Le procès mondialisé du système capitaliste impérial

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La mise en accusation de ce système destructeur par le Centre de Recherche et d’Analyse en Histoire Contemporaine d’Haïti (CRAHICH) en 217e année de l’indépendance

Vendredi 24 septembre 2021 ((rezonodwes.com))–

L’observation et l’analyse minutieuse, du système capitaliste, d’un simple point de vue humanitaire, indique qu’il s’agit, dès le départ, d’un projet « humanicide » D’ailleurs, il est reconnu par plus d’un que le capitalisme[1] peut tout faire, sauf le bonheur de l’humanité. Car dans son essence, il est l’expression parfaite de la négation du bien-être collectif, d’égalité et de justice sociale.  À contrario, ce système se développe aux dépens des intérêts d’autrui. Les deux principales caractéristiques du capitalisme peuvent être, à elles-seules, justifier l’affirmation ci-dessus. Car, la loi fondamentale du capitalisme réside en : la primauté de la propriété privée des moyens de production ; une dynamique fondée sur l’accumulation du capital productif guidée par la recherche du profit. Cette recherche systématique de la plus-value[2] se fait grâce à l’exploitation des travailleurs par les détenteurs des moyens de production en vue de la transformer d’une partie de cette plus-value en capital[3]. Par exemple, pour se développer, après l’esclavage et le travail forcé, le capitalisme a « enfoncé dans la plaie », à travers les mécanismes d’accumulation primitive du capital, tel qu’il est expliqué par K. Marx dans les chapitres 26 à 33 du livre 1 du capital[4], tout le fondement du capitalisme s’assoit sur le vol, l’exploitation et la domination d’autrui, pour ainsi dire, sur l’assujettissement ou encore sur la déshumanisation, purement et simplement, de l’espèce humaine.  En fait, en établissant les bases de la révolution industrielle du XIXe siècle, Marx a montré clairement comment ce système capitaliste a ses jalons dans le l’esclavagisme, son ancêtre légitime et dans l’accaparement des biens du domaine public de l’État aux dépens de tout le reste de la société. Descendant de l’esclavagisme et du féodalisme, le capitalisme se déshumanise davantage en instituant un dispositif impliquant, à la fois, un mode de production et un système de pensées (l’idéologie bourgeoise) suivant lesquels, s’organisent les rapports sociaux tout en imposant, du même coup, son appareillage de « gouvernementalité[5] ». Il s’agit, pour ainsi dire, d’un système dont le capital prime sur tout, y compris sur la vie humaine. Et, cette vaste « machine » infernale s’érige envers et contre tous via des instruments d’aliénation et de déshumanisation les plus « efficaces » et les plus « efficients » pour le malheur de l’espèce humaine. Ce faisant, un tel système basé fondamentalement sur la corruption, le vol, l’injustice, l’exploitation, l’assujettissement, la domination et même l’abêtissement de l’Homme, nécessite un procès d’exception, mondialisé dont le verdict doit être, inexorablement, la « peine de mort ». En témoignent, pour le moins, ces principaux voies et moyens présentés par Marx, pour expliquer la base du développent du capitalisme impérial contemporain[6] au début du XIXe siècle. Par les capitalistes anglais. L’accumulation primitive du capital s’acquiert à partir de :

  1. L’enrichissement par vagues successives des capitalistes anglais qui ont spolié l’Eglise de ses biens, aliéné les domaines de l’Etat, pillé et enclos[7] les terrains communaux, ce qui entraine la révolution agricole tout en entrainant, par voie de conséquence, l’exode rural et des gains de productivité en leur faveur.
  2. L’explosion des bénéfices du commerce colonial au milieu du XVIIIe siècle en particulier grâce aux plantations sucrières de la zone caraïbes en général, et plus spécifiquement d’Haïti, appelé à l’époque Saint-Domingue, profitant du travail gratuit des esclaves[8].

Par ces faits et motifs, nous déclarons la mise en accusation de ce « système cannibale » et injuste en vue de l’épanouissement et le bien-être du genre humain tout entier. Sachant que les biens de la terre sont suffisants à nourrir tout le monde. Sachant qu’il est un principe inaliénable que personne n’a le droit exploiter autrui ; considérant qu’il s’agisse, pour ainsi dire, des droits naturels, inaliénables et sacrés de l’homme qui sont bafoués par le capitalisme, les hommes étant nés libres et égaux en droits. Ce principe étant consacré par l’article 1e de la déclaration universelle des droits de l’homme[9] et du citoyen de 1791, il est repris dans l’article premier de la déclaration universelle des droits de l’homme[10], proclamée par l’assemblée des nations-unies le 10 décembre 1948 et adoptée à l’unanimité par les 58 États membres qui constituaient l’assemblée générale à l’époque. Il y a lieu d’accuser le capitalisme [dans son fondement même] comme étant un système fonctionnant à contre-courant de tous ces principes « universels » corollaires de ces valeurs d’éthique pris en compte dans les deux déclarations ci-mentionnées, à savoir : le respect de la dignité et de la valeur de la personne humaine. Bref, le capitalisme est, à nos yeux, un système opposant aux droits humains les plus fondamentaux. D’où la nécessité et le fondement de son procès.

L’image du capitalisme en Haïti aujourd’hui s’apparente à l’esclavage du temps colonial

Le capitalisme impérial contemporain garde encore les empreintes de l’esclavagisme[11] en Haïti. Ces individus-captifs transportés et transplantés en Amérique, venus d’Afrique notamment sur les côtes du Sénégal, du Benin, du Congo, du Dahomey et de la Guinée-Bissau, etc. qui constituaient le moteur de l’enrichissement du colonialisme esclavagiste semblent être, à nos yeux : des damnés de la terre pour faire un clin-d ’œil à Frantz Fanon dans son texte publié en France en 1961. Le colonialisme, l’esclavagisme, le racisme et le ségrégationnisme impactent encore notre société. Ce constat patent nous permet de soutenir sans ambages qu’il existe en Haïti un système d’apartheid qui ne dit pas son nom. La persistance ou la perpétuation des caractéristiques essentielles du système esclavagisme (qui perdurent encore à bien des égards), me pousse à me demander si les descendants des hommes et des femmes esclavagisés ne sont pas condamnés à la misère à vie par le capitalisme. En tout cas, les descendants d’esclaves africains d’Haïti, eux-mêmes, dans leur grande majorité, vivent dans une situation infrahumaine, d’une part et le mode de traitement indigne d’un être humain qu’on applique aux ouvriers haïtiens, d’autre part constituent à eux-seuls des exemples parfaits et suffisamment éloquents pour justifier cette similitude du capitalisme (ou l’esclavagisme moderne) à l’esclavage aux siècles derniers. Par, exemple leur salaire de misère aujourd’hui équivaut à $ 5.49[12] pour une journée de huit heures de temps de travail et les conditions exécrables dans lesquelles ils travaillent peuvent en attester. À cela, ne peut-on pas ajouter le non-respect total de la dignité humaine qui est symptomatique des agissements des patrons à l’égard de nos ouvriers-ères et travailleurs et travailleuses dans les usines ? Avec un salaire « poitrinaire[13] » et sans aucun avantage compensatif, ils subissent une forme d’esclavage assoupli et déguisé. Tout compte fait, il parait de toute évidence qu’Haïti et tous les autres petits pays opprimés, à quelques exceptions près, soit condamnée par le capitalisme impériale à une peine infamante. Il est vrai, nous reconnaissons que le genre de traitement que les capitalistes nous inflige est pareil dans d’autres pays dominés, mais il y a lieu quand même de dénoncer, à bien des égards, un agissement de deux poids deux mesures à l’endroit d’Haïti, ce qui mous incite à penser que nous aurions commis un « un crime un pardonnable » à l’instar du « péché originel[14] » au regard de ce système d’exploitation. Est-ce que le fait d’oser choisir de : « vivre libre ou mourir » est un « crime impardonnable » pour le capitalisme mondialisé ? Car, en fait, du XVIe siècle à nos jours les conditions d’existence de ce groupe humains d’origine africaine n’ont pas « fondamentalement changé » comme l’a souligné Luc-Joseph Pierre[15] au sujet de la masse d’esclaves de St-Domingue devenus, au début du XIXe siècle, citoyens haïtiens. Cette catégorie sociale dont le sort semble pérenne n’a de cesse d’être victime au cours du 19e et 20e siècle et ce processus de victimisation devient endémique par la suite, selon l’auteur qui le décrit en ces termes :

