Elco saint-Amand




Port-au-Prince, mercredi 17 mai 2017 ((rezonodwes.com)).- La défaite successive de l’État tient toute sa force dans le déni de responsabilité des gouvernants où les promesses de campagne de viennent une malédiction, de plus en plus un concert de dupes. Le jacobinisme auquel tout président a participé n’est-elle pas la source du mal haïtien ? L’enjeu va au-delà de la personne de Jovenel Moïse. Cela nous interpelle, tout a disparu sur le terrain du front républicain depuis l’arrivée des deux présidents du PHTK.

Tout est absence d’éthique

Rien ne se démarque de l’indignité et de l’indécence ambiante de ce qui se passe dans les démarches effectuées et entretenues par nos chefs d’État. Faudrait-il continuer à voter pour autant caresser davantage le danger de l’insouciance ? Jovenel Moïse : un subtile mélange de la droite et l’extrême droite, aussi une disparité plus grande entre les couches sociales. Les choix stratégiques du président sont les moins inadaptés aux défis de la « sous-humanité » dans laquelle notre société évolue et ce en complicité avec un Parlement qui se confond les rôles.

Malgré les élucubrations de la nouvelle équipe, on sent dans leurs démarches une sorte d’amateurisme qui se traduit par des visites vides du chef de l’État dans des différentes usines et chantiers se donnant en spectacle pour justifier la ruse de la raison de l’échec de la gauche. Nous nous sommes forcés, par cette voie, de pointer du droit l’infantilisme à la tête de l’État. En effet, depuis l’avènement de M. Moïse au pouvoir, il n’a rien apporté de nouveau, sauf une attitude traditionnelle concoctée et entretenue depuis l’arrivée de PHTK dans la danse politique. C’ est une attitude pour le moins exceptionnelle prévue pour celui qui a été élu sans aucun programme de gouvernement, voire une véritable volonté de porter le pays vers la voie d’un changement capable de renforcer les institutions du pays.

Les visites du président, un acte de déraison

Dans une société où la démagogie est la règle, les incantations deviennent des arguments pour celui qui a jusqu’ici menti au peuple. Notre président est un héritier du népotisme PHTKiste. C’est, en effet, très clairement ex primé quand on regarde le comportement bon enfant affiché par Jovenel Moïse, à l’occasion de ses visites aux chantiers du El Rancho face à Réginald Boulos, pour ne citer que celui là.




En quoi cela va être bénéfique pour l’État ? L’idée que nous avons pu bénéficier de cette panoplie de « visites présidentielles » est que le président de la République de vient, de par sa personnalité, une illustration déprimante d’une carte postale qui se voit passer de chez un marchand à un autre. Un président qui a trop de temps libre. Et, il vagabonde. Nous récapitulons, question de ne pas mentionner l’acte de foi de M. Moïse à la miséricorde de M. Boulos qui joue un rôle désormais déterminant dans le choix des élus du pays.

Pourquoi aller chercher ail leurs quand l’évidence du rien est sous nos yeux ? Nous avons l’heureuse chance d’avoir appris à décloisonner les liens entre la bourgeoisie et la nouvelle équipe. Aussi, la couleur politique étant inexistante, l’échec est déjà à nos portes. Asservisse ment criant. Le président travaille-t- il pour l’intérêt général, au service de la population ? Monsieur le Président avons-nous besoin d’une loi sur la consommation ?

Nous sommes, depuis un certain temps face, à la force des préjugés, un absolu insupportable. La bourgeoisie impose ses lois de marché. À quoi va donc servir la Caravane un spectacle montrant le manque de vision d’un chef ? La caravane est un échec. L’heure n’est plus au folklore, M. le président, mais, de préférence, au travail. M. Jovenel, nous pensons très sincèrement que vous êtes mal parti, aucune caravane ne saurait apporter un brin d’espoir au pays. Un gaspillage de plus. Votre continuité est une discontinuité. Quelle continuité, quand on connaît déjà les vérités sur l’ Agritrans… un mensonge pour accéder au pouvoir.

La caravane est mort-née

À entendre ce slogan, nous nous sommes dit qu’il s’agit d’un nouveau scénario clair et précis pour dérouter l’attention sur les véritables problèmes des habitants de la ville des Cayes, si l’on veut citer un exemple.

