Souverainneté : Guy Philippe, notre Michael Flynn à nous!

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GUY PHILIPPE : NOTRE ‘’MICHAEL FLYNN’’ A NOUS ; LA SOUVERAINETE NATIONALE EN PERIL

par Gumais Jean Jacques, Spécialiste en Aviation Civile et Consultant en Sécurité

Mardi 16 mai 2017 ((rezonodwes.com))– Michael Flynn, ce nom qui ne cesse de revenir dans les grands titres des médias américains, dans un contexte Haïtien, pourrait être prêté pour illuminer les esprits faibles et obscurcis de la nation devant ce grand danger d’intérêt national auquel le dossier de Guy Phillipe devrait interpeller une conscience collective et engendrer une réponse stratégique du point de vue de sécurité nationale.

En effet, ce que les Américains, démocrates et républicains, redoutent de la part des Russes sur le contenu du dossier de Michael Flynn, est aujourd’hui pour eux une opportunité d’intelligence stratégique rocambolesque sur celui de Guy Philippe. Dans une perspective de récupération de souveraineté nationale, la dimension juridique transnationale du dossier de Guy Philippe pourrait péremptoirement saboter toute volonté de reconquête d’un destin souverain pour la République.




Suite aux nombreuses investigations des autorités américaines, principalement celle de la commission d’intelligence des deux chambres du congrès sur une possible interférence Russe dans les récentes élections présidentielles, la peur d’une quelconque complicité entre les membres du cabinet de Donald Trump et des agents Russes rebondisse à Washington et continue de dominer l’actualité. Ce fameux Michael Flynn, ancien conseiller de sécurité nationale de Donald Trump, est de nouveau l’objet d’un feuilleton politique interminable car selon les récentes révélations de Sally Yates, ancienne assistante du Ministre de la Justice sous l’administration Obama, Président Trump avait été averti sur de possibles chantages que son futur conseiller pourraient être l’objet de la part des Russes et que Obama lui-même en personne avait attiré l’attention de Trump sur le dossier. Malgré tout, Michael Flynn avait été nommé conseiller de sécurité nationale et par la suite il a été forcé de donner sa démission pour avoir induit en erreur le vice-président Mike Pence sur ce même dossier de collusion avec un ambassadeur Russe.

Entre autres, une telle situation politique au degré sensible chez oncle Sam ne devrait en toute logique, faire l’objet d’aucune similarité avec le dossier de Guy Philippe. Ce dernier, ancien militaire et commissaire de police, est connu pour celui qui, avec le soutien des américains a provoqué militairement le départ de Jean Bertrand Aristide du pouvoir le 29 Février 2004. Ange pour certains ou démon pour d’autres, le natif de la Grand ’Anse ne faisait pas l’unanimité dans les affaires politiques de la nation. Accusé d’être un narcotrafiquant, un fauteur de trouble, l’homme au cours d’une opération conjointe de la DCPJ avec le DEA, a été arrêté par les autorités Haïtiennes et extradé aux Etats unis pour répondre aux questions de la Justice fédérale américaine malgré son statut de sénateur élu de la République.

Si du moins Michael Flynn ne fait l’objet d’aucun chef d’accusation par la justice Russe et ne se trouve pas derrière les barreaux au pays de Poutine, comme tel est le cas pour Guy Philippe aux Etats-Unis. Cependant, du point de vue de sécurité nationale, l’ancien homme fort de Donald Trump détient à sa disposition des informations classifiées de premier degré, appelées « Top Secret Informations », une gestion irresponsable et imprudente de ces sensibles informations émanant de la plus haute instance de la présidence américaine peut conduire à de graves chamboulements de la stabilité politique et économique des Etats-Unis ; du même coup pour avoir été en connivences avec des acteurs clés de la Russie et monnayé par le media d’Etat russe, il risque de se faire compromettre devant les éventuels chantages russes. Du principe de l’intérêt national, la démission forcée de Flynn préserve la sécurité nationale des Etats-Unis de tout risque d’ inviolabilité et de compromission à titre d’intérêt personnel ou partisan susceptible de mettre en danger la souveraineté de l’Etat Américain.




A cet effet, les similitudes dans le dossier de Guy Philippe comparé à celui de Flynn ne sont pas minces et se revêtent sans ambages ce même caractère d’intérêt national. En effet, pour avoir été soutenu par l’international, principalement par les américains afin de provoquer le départ d’Aristide du pouvoir en 2004, Guy détient, du point de vue de sécurité nationale pour les américains des informations classifiées de second et de troisième degré, appelées respectivement « Secret Information » et « Confidential Information » car celles-ci sont émanés par des agences d’intelligence américaine et des autorités civiles gouvernementales par voie diplomatique.