Les conditions d’existence n’ayant pas fondamentalement changé aux 19e et 20e siècles, atrocités, maladies, calamites, misères, sous-développement, mortalité, mais aussi croyances, superstitions, ignorance, analphabétisme continuant de se poser en facteur déterminants de la condition humaine pour l’ensemble de ces catégories sociales, l’esclave des 16e, 17e et 18e siècles devenus bossale-marron vivant dans l’exclusion au 19e siècle, puis peyizan-moun mòn victime d’ostracisme au 20e siècle, n’aura pas vu sa situation et son statut évoluer de façon significative pour lui permettre de prendre ses distances de l’état nature et de sortir du climat accablant dans lequel se déroulait son existence.

En ce sens-là, sachant que la liberté et la dignité humaines sont inaliénables, nous soutenons que le capitalisme est un système qui doit être inévitablement combattu jusqu’à sa destruction totale pour instaurer un nouveau projet pour le bien-être et l’épanouissement plein et entier de toute l’humanité sous la base d’égalité, d’équité et de justice sociale.  En effet, il y a lieu d’établir la pleine responsabilité du capitalisme dans la misère, dans les calamités, la précarité et même l’invivabilité la plus abjecte de la majorité de la population mondiale en général, et en particulier celle d’Haïti. C’est dans cette logique que nous nous engageons à dresser au nom d’Haïti cet acte d’accusation contre ce système destructeur mondial qu’il convient, répétons-le, de combattre jusqu’à son anéantissement purement et simplement afin d’instituer un nouvel ordre mondial. Il me semble pour l’instant que le communisme serait l’alternative la plus admirable, la plus viable et la plus humainement soutenable en tant qu’idéal de vie la plus digne du genre humain.

  1. Les méfaits du capitalisme en Haïti du début du XIXe siècle à nos jours.

Dès le lendemain de la naissance de la première république noire du monde, on a dû fait face aux divers fléaux : d’une part deux ans après la proclamation de l’indépendance, les anciens-libres, la nouvelle aristocratie noire et mulâtre a comploté et assassiné l’empereur Jacques premier le 17 octobre 1806 pour s’accaparer des biens et des terres libérées au prix du sang de nos vaillants ancêtres esclavagisés. Alors que jusque-là les anciens-libres ou les fils des anciens colons français détenaient encore 66 % de grande habitation coloniale[16]. En ce sens, en tuant l’Empereur Jacques 1er, c’est le premier coup inaugural de nouvelle oligarchie contre le projet « socialisme dessalinien ». Bien qu’une telle assertion ne fasse pas unanimité chez les historiens et intellectuels haïtiens, il nous parait, pourtant, évident que le libérateur avait un projet de société ave un certain penchant socialiste. Il faudra donc approfondir cet aspect pour y voir plus clair. Car, Dessalines, de son côté voulait étatiser des terres détenues entre les mains des anciens colons de st-Domingue en procédant par la vérification des titres de propriétés dans le but d’aboutir à une véritable réforme agraire peu à peu. En réclamant toutes les terres comme héritages de leurs pères, Dessalines leur avait rétorqué : « et les pauvres noirs dont les pères sont en Afrique, n’auront-ils donc rien ? » Cette réponse a été pour les oligarques une déclaration de guerre, laquelle a conduit à l’assassinat de l’empereur et aussi à l’échec de son projet de bien-être fondé sous la base d’équité et d’égalité. Il s’agissait, pour ainsi dire, d’un coup fatal contre le développement et la poursuite de la révolution anti-esclavagiste, anticolonialiste, antiraciste et antiségrégationniste de Saint-Domingue. Par-delà, les anciens libres entamèrent une contre-révolution active à St-Domingue pour saper la révolution des « va-nu-pieds » et remettre le pays libéré sous l’auspice de la France à condition qu’ils jouissaient un peu plus de droits sociopolitiques.

La « dette » de l’indépendance d’Haïti, un fardeau qui continue encore à peser lourd …

Vers 1820 et 1822 (après la mort du Roi Christophe qui opposait à l’idée de payer une indemnité pour la reconnaissance de l’indépendance), avec le concours d’un dirigeant haïtien, (un traitre, un corrompu), du nom de Jean-Pierre Boyer[17] poursuivant le plan enclenché par son prédécesseur, Alexandre Pétion, un ancien libre, mulâtre comme lui, remet Haïti à la France. Cette dernière impose au pays (depuis lors) une dépendance néocoloniale suivant laquelle, la jeune République était astreinte à acheter son indépendance entre les mains de la France esclavagiste, battue et capitulée à la dernière bataille de vertiere le 18 novembre 1803. Pour ce faire, l’ancienne métropole de la colonie de Saint-Domingue, sous l’égide du Roi de France, Charles X, nous ordonne une ordonnance[18](du 17 avril 1825) suivant laquelle Haïti devait verser 150, 000,000 de francs-ors à la France en guise de dédommagement des anciens colons français et du rachat de la reconnaissance de l’indépendance[19] proclamée, il y a plus de deux décennies.  Précisément le 3 juillet 1825, le pays a été contraint de payer à la France 150 millions[20] de francs-ors destinés à « indemniser » les anciens colons maîtres d’esclaves pour perte « de propriétés », en échange de la reconnaissance de son existence en tant qu’État-nation[21], écrit Jérôme Duval dans un article intitulé : « de la colonisation à l’esclavage économique ». Cette double[22] « dette » fallacieuse a coûté beaucoup à la jeune République tout en enrichissant hideusement, la France. Ce qui fait qu’Haïti a vécu pratiquement tout le XIXe siècle en étant endettée. La France nous a rançonné durant plus d’un demi-siècle après la fondation de notre État-nation, cela s’étend de 1825[23] à 1886, soit 61 ans d’endettement injuste et illégitime. Une somme équivalente à dix ans le budget de la république à l’époque[24]. Cela va sans dire pourquoi, par exemple, aujourd’hui la France[25] est l’un des pays les plus riches (5e) au monde, avec son PIB par habitant qui s’élève à : $ 555421 USD, tandis que Haïti est l’un des pays les plus pauvres de la planète (15e) et surtout celui, le plus appauvri du continent d’Amérique avec un PIB de $ 697 USD[26] par habitant en Avril 2021, suivant les données statistiques du rapport de la Banque Mondiale publié sur son site. Voir la note en bas de page, à ce sujet.

