Môle/Nord`Ouest : Les discours politiques passent à côté des besoins de la population!

Quand les actions et les discours  politiques au nom de la commune de Môle Saint-Nicolas passent à côté des besoins de la population.

Vendredi 28 avril 2017 ((rezonodwes.com))– Haïti est l’un des pays de la caraïbe qui entamait un processus de transition démocratique interminable depuis après 1986. Des luttes intestines entre les acolytes des différentes tendances politiques :  conservatrices d’une part , réformismes d’autres part ont dominé la scène  politique de 1986 à nos jours.




Dans la constitution de 1987, on a jeté les bases d’un système politique basé sur le modèle de la démocratie libérale occidentale avec trois pouvoirs institués au sein de l’Etat. Ces trois pouvoirs qui étaient fonctionnels depuis après notre indépendance ont été réorganisés autour des valeurs dites démocratiques après les années 86.  Dans cette même constitution et sa version amendée on a défini les  rôles des trois pouvoirs pour faire une rupture non seulement au régime présidentiel où le président détient la totalité  du pouvoir exécutif[1] ; mais également aux pratiques dictatoriales pour implémenter les valeurs démocratiques occidentales dans le pays. Mais,  à un certain niveau, dans la pratique politique haïtienne on a pu constater que  certains  parlementaires dans certains cas oublient leurs fonctions comme parlementaire ou « élu » du peuple.  Ce qui constitue une dérive à la démocratie et à l’Etat de droit.

Les trois pouvoirs de l’Etat devraient être indépendants, c’est-à-dire dans leurs fonctionnements le principe de la séparation des pouvoirs doit être  une vertu partagée par tous. Mais, en dépit de cette séparation, les trois pouvoirs doivent développer des rapports de complémentarité tout en respectant les limites fixées par la loi mère pour le bien être de la nation et  pour le bon fonctionnement de l’Etat. Donc, entre les autorités des trois pouvoirs il faut qu’il y ait des dialogues, des ententes, des rencontres, des réunions et des accords sur tous les objets d’intérêt public.

A travers les réseaux sociaux et les discours de certains parlementaires, on a pu constater qu’un entretien ou un dialogue  avec le président de la république constitue une action ou un acte sacré lorsque nous analysons les réactions et les commentaires des fans de X ou Y parlementaire, alors que  le président de la république dans l’exercice de leur fonction a besoin les élus et les autorités pour discuter sur les actions du gouvernement ou sur les projets que le gouvernement voulait exécuter dans les collectivités territoriales. Le président de la république est un élu légitime, acceptons que les parlementaires sont aussi  des « élus » légitimes. S’ils sont tous des élus légitimes du peuple haïtien, pourquoi s’asseoir  à un président sans même savoir sur quoi, constitue un acte sacré ? Est-ce que ces réactions sont des séquelles qui sont liées à la dictature  des Duvalier?  Parce que, en toute logique les discussions via les réseaux sociaux doivent se dérouler autour du contenu de la rencontre et sur les retombées positives d’une telle rencontre sur les sections communales, la commune ou le département concerné puisqu’un parlementaire peut rencontrer le président de la république pour discuter sur des intérêts mesquins qui n’ont rien à voir  au bien-être collectif. On ne peut pas considérer une prise de photos comme un acte qui tient compte de l’intérêt de la commune sans se questionner sur les causes et les conséquences de la rencontre entre les élus puisque le paraitre n’est pas l’être.




La politique à un certain niveau c’est un art comme disait Platon, n’importe qui ne peut pas le faire en toute logique car, en communication politique les discours, les écrits, les images et le comportement de l’acteur politique sont extrêmement sensibles. Un élu est un mandataire qui représente l’image de leurs mandants, dans ce cas les actions qu’il va poser dans l’exercice de son fonction doivent être calibrées au  besoin et à l’attente des mandants. Généralement les élus croyaient que le peuple est ignorant, c’est-à-dire il ne comprend rien, il se contente à peu de choses durant les temps forts de la vie nationale (fête de fin d’année, fête de pâques, fête de l’agriculture, fêtes patronales, la rentrée des classes). Pour beaucoup d’entre eux ce qui est essentiel c’est de créer des conditions pour pérenniser la pauvreté à travers des actions dites collectives en affectant de manière directe ou indirecte l’intégrité morale, psychologique et physique des citoyens (ne) haïtiens (ne) qui croupissaient dans la misère.

Appel aux élus et à tous les autres acteurs politiques de la commune de Môle Saint-Nicolas : l’ouverture du Port de Môle Saint-Nicolas, les routes reliant la commune d’Anse-rouge et le Môle Saint-Nicolas, des Hôpitaux, des écoles professionnelles, le respect des valeurs de la commune,  des infrastructures routières dans toutes  les sections communales, des centres de loisirs, des places publiques, la valorisation de nos sites touristiques et les problèmes socio-environnementaux constituent les grands défis de la commune.

Au lieu de gaspiller les ressources de l’Etat dans des activités qui sont politiquement favorables à ceux et celles qui veulent rester au pouvoir; socialement injustes par rapport à la manipulation consciente ou  inconsciente du peuple, ce serait mieux de faire des choix qui peuvent réellement changer les conditions de vie des citoyens (ne) de la commune. Comme je l’ai mentionné dans mon premier article sur la nécessité d’une nouvelle pensée politique pour le Nord-ouest, la politique c’est le fait d’avoir la capacité de faire des choix rationnels, j’entends par choix rationnel, toutes actions politiques ou sociales qui visent le bien-être collectif réel sur tous les plans.




Parce que vous faites de la politique, est-ce une très bonne démarche lorsque vous gaspillez de l’argent en posant des actes qui ne peuvent pas résoudre un problème dans toute sa profondeur mais, au point de vue stratégique qui pourraient vous donnez une « popularité » en dehors des valeurs éthiques et morales universelles partagées par toute la communauté. Je suis convaincu qu’il faut démoraliser les faits politiques. Mais pas à ce niveau-là car, actuellement dans le Nord-Ouest, plus précisément au Môle Saint-Nicolas, nous avons besoins : d’abord, des approches et des interventions préventives au lieu des discours ou des actions « sociales ou politiques » qui ignorent totalement les besoins urgents de la population. Il est temps de faire une rupture à la façon dont l’Etat et les ONG font des interventions parce qu’après plusieurs années ces modes d’approches ne donnent aucun résultat positif dans le pays, encore pire le Nord-ouest qui est le département le plus vulnérable avec la présence une panoplie d’ONG.

En guise de conclusion,  ce sont les causes des problèmes qu’il faut attaquer en premier lieu si vous voulez prôner le bien être pour tous. Cessez de faire des interventions politiques pour distraire les gens, pour les manipuler et pour apaiser la misère et la pauvreté puisqu’au fond les interventions politiques ne visent pas à résoudre les problèmes récurrents de la commune. Les problèmes sociaux de bases et environnementaux de la commune, sans une moindre compréhension de la part de certains acteurs, constituent toujours des leviers politiques pour construire des discours démagogiques : les mêmes causes produisent généralement les mêmes effets.

Delson CIUS. Originaire de Mare-Rouge (Môle Saint-Nicolas) / Jeune Sénateur du Nord-ouest au Parlement Jeunesse d’Haïti.

[1] Mirlande Manigat, Manuel de Droit Constitutionnel, p 173