Dans un article de Haïti Liberté publié récemment, madame Zejika bozanic, l’avocate de Guy aurait déclaré dans l’une de ses requêtes : « Mr Philippe a été une épine aux yeux du gouvernement des Etats-Unis pendant de nombreuses années ». Elle poursuit pour dire que « Mr Philippe a aidé les Etats Unis à évincer l’ancien président haïtien Aristide en coup d’Etat » et des lors, « il avait tout simplement trop d’informations et est devenu un danger pour le gouvernement des Etats-Unis. » Analysant une telle déclaration provenant d’une avocate de la défense pourrait prêter à équivoque vu qu’elle aurait voulu nier les accusations de trafique de stupéfiants et blanchiment d’argent présentées contre son client. Cela n’aurait pas été une stratégie juridiquement viable pour disséminer les évidences du gouvernement Américain. Sans surprise, Guy Philippe accepte finalement de plaider coupable dans un dossier lui-même jugeait de politique et de représailles politiques. En attente d’un éventuel allègement de sa peine par voie de collaboration et entente avec la Justice américaine, Guy fait un choix capital sur son avenir politique et cette décision pourrait menacer la souveraineté nationale Haïtienne.

En conséquence, les informations sensibles que Guy Philippe détient à sa disposition, catégorisées de second et troisième degré pour les américains, sont pour nous autres Haïtiens de premier degré, c’est-a-dire « Top Secret Information ». Dans un pays où l’Exécutif n’est pas à l’abri de soupçon répété de collusion avec l’étranger et surtout dans ce contexte d’occupation internationale maquillée ; Dans une nation où le Législatif est le creuset de luttes à intérêts mesquins et qualifié même d’antinationaliste, ne charriant aucun projet  législatif ambitieux à intérêt d’ordre national ; dans un Etat où la justice est servile et totalement moribonde, Le pouvoir judiciaire aurait été le denier recours pour préserver la sécurité nationale et empêcher du même coup ce continuel effritement de la souveraineté nationale.

Déjà livré entre les mains de l’Etranger, Guy Philippe après son arrestation aurait dû être l’objet d’investigations rigoureuses de la part des plus hautes instances de l’Etat Haïtien pour déterminer le contenu d’intelligence de son dossier mais malheureusement cette culture de gestion d’informations classifiées sensibles nous fait défaut comme Etat-nation. Les intérêts immédiats pour certaines de nos autorités de l’Exécutif et du législatif sont d’ordre partisan et non collectif. De ce fait, dans une logique répétée de quêtes d’une quelconque légitimité internationale complaisante et d’une immunité illégitimement acquise, les dirigeants Haïtiens mettent en danger la souveraineté nationale. Connaissant, la politique stratégique des américains en matière de gestion d’informations sur le long terme, Haïti risque d’élire et de voir accéder au pouvoir des individus au dossier de « compromats », susceptibles d’être l’objet de chantages en vue de livrer à l’Etranger les ressources du pays et affaiblir notre droit naturel comme Etat-nation d’être représenté par des dignitaires honnêtes capables de défendre notre souveraineté nationale en tant que peuple libre.




En définitif, le dossier de Guy Philippe n’est pas une simple affaire juridique a répercussions personnelles et politiquement partisanes. Il comporte d’éléments stratégiques majeurs du point de vue d’intelligence, pouvant définir l’avenir de la République par le biais de la politique étrangère que les Etats-Unis décidera d’appliquer envers Haïti après les aveux de monsieur Phillipe. Assurément, ces informations seront analysées, disséquées et logiquement utilisées à des fins concrètes et utiles aux intérêts américains contre les futurs dénoncés et possiblement contre l’intérêt national. Ange ou démon, Héros ou zéro, Guy Philippe avec ses démêlés avec la justice américaine n’est pas plus grand que la sécurité nationale et non plus au-dessus de la souveraineté nationale. De même que les Américains, dans une optique de préservation de la souveraineté nationale, craignent toute complicité mafieuse de l’administration Trump avec les Russes, Il aurait dû en être de même pour nous autres Haïtiens. Fallait-il nous lier à un accord tendancieux et diplomatiquement déséquilibré ? La récente résolution du Senat Haïtien de dénoncer l’accord a-t-elle été appropriée ? Nous avons besoin de coopération en matière de sécurité internationale certes, mais cependant nous sommes davantage dans la nécessite urgente de renforcer nos institutions d’Etat afin de garantir la stabilité et la sécurité nationale.

L’heure est enfin arrivée pour l’émancipation d’une conscience nationale afin de définir notre intérêt national de peuple et cesse inconditionnellement cette culture de banalisation ou de vassalisation de la Justice Haïtienne. Si nous ne pouvons pas stopper cette hémorragie d’hommes d’Etat fugitifs et présumés bandits, notre souveraineté de peuple sera continuellement en péril car il y a aucune sécurité pour un peuple dont ses dirigeants présents et futurs sont passibles devant la justice d’un autre Etat. La conscience nationale engendre l’intérêt national ; L’intérêt national définit la sécurité nationale et celle-ci préserve la souveraineté nationale. Jusqu’à quand serons-nous conscients ? Jusqu’à quand notre intérêt national de peuple libre sera défini et enfin jusqu’à quand la sécurité nationale sera prioritaire et la souveraineté nationale, non négociable ?

 

Gumais Jean Jacques

Spécialiste en Aviation Civile

Consultant en Sécurité

 

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