Les préjudices de l’occupation d’Haïti par l’impérialisme Américain, (1915-1934).

            Quelques années après que le pays a fini de verser une somme indue à la France, c’est le tour des Etats-Unis d’Amérique de faire mains basses sur les richesse financières et matérielles d’Haïti via une invasion militaire. Après quelques années de chantages, le 28 juillet 1915, les yankees débarquent sur notre sol en prenant le contrôle de toutes les institutions régaliennes et financières de l’État haïtien. Par exemple, nos ports, aéroports, les douane, le ministère des finances, la banque centrale, etc. Nous avons subi pour ainsi dire au début du XXe siècle les assauts de l’impérialisme américain qui nous a envahi en 1915 et y régné pendant 19 ans en pillant beaucoup de nos ressources naturelles et souterraines y compris nos réserves d’ors à la Banque Nationale de la République d’Haïti (BNRH[27]) ont été volé[28] par l’État américain. Cette somme qui représentait 500 000 francs-ors à l’époque a des conséquences désastreuses sur notre économie tout en ouvrant la voie et en jetant les bases du néolibéralisme.

La dictature sanguinaire des Duvalier fait l’affaire des capitalistes internationaux. –

Par ailleurs, il faut souligner que le début de l’ère néolibéral imposée aux forceps par les puissants dominant à travers leurs IFI[29] coïncide à la chute de la dictature de la dynastie des Duvalier après environ trois décennies de règne soutenu par les puissants pays, « maitres du monde » en gérant leurs intérêts capitalistes. En fait, le capitalisme ne recule devant quoique ce soit. Naturellement il ne se gêna pas à soutenir la monstruosité duvalierienne de 1957 à 1986. D’autant plus que, l’occident, au cours de la période de la guerre froide, avait un bon faux prétexte pour supporter inconditionnellement le fascisme duvaliérien, à savoir que le duvaliérisme est anti-communiste. Car, il a fallu aux USA de se créer des alliés pour l’aider à étouffer la jeune révolution cubaine pour qu’elle ne s’expansa pas. Cette politique agressive contre le communisme a provoqué l’extermination de plusieurs centaines de morts suivant ce que rapporte certains historiens et chroniqueurs. Au cours de cette période, pour ne pas s’inquiéter, le dictateur était disposé à hypothéquer tout l’avenir du pays. Il a, en conséquence, ouvert la voie à l’installation du capitalisme impérial et en faisant d’Haïti une réserve de mains d’œuvres à bon marché suivant l’attribution du rôle et de la fonction d’Haïti dans le déploiement de cet ordre mondial. Ou encore dans le cadre de la division internationale du travail. Cela peut s’expliquer par le nombre d’haïtiens, paysans en particulier qui ont laissé le pays pour aller travailler dans les champs de canne-à-sucre à Cuba et en République dominicaine. Via une bourgeoisie compradore, Haïti se voit imposé la fonction d’entretenir une économie extravertie. Il ne s’agit pas de d’investir dans l’industrie locale, mais plutôt de faire la sous-traitance. Par, exemple l’élimination de notre cheptel : cochon créole, de notre riz, de notre petit-mile, etc. Toutefois, il convient de reconnaitre que le foisonnement des programmes du néolibéralisme, nouveau cadre d’exploitation économique et de domination politique du système capitaliste mondial a connu sa vitesse de croiseur à la chute du régime duvaliériste, ou du moins la véritable mise en œuvre du plan néolibéral est post-Duvalier. D’ailleurs, l’effondrement du mur de Berlin le 9 novembre 1989 va constituer un événement considérable et déterminant pour l’émergence de l’Occident, la dissolution des blocs et du même cours, la chute des régimes communistes en Europe, la dissolution de l’URSS, etc. A cet effet, c’est pour ainsi dire, la « belle époque » du capitalisme dans son déploiement et son expansion mondiale dans le cadre de ce processus qu’on aura nommé plus tard, la nouvelle étape décisive dans ce processus de mondialisation[30] qui a commencé concrètement dès la conquête de l’Amérique à la fin du XVe siècle[31]. Il convient de dire que la mondialisation, parait-il, a été d’abord économique et s’établit en divers étapes au cours des cinq derniers siècles. En ce sens-là par l’ouverture des économies mondiales et le développement des politiques de libre-échanges du début des années 60-70, n’en est-elle pas une étape remarquable aussi ?

b) Le capitalisme « démocratique », ou l’État de droit, a supporté la dictature

            La dictature de la dynastie des Duvalier qui a durée pas moins de 29 ans, est une conséquence directe du capitalisme. Car, pour combattre le communisme (son ennemi acharné), notamment l’expansion de la révolution cubaine de 1959, les puissances capitalistes, notamment les Etats-Unis, ont supporté activement la dictature duvalierienne malgré sa férocité insoutenable entre 1957 à 1986.  Cela a coûté la vie à des centaines de milliers de nos compatriotes, les chiffres des historiens sont variés. Le nombre de disparu au cours de 14 ans de règne de Duvalier Père est énorme. Cette version est considérée comme la plus féroce dans histoire de la dictature en Haïti.  Assassinat exécution, torture, emprisonnement, constituaient les principaux outils de terreur de ce régime. Sans compter un peu plus d’un million exilé qui étaient contraints de quitter leur pays sous peine de connaitre la mort ; ce qui a amputé la société d’une partie importante de ses ressources humaines par une fuite de cerveau émigrés à l’étranger pour aller contribuer à l’enrichissement de ces pays occidentaux en particulier. Mais, il faut souligner que les exilés émigraient aussi dans certains pays d’alma mater, comme par exemple : le Zaïre, le Benin. Une telle situation est profitable encore au capitalisme impérial. Ce qui engendre, quelques décennies après, une société en panne de modèle et d’esprit critique et créant, en conséquence, une absence de repère et une masse critique rabougrie.

Après vingt-neuf ans de dictature, une démocratie de saupoudrage

D’un autre côté, à partir de 1986 marquant la chute de l’ancien régime, l’Occident nous a flanqué sa   démocratie capitaliste ou bourgeoise, taillée sur mesure et basée sur la corruption, la violence et le pouvoir du capital. Ce qui enlève au peuple toute possibilité d’exercice effectif de sa souveraineté populaire, élément nécessaire pour instaurer « sa volonté générale » en instituant une démocratie populaire[32]. La prise et la maintenance du pouvoir devient une affaire de capital. Le capitalisme a tout « marchandisé » jusqu’au bulletin de vote des citoyens. Alors que dans le contexte haïtien, non seulement le bulletin de vote est un leurre, mais encore il n’est pas toujours accessible au citoyen delta. Cette dite démocratie qui est censé le masque du capitalisme impérial mondialisé n’est autre chose qu’un leurre. Ceci n’est pas particulier à Haïti, bien au contraire, cela s’inscrit dans l’ADN même de ce système. Par ailleurs, en considérant le taux d’analphabétisme et celui de la pauvreté du pays, vous conviendrez que la marchandisation ou la manipulation de l’expression populaire est beaucoup plus évidente et catastrophique à propos de notre pays, Haïti. Cette dite démocratie ne reconnait au peuple haïtien que le droit d’aller dans les urnes afin de procurer aux choix des pays capitalistes une façade de légitimité soi-disant « populaire ». Alors qu’il est un secret de polichinelle que c’est le capitaliste impérial, l’Occident ou encore, la communauté internationale qui place SES agents-dirigeants à la tête de l’État d’Haïti. Il est un fait incontestable que 35 ans après le renversement de la dictature, le seul pouvoir qui a été choisi par le peuple, c’est celui émané des élections du 16 décembre 1990, où le président Jean-Bertrand Aristide a été élu démocratiquement au suffrage universel direct par une écrasante majorité. C’était quasiment un véritable plébiscite incontestable. Cela ne saurait un fait anodin quand le candidat du FNCD[33], l’ancien prêtre du mouvement de théologie de libération, a gagné haut la main le scrutin avec un pourcentage de 67.48 % contre 14.22 % de M. Marc Louis Bazin, haut fonctionnaire de la Banque Mondiale et ancien ministre des finances[34] sous la présidence à vie de Jean-Claude Duvalier, du parti MIDH[35]. Etant donné que ce n’était le choix des puissances impérialistes, il n’a pas pu exercer son mandat à deux occasions consécutives. Il est un cas unique dans notre histoire : le seul président a subi deux coups d’État. Il n’a jamais pu terminer un mandat parce qu’il n’entendait pas Obéir servilement aux volontés impérieuses du capitalisme impérial. En matière d’élection en Haïti, c’est la volonté des puissants qui compte, ce sont les intérêts capitalistes qui déterminent qui doit être proclamé vainqueur ou vaincu. Les Républiques capitalistes se sont érigées en obstacles devant le peuple haïtiens dans le combat pour son émergence, son autodétermination et l’implantation d’une démocratie populaire sur la terre conquise par Dessalines le grand, Père fondateur de la première République noire indépendante du monde. Il convient de souligner que le capital a ses limites que les capitalistes eux-mes ignorent. Car, en dépit du fait que la USAID, suivant ce qu’a rapporté Le Monde diplomatique[36], a financé les élections de Marc Louis Bazin, a plus de 36 000 000 dollars américains, il n’a pu obtenir que seulement 14% du scrutin de vote au cours de ces élections du 16 décembre 1990. Cela puissance d’argent a ses limites.

La démocratie occidentale est une vraie pièce de théâtre joué constamment en Haïti

L’analyse de ces faits nous porte à comprendre et à soutenir avec le philosophe Alain Badiou que de notre point de vue de peuple opprimé, cette dite démocratie institutionnalisée, étatique, régulière, normée par l’occident est donc une pièce de théâtre que le capitalisme contemporain est en train de jouer dont le titre est, suivant les propos d’Alain Badiou, « La démocratie imaginaire ». Le capitalisme joue si bien cette pièce en Haïti au point que nous n’avions jusqu’ici qu’une seule occasion d’élire véritablement un président à la têt L’État haïtien, pourtant on persiste à nous faire croire que nous sommes en démocratie et que nous avons le droit d’élire nos dirigeant à la tête de cet État néolibéral qui opère en Haïti sous l’auspice du groupe des pays capitalistes les plus développés, en l’occurrence le G8. Notre pays agit pour leur compte. Tout se fait par et pour le compte de ces donneurs d’ordre, etc. Pourtant, ils parlent éhontément de « démocratie » en Haïti ; sans aucune gêne, l’occident claironne sans arrêt ces slogans fantaisistes, à savoir : d’élections démocratiques, équitables, libres, honnêtes, transparentes et inclusives. Alors qu’il est intrinsèquement impossible qu’il y ait de telles élections dans un pays opprimé fonctionnant sous la houlette d’un État néolibéral. Parce que, comme l’a si bien dit David Harvey, les chiens[37] de garde du néolibéralisme nourrissent une profonde méfiance par rapport à la démocratie. Tout « gouvernement de la majorité est perçu comme une menace potentielle pour les droits individuelles et les libertés constitutionnelles » par le néolibéralisme, a écrit David Harvey,[38] dans sa brève histoire du néolibéralisme. Pour camper ce qu’est le néolibéralisme, l’auteur a écrit ce qui suit :

Les théoriciens néolibéraux nourrissent cependant une profonde méfiance à l’égard de la démocratie. Le gouvernement de la majorité est perçu comme une menace potentielle pour les droits individuels et les libertés constitutionnelles. La démocratie apparaît comme un luxe, possible seulement dans un pays où la prospérité serait à peu près générale et la classe moyenne suffisamment puissante pour que soit assurée la stabilité politique. Les néolibéraux ont tendance à privilégier un gouvernement où siègeraient des experts et des élites. Ils ont une préférence marquée pour un gouvernement par décrets et par décisions de justice, plutôt que pour les processus décisionnels démocratiques et parlementaires. Les néolibéraux préfèrent tenir les institutions clés, comme les banques centrales, à l’abri d’éventuelles pressions démocratiques. Étant donné que la théorie néolibérale accorde une place centrale au droit et à une stricte interprétation de la constitutionnalité, il s’ensuit que les conflits et les oppositions doivent être tranchés par les tribunaux. C’est dans le système juridique que les individus doivent chercher la solution et le remède à tous les problèmes qu’ils rencontrent.

Ceci dit, les crises politiques, l’instabilité politique, la précarité de la classe moyenne, la pauvreté, la misère, les pouvoirs de facto, les pouvoirs impopulaires, incompétents et corrompus sont intrinsèquement liés à ce système. N’est-ce pas dans ce registre qu’il faut interpréter le support inconditionnel du Core-groupe au président, hors la loi, corrompu, sanguinaire et, de surcroit illégitime et illégal d’Haïti, en l’occurrence, Jovenel Moise dont son mandat constitutionnel arrive à terme depuis le 7 février 2021 ? Ne devrait-on pas chercher à bien comprendre le sens des manœuvres des puissances impérialistes durant ces vingt dernières années sur le pouvoir en Haïti, à travers ces lunettes-là que nous propose David Harvey en prenant comme cas d’espèce l’ex-président de la République, Jean-Bertrand Aristide, victime de coup d’état en deux occasions après l’avoir combattu avec acharnement aux élections de 1990 ?  

Le président Jean-Bertrand Aristide, un cas d’espèce dans l’histoire contemporaine d’Haïti

S’agissant de ces élections élisant M. Jean-Bertrand Aristide, le 16 décembre 1990, il conviendra de reconnaitre que ce cas particulier a quasiment été échappé du contrôle du capitalisme, en n’arrivant pas à imposer leur agent bien argenté[39] et bien outillé, en l’occurrence, M. Marc Louis Bazin au timon des affaires après la chute de l’ancien régime. Ce faisant, 7 mois après il a été renversé du pouvoir par un putsch militaire supporté par les « États démocratiques » de l’occident via notamment la CIA[40]. Chassé et exilé, il a dû passer pas moins de 3 ans en exile chez l’Oncle Sam. Il a été retourné au « bercail », sous les conditions imposées par le « capitalisme impérial contemporain » après un long processus de chantage et de formatage d’esprit, de vision et de projet de société. Tout a été revu et corrigé par cette coalition des puissances capitalistes qui s’est nommé encore : l’Occident, monde démocratique, communauté internationale, Pays d’État de droit, etc. Par ce coup d’État, l’occident parvint à enlever la légitimité populaire du président démocratiquement élu en lui réhabilitant au timon des affaires en coupes réglées. Toutes ses décisions devaient être nécessairement entériner par la Maison Blanche avant d’être officialisées.   Car, avec ce retour contrasté on lui rend redevable à l’égard du capitalisme impérial imposant ses lois comme il l’entend. Cette redevabilité doit se traduire dans l’application servile des politiques néolibérales. Depuis lors, tout se fait en Haïti par et pour le capitalisme via ces mécanismes néolibéraux mis en place. Cela entraine, ipso facto, que le pouvoir d’Aristide va devoir changer de cap pour se conformer au plan du groupe des pays capitalistes-oppresseurs.

Une « restauration de la démocratie » par une force d’occupation militaire en 1994

À partir de ce coup de force de l’impérialisme (Nord-Américain en particulier), c’est-à-dire, le renversement et le retour d’Aristide d’exil le 15 octobre 1994, après 3 ans de pirouettes, de dilatoires et de manigances, en collaboration avec les alliés putschistes des Forces Armées d’Haïti, instituées par l’armée américaine avant leur départ du pays en 1934, la matérialisation du plan néolibéral entre d’emblée en exécution en faisant un bond remarquable.  À cette occasion, le capitalisme a fait des bouchées doubles pour instituer ses volontés les plus capitalistiques. Tandis que les USA se chargeaient « de restaurer la démocratie » via une flotte militaro-civile composée notamment de 22 000 marines[41]  et les IFI[42], de leur part, prétendaient apporter la stabilité financière et du développement à travers un plan dit : « plan d’ajustement structurel », ( PAS); à partir de ce moment, il est clair que la souveraineté, à la fois politique, économique et financière du pays se trouve hypothéquée entre les mains de ses créanciers, aux grandes puissances et au « dieu du marché international » pour parodier Sophie Porchellet[43]  dans son article intitulé : construire ou reconstruire Haïti.  Et, l’imposition du plan d’ajustement structurel du FMI et de la Banque mondiale impliquant une campagne de privatisation des principales institutions Étatiques sous le couvert de cette rhétorique vide que : l’État est failli, il est trop faible, il est corrompu, il est donc inapte pour gérer. Il doit les privatiser en les liquidant aux puissances capitalistes qui peuvent mieux les gérer profitablement dans l’objectif de la réduction de la pauvreté et d’augmenter le rendement de la productivité tout en assurant le bien-être de tous et de toutes.  Cela implique que l’État doit volontairement abdiquer sa souveraineté sur les mouvements de biens et de capitaux au profit du marché mondial. La privatisation peut être absorbée par la bourgeoisie compradore qui opère dans le pays tout comme cela peut être fait avec des entreprises multinationales ou étrangères. C’est donc la « liberté de marché » et « le libre-échange » qui s’impose. Par exemple notre système de télécommunication sera acquis par une compagnie du Vietnam, le vietel à 60%. À partir de cette privatisation, la communication en Haïti est devenue un véritable luxe pour les couches sociales défavorisées. Il faut noter qu’en abdiquant sa souveraineté l’État renonce à la fois à sa propriété et aussi à son droit de régulation. Aristide aura tenté de contourner les exigences qui lui ont été faites. Il a résisté un petit peu, mais il n’a pas pu tenir tête jusqu’à remporter la victoire. Pour cette raison au cours de son deuxième mandat (2001-2006), il sera victime d’un nouveau coup-d ’État punitif qui l’obligeait à passer pas moins de sept ans d’exil en Afrique du Sud, où il a été catapulté par le trio : USA-Canada-France. Un seul président, deux coups d ’États en moins que trois quinquennats. Cela ne saurait être un fait anodin. De retour d’exil pour la deuxième fois le Mars 2011, il sera contraint de rester en retrait de la politique active. Toutefois, il est censé rester assez populaire et plus populaire que quiconque au moment où nous écrivons cet « acte d’accusation ». Certaines personnes peuvent aller jusqu’à dire qu’il reste incontestablement un leader d’une certaine « popularité imbattable » et « politiquement redoutable ». Toutefois c’est un avis qui mérite de réserves.

L’omniprésence de la corruption dans le fonctionnement du système capitalisme

A partir du moment qu’on commence à exercer des pressions sur Aristide, au début de son deuxième mandat, pour l’accomplissement de ses promesses, la situation commence à se dégénérer jusqu’à ce qu’Aristide perde la pédale. Il a durci sa position en renforçant sa base sociale. Il a armé quelques milliers d’OP[44] pour la défense de son pouvoir menacé. Pour entrainer ces bases armées et ses partisans pacifiques des quartiers défavorisés, dans les ghettos, il a surplombé les institutions comme la douane et la Téléco, par exemple. La gabegie s’installe. La corruption va commencer à gangrener nos institutions de manière effrayante en partant du plus haut niveau de l’État jusqu’au simple subalterne. Une telle situation a entrainé la faillite effective de certaines institutions étatiques. Car, il a fallu de toute façon, pousser Aristide à la faute par tous les moyens pour pouvoir le discréditer ensuite tout en lui faisant perdre de sa popularité incontestablement acquise. Cela va de soi en sachant que la corruption est l’essence même de ce système ou pour mieux dire, c’est la norme fondamentale du monde capitaliste, comme l’a écrit si joliment, le philosophe Alain Badiou en définissant la corruption comme étant la loi du monde[45]. « L’omniprésence de la corruption » est la loi du monde, écrit-il dans son essai : à la recherche du temps perdu. La corruption est là, partout et toujours. Mais, surtout, dans des pays comme Haïti si appauvri par les causes que nous avons déjà évoquées plus haut, si misérable, en conséquence, vous pouvez supposer combien la corruption peut emporter, en un clin d’œil, les maigres ressources dont dispose le pays, tout en pervertissant quasiment tout le monde. Ce qui provoquera, pour les couches défavorisées : la misère abjecte, le chômage, la privation de services sociaux basics et la faim endémique. Le clan des puissances capitalistes développées a miné le pouvoir entre les mains d’Aristide jusqu’à l’éjecter de sa fonction, une deuxième fois, sur la troisième année de son mandat. Puis, ils installent un pouvoir technocratique sous l’égide d’un haut fonctionnaire de la Banque mondiale, du nom de Gérard Latortue pour mettre en œuvre le chantier qu’Aristide a hésité de démarrer hâtivement et servilement.

Une occasion opportune pour donner le dernier coup de marteau…

La gouvernance de Latortue a été une occasion très propice pour l’implémentation du programme de privatisation et le durcissement des mesures de restructuration politiques et économiques de l’Etat néolibéral d’Haïti. En conséquence, la vie des masses devient plus misérable. La classe moyenne décapitalisée avec une quantité importante de travailleurs, cadres et agents de la fonction publique qui se trouvent en chômage tout bonnement à cause de la privatisation de la majorité des institutions publiques qui a provoqué cette vague de licenciement entre 2007 et 2008. La plupart de ces employés révoqués vont se réfugier en terre étrangère, (en Rep. Dominicaine en particulier) ; d’autres dans les usines de sous-traitance de l’aire métropolitaine. D’autres, au contraire, se sont dirigés dans le transport : conducteur de motocyclette, chauffeur de camionnette, de mini-bus, ou encore, certains vont intégrer ou réintégrer le mouvement des gangs armés. Et, les dés sont jetés. La néolibéralisation triomphe et l’État devient un pot de chagrin. Un État pariât, dépendant totalement de l’extérieur. Ce qui pousse plus d’un à parler d’un Etat fictif au sujet d’Haïti.

Une nouvelle phase dans la néolibéralisation d’Haïti avec la nomination de M. René Préval

Ce plan d’ajustement structurel qui commençait à être matérialisé depuis vers les années 1980 a été systématisé à travers un nouveau document portant le nom de : « Document de Stratégie Nationale pour la Croissance et la Réduction de la Pauvreté, (DSNCRP), élaboré vers les années de 2007 avec l’installation du président René Garcia Préval.  En fait, M. Préval a été clairement « nommé » de force par les puissances impérialistes en vue d’accomplir entre autres, ces tâches. Son accession à la présidence pour un second mandat a été fait en dehors de tous les prescrits constitutionnels. Parce que les résultats de son « élection » n’était pas conforme à la charte fondamentale votée par le peuple haïtien le 27[46] mars 1987, en son article : 134.  Vu que le bloc des oppresseurs, capitalistes ont proclamé la victoire de M. Préval à un pourcentage de 47 % des bulletins de vote. Or, la Constitution prévoit que pour être élu au premier tour, le candidat doit obtenir la majorité absolue[47] de cinquante pourcents plus un (50 + 1 %). Tel n’a pas été le cas. À cet effet, à 47%, il a fallu un second tour. Mais, l’international communautaire[48] a décidé autrement en comptabilisant les votes blancs et les bulletins nuls au prorata pour pouvoir justifier la victoire souhaitée, celui de leur agent, déjà expérimenté au cours du précédent mandat (1996-2001). Très fidèle aux instruments du capitalisme, Préval a terminé ces deux mandats sans manquer même un iota. Ainsi, il a, suivant les diktats de la Banque Mondiale et du FMI, organisé le « départ volontaire » dans les institutions publiques, comme : la CINAH, AD’H, la TÉLÉCO, ED’H, l’AAN l’APN, la MINOTERIE, la CAMEP, etc., etc. Ce qui revient à dire que le Président Préval a été plus fidèle, plus obéissant aux ordres des puissances capitalistes que le président Aristide. Au moins, Aristide a tenté de faire un tout petit peu de résistance devant les blancs racistes. Et, cela lui a coûté très cher. Il aura payé lourdement les conséquences jusqu’à sa mort. D’ailleurs, même l’obéissant Préval n’aura pas connu une fin heureuse. Il sera châtié à être condamné à mort par le club des puissants pour avoir osé dire « l’indicible » une rare fois au peuple haïtien à travers un film documentaire.

Impacts de la privatisation et de la dérégulation des institutions publiques sur la population

En effet, cela entraine que durant ces deux dernières décennies le pays est embrayé vers une paupérisation à outrance. Par, exemple, suivant les chiffres de la Banque Mondiale, plus de quatre millions haïtiens sont actuellement en crise alimentaire aiguë, soit 36.36 % de la population globale vivant en Haïti. A peu près deux millions haïtiens ont laissé le pays pour émigrer en république Dominicaine, au Brasil, au Chili et à des degrés moindres, au Canada et aux USA. Le pays a perdu sa souveraineté alimentaire aussi que sa souveraineté économique.

La domination et l’exploitation du capitalisme en Haïti et les conséquences mortifères

  1. Sur le plan économique (commerce, richesses, production nationale, ressources minières, production agricole ;

Haïti qui était autosuffisante dans les années 1980, est devenu l’un des tout premiers clients du riz étasunien. Les riziculteurs haïtiens ont été ruinés dans les années 1980 par les importations de riz étasunien subventionné qui a envahi le marché et est entré en concurrence directe avec la production locale. Après le démantèlement des protections douanières imposées par les organismes internationaux, les tarifs douaniers sur le riz sont révisés largement à la baisse. Les États-Unis sont aujourd’hui le premier fournisseur du marché haïtien en produit agricole. Or, Haïti importe plus de 80% de riz de sa consommation de l’étranger. Dans la même veine, les cuisses de poulet en provenance des États-Unis qui sortent congelées des containers, entrent directement en concurrence avec les volailles élevées sur place[49].

Le déclin ou le dépérissement de la culture populaire, une bataille gagnée par l’impérialisme