Avec qui vous êtes vous assis pour fabriquer cette caravane ? Des flatteurs ou des conseillers ? La question de la volonté générale étant complètement absente, l’argent des contribuables se gaspille comme aux temps des déplacements inutiles de « Gouvènman lakay », une espèce de jacobinisme qui signait l’inefficacité de la symbiose bourgeoise/État, et aussi mettait une fin aux élans de Laurent Lamothe sur la scène politique.

M. le président, pourquoi risquer ce qui n’est plus là : la confiance des citoyens dans leurs représentants ? L’unité ne se fait plus, la communauté citoyenne n’existe pas, l’Haïti de demain est aujourd’hui déjà morte. Alors nous proposons une formule qui veut que l‘enjeu des irresponsabilités aille au-delà de la caravane des butins.

Quand le Parlement fait le jeu de l’exécutif

Avec l’adoption de cette nouvelle loi sur l’UCREF modifiant celle de 2001, les parlementaires (sénateurs et députés) ont donné carte blanche au président de contrôler cette institution qui se voulait être le dernier rempart contre la corruption institutionnalisée dans le pays… et ce, au constat, le principe de droit est aliéné.




Y-avait-il une nécessité de modification de la loi créant et réglementant l’UCREF ? Non ! Depuis la mise en examen de Jovenel Moïse par la justice, suite à un rapport du directeur de cette institution l’indexant pour des actes de corruption, l’UCREF est sur la sellette… Nous rappelons que la loi régissant cette institution donne un mandat de trois ans au directeur et que ce mandat est irrévocable, sauf en cas de graves fautes administratives. Quelles sont les graves fautes commises par Sonel Jean-Francois qui lui ont valu la perte de son titre avant l’échéance de son mandat, si ce n’est que pointer son doigt accusateur sur le couple présidentiel ?

Rédiger un rapport contre les actes de corruption de Jovenel Moïse, bien avant son élection ! Nous mettons en défi que soit installé le nouveau directeur de l’UCREF, en la personne de Fritz Jean, un transfuge du mouvement Lavalas qui s’est embarqué les yeux bandés dans le train du PHTK. Qu’en est-il de la durée du mandat du directeur Sonel Jean-François ? Nous rappelons le cas de l’ancien directeur de l’UCREF, Me. O. Hercule que le gouvernement de Michel Martelly voulait remplacer avant que son mandat ne soit arrivé à terme. Mais il a dû attendre la fin du mandat de ce dernier pour mettre fin à ses services. Pourquoi ne pas prendre en considération le cas de Sonel Jean Francois ? Où sont passées les voix qui défendaient le cas de Me. Hercule ? Ne devraient-elles s’élever pour forcer le président à faire marche arrière ? Malheureusement, les intérêts ne sont plus les mêmes. Sous l’égide de quelle loi le nouveau directeur général de l’UCREF sera-t-il installé ? De toute évidence, ce sera un vide juridique et statutaire, vu que la nouvelle loi n’est pas encore promulguée ?

Quand dans une société, la déraison prime le droit, la raison du droit est carrément déraisonné. Cette nouvelle loi modifiant celle de 2001 créant l’UCREF pourra-t-elle blanchir Jovenel Moïse ? La réponse est un non catégorique. Car, sauf une décision de justice pourra innocenter notre président inculpé. Entre-temps, que fait le juge Brédy Fabien dans ce dossier ? Ira-t-il jusqu’à rendre sa décision sans que l’inculpé ne soit entendu ? On vit en Haïti et on connaît les détours du serrage de la serrure.

M. Moïse, êtes-vous prêt à affronter la justice de la République, même en étant que président ? Cette question reste et demeure la question de l’avenir. Nous pensons qu’il nous faudra, un jour ou l’autre, faire marche arrière en laissant le droit régler les affaires de la politique et éviter ainsi à la politique de régler les affaires de la justice. Ce sera une réponse cardinale face à la dislocation des institutions du pays.
Me. Elco Saint Amand, av.

(texte extrait de Haïti-Observateur, édition du 17 au 24 mai 2017)

 

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