            « Point n’est besoin d’affirmer, d’hypostasier le vodou pour reconnaitre son rôle dans la résistance. Les organisateurs de la grande insurrection de 1791 ont dû sans peine épouser le langage lui-même : il était le leur. Ils n’ont pas eu le temps d’amasser toute la somme de préjugés contre le vodou et la langue du peuple (le créole) que la petite bourgeoisie intellectuelle acquerra plus tard, sur les bancs des écoles et des églises »[50] a écrit le sociologue haïtien, attaché de recherche en sociologie au CNRS, Laënnec HURBON. Notre culture a toujours été une arme puissante entre nos mains dans la lutte pour l’acquisition de notre liberté collective et en diverses autres occasion de résistance. C’est cette voie que nos ancêtres nous ont tracé. Mais, en fait nous nous écartons de cette voie-là et nous nous sommes acculturés. Car, nous sommes toujours colonisés mentalement. Nous sommes en train de vivre la déperdition de la valeur notre culture authentique et de notre langue populaire au profit de la langue de notre ex-colonisateur. Cela est le résultat d’un long processus d’assujettissement à travers les mediums de socialisation et dé-socialisation. Cela entraine qu’aujourd’hui, nous n’avons plus cette arme silencieuse pour combattre le néocolonialisme culturel, mais à contrario nous subissons passivement la guerre impériale culturel qui nous est imposée. Les « assauts » de l’impérialisme ne sont pas seulement politiques ni économiques, mais aussi culturels. Et, ce qui est plus dommageable c’est que les méfaits de l’impérialisme culturel à la vie dure et s’entretient constamment pour se perpétuer. Par exemple, l’esprit de la majorité de nos compatriotes est encore enchainé par les religions occidentales. Nous sommes de plus en plus occidentalisés sous toutes les formes. Cet état de fait nous rend amorphe en nous tenant dans l’inaction sinon dans l’inefficience. Car pour être efficace il faut se doter des moyens d’actions différents que ceux de l’adversaire. On ne bat pas facilement un adversaire sur son terrain propre. C’est bien dans cet ordre d’idée que M. Hurbon a écrit : Les luttes qu’ils menaient (les esclaves) les engageaient les éléments de leur cohésion : d’abord une langue, le créole, qui n’est pas un cadeau du maitre ; ils l’ont créée, c’est pour communiquer entre eux et sortir du mutisme dans lequel on veut les enfermer[51]. Tout compte fait, on est enclin à soutenir que (parait-il) nos ancêtres esclavagisés étaient plus « intelligents » que nous aujourd’hui sur ce plan-là. Car, même en ce qui concerne la religion, ils ont pu puiser certains éléments culturels dans la religion des vainqueurs (des maitres) pour enrichir, sinon renforcer les leurs. Tandis qu’en ce qui concerne les générations d’aujourd’hui, quant à l’aliénation, nous en sommes frappés de plein fouet et nous n’y pouvons rien. A cet effet, nous sommes, pour ainsi dire, voués à un bovarysme obsessionnel et collectif qui nous porte à aimer notre oppresseur plus que nous-mêmes tout en le prenant comme modèle à imiter afin de devenir lui-même.

Or, nous devons, tout au contraire, lutter avec notre culture populaire dans cette « guerre » de culture impérialiste. Notre culture est d’ailleurs intrinsèquement une culture de résistance qui est née dans la lutte pour l’existence dans la lutte pour la liberté, l’autonomie et l’autodétermination. C’est à peu près le sens des propos de Michel Rolph Trouillot dans une mise au point sur la naissance de la culture haïtienne, cité par L. Hurbon[52] :

Pandan kilti natif-natal-la ap leve, kilti kolon yo ap frape-l, kilti natif-natal-la ap reponn pandan l’ap sevre- a. Sé yon kilti ki fèt nan goumin. Li pa fèt anvan, li goumin apre. Li fèt pou tèt li tap goumen[53]. L’occident a combattu systématiquement notre culture tout en nous imposant la leur. Ce faisant, en devenant des aliénés qui sont, par conséquent plus manipulable, taillable et corvéable à merci, nous nous somme fait avoir comme des dociles petits moutons. Alors que bien au contraire nous devons donc résister par notre culture contre l’idéologie bourgeoise qui nous traite culturellement avec condescendance en jetant un regard raciste sur nous-mêmes et sur notre culture de peuple.

Le capitalisme a empoisonné notre éducation

Nous avons non seulement un système éducatif faible, mais encore une éducation colonisée. Parce que notre éducation aussi subisse les influences des puissances impérialistes. Notre éducation n’est pas exempte du diktat de l’international communautaire[54]. Notre éducation n’est pas centrée sur notre histoire, notre réalité sociale et culturelle. Qui pis est, elle fonctionne à l’image de notre économie. C’est une éducation de marché, une éducation d’ouvrier qualifié. Cela correspond à la même logique de la division internationale du travail. Ce faisant, nos gens instruits sont formés pour l’étranger, car il maitrise mieux la culture occidentale que celle de nos ancêtres africano-caribéeno-haïtiens. Nous nous ignorons nous-mêmes en connaissant l’occident. C’est pour ainsi dire que l’école et l’université en Haïti ne sont pas des institutions haïtiennes à proprement parler, mais plutôt des institutions ayant pour rôle de préparer, de former les cadres, les fidèles serviteurs du système d’apartheid qui ne revendique pas son nom, dans lequel nous vivons. Autrement dit, des instruments, ou des chiens de garde du statuquo ante. Cette critique ne date pas d’hier, malheureusement, il est censé devenir une constante du système d’enseignement en Haïti depuis la naissance d’Haïti. Pour corroborer mes propos, je vous propose de lire un extrait d’un article du bulletin de l’OR-18 Mai Démocratie Nouvelle. Haïti, publié en février 1973, au numéro 13-14, dans lequel on peut lire ceci, en parlant des classes féodales compradores : « elles incluent aux jeunes le respect de ce qui est étranger, la soumission à la culture étrangère, le mépris d’eux-mêmes, de leur peuple, le manque de confiance en ses forces. Les bourses, les stages en métropole, les voyages d’études viendront parachever cette œuvre et il n’est pas rare de voir nos jeunes cadres soutenir la position, les points de vue et les méthodes des puissances néo-colonialistes et racistes »[55]. De surcroit, pas moins de 80% de nos diplômés émigrent[56] à l’étranger, là ils peuvent gagner leur vie en s’épanouissant dignement et en rêvant une vie de bonheur.

La fonction réelle de l’école et des universités en Haïti est de classe

Comme nous l’avons évoqué dans le paragraphe antérieur, notre système éducatif n’est pas épargné de la mainmise du système capitalisme qui ne veut que des ouvriers dociles, des soumis pour être utilisé sur le marché international du travail. Je voulais dire que ce problème est très actuel, il est manifestement un des plus grands obstacles qu’a dressé l’impérialisme pour maintenir dans la domination les petits peuples. C’est exactement ce qu’a dénoncé avec véhémences l’auteur de l’article précitée, en écrivant plus loin :

Ainsi, l’école, l’université en Haïti, sont des institutions qui ont pour rôle de préparer, de former, les cadres, les fidèles serviteurs du système féodalo-compradore. Entièrement étrangères aux véritables intérêts et aspirations des masses populaires, elles fonctionnent pour répondre aux besoins du système féodal. Ce sont de vrais corps étrangers dans le pays, coupé du peuple, de la réalité, de la société et dont la fonction essentielle est la préparation des fantoches dont l’impérialisme a besoin pour maintenir son exploitation et sa domination sur le pays. Aussi, ces institutions jouent-elles une fonction de classe précise, diffusent-elles une idéologie de classe qui est celle des réactionnaires locaux et des exploiteurs étrangers.

En définitive, le problème d’enseignement reste un défi majeur dans la mesure où l’éducation n’est pas assurée de manière indépendante par l’État néolibéral haïtien. Parce que le système éducatif est détenu par le privé à plus de 88%[57] dont le plus fort pourcentage se trouve entre les mains des églises occidentales, catholique détient u peu plus de 24% l’église protestante 35% tandis que le reste est partagé par les particuliers, les municipalité et l’État qui ne s’occupe qu’à peine 10% de l’offre scolaire. En ce qui concerne, les matériels pédagogiques, ils sont quasiment le privilège de l’Église catholique romaine. Les principaux manuels de référence sont produits par les F.I.C[58]. C’est une véritable industrie de zombification fonctionnant à multiples vitesses. Non seulement, il n’existe pas d’éducation universelle ni de qualité, mais encore, le plus invraisemblable, c’est que l’école en Haïti se fait à l’aide d’une langue seconde : le français dont seulement dix pourcent (10%) de la population haïtienne maitrise. Alors que 100% haïtien parlent le créole haïtien. Le créole est la langue nationale du pays, pourtant l’enseignement se fait en une langue apprise à l’école. Ce qui implique que, tant qu’un apprenant n’arrive pas à parler et comprendre le français, il n’apprend rien à l’école. C’est qui fait que dans une très grande proportion, les élèves abandonnent la scolarité à force d’être las de ne pas pouvoir ni apprendre, ni apprendre à apprendre et encore moins, ni comprendre quoi que ce soit ou presque. Durant les six premières années de scolarisation, l’enfant ne fait que le perroquet, en répétant sans comprendre ce qu’il lit et ce qu’il entend. Car, la langue étrangère non encore acquise le bloque dans son processus d’apprentissage. On n’apprend pas sans comprendre. Or, comprendre dépend directement d’une langue qu’on a déjà maitrise, comme l’a écrit le professeur Yves Dejean[59]. Pourquoi cela se fait ainsi en Haïti ?

Les conséquences désastreuses du capitalisme Sur le plan environnemental 

Les terres arides et forestières des paysans sont, manu-militari, accaparées pour implanter des « zones franches » comme, par exemple, les pacs industriels caracole à Caracol et la CODEVI[60] à Ouanaminthe dans le département du Nord-Est. Dans la même veine s’inscrit la « concession »de Savane Diane[61]  dans l’Artibonite qui s’étend sur deux autres départements adjacents : le Nord et le plateau central où Jovenel Moїse a livré, par un simple arrêté présidentiel, 8 600 hectares de terre et $ 18 000 USD à l’un des plus puissants oligarques corrompus d’Haïti, en l’occurrence, Monsieur André Apaid Junior, suivant l’arrêté du 8 février 2021. Les pouvoirs réactionnaires et rétrogrades livrent les bonnes terres cultivables à des entreprises multinationales afin d’éliminer la production agricole en sapant la production nationale et en promouvant l’importation des produits alimentaires OGMiques des puissances capitalistes dans le pays. C’est le règne de l’open for business, comme l’a évoqué le Dr. Georges Eddy Lucien dans son ouvrage « Le Nord-Est d’Haïti »[62], « Le nord-est a prépondérance agricole connait depuis une décennie une industrialisation plus ou moins importante qui en fait une terre d’expérience pour les zones rurales ». En ce sens-là toutes les bonnes terres ont été accaparées par les multinationales. En fait, le rôle d’Haïti dans la distribution internationale du travail n’est pas de produire des richesses et des biens au bénéfice de la population, mais d’importer ceux des « maitres du monde ». Ainsi, Haïti restera toujours un pays consommateur et appauvri bon importateur des produits agricole, comme le riz, le haricot, le petimile et le maïs. Pourtant, nos terres sont aptes à les produire.

Les richesses minières en Haïti, un enjeu majeur dans la déstabilisation du pays par le groupe des pays capitalistes durant les cinquante dernières années.

Par ailleurs, il n’y a pas que les conséquences liées à l’agriculture qui sont dues à l’implantation des zones franches qui affectent notre environnement. Il y a bien d’autres ambitions et intérêts capitalistes néfastes qui menacent à la fois notre environnement et notre stabilité politique. Par exemple, l’un des plus grands enjeux pour le groupe des pays capitalistes développés d’avoir le contrôle des pouvoirs publics en Haïti, au cours de ces dernières décennies, est bien évidemment, l’exploitation minière. Car il est censé être un secret de polichinelle qu’Haïti contient dans son sous-sol : de l’or, de la bauxite, du cuivre, de l’argent, de l’uranium, du pétrole et bien d’autres minéraux de moindre valeur suivant le rapport d’une étude menée par le PNUD entre 1970 et 1990[63]. Ce faisant, après le retour d’Aristide du premier exil, en février 1997, sous l’administration de Monsieur René Préval, deux compagnies canadiennes : Ste-Geneviève, S.A. et Citadelle S.A. signèrent une convention avec le gouvernement haïtien. Mais, ces deux conventions n’ont jamais été soumises à la ratification du parlement haïtien, il a fallu à ce que la canada combatte avec acharnement le président Jean-Bertrand Aristide jusqu’à son enlèvement dans la nuit du 28 au 29 mars 2004 afin d’installer un gouvernement intérimaire et de profiter de l’absence du parlement pour satisfaire leur ambition en faisant faire à Gérard Latortue de présenter lesdits conventions au conseil des ministres qui en a accepté unanimement les modalités[64]. Car, la constitution haïtienne du 27 mars 1987 en son article 98-3, stipule (au point 3) que l’assemblée nationale a comme attribution d’approuver ou de rejeter les traités et conventions internationaux. Cela dit, l’absence ou la suppression du parlement haïtien est toujours souhaitée voire recherchée par le bloc des pays capitalistes très développés. Vous comprendrez pourquoi ils constituent une association Mafiosi en Haïti pour générer des crises récurrentes en permanence. Nous serons déjà très satisfaits si cette analyse puisse permettre à nos lecteurs-trices d’aller regarder avec un regard curieux le contexte de la signature des différents traités et conventions internationaux dans notre histoire à certaine période bien spécifique.

En effet, il faut comprendre et situer les velléités du gouvernement de Martelly dans cette logique-là, quand en 2012 il a désigné l’exploitation des ressources minières comme étant l’un des quatre piliers de l’économie pour réussir le pari de faire d’Haïti un « pays émergent » d’ici 2030.[65] Il faut se rappeler que depuis 2006, le gouvernement de Préval commençait à accorder des permis de prospection, de recherche et d’exploration et cela a continué avec le gouvernement qui lui a succédé jusqu’en 2012. Entre 2006 et 2012 pas moins de 52 permis d’activités minières ont été livrés à des géantes compagnies multinationales de l’occident. Il s’agit bien évidemment des permis de recherche et d’exploration certes, mais il faut souligner que les permis sont progressifs. Pour le moment, il n’existe que trois permis d’exploitation des gisements d’or et d’autres ressources minérales, sur une surface de 70 km2, entre les mains de deux compagnies : VS/Delta et Majescor-SOMINE[66]. Car, à partir de l’année 2013, deux mois après l’attribution des permis par le BME, un moratoire a été observé sur la question minière en Haïti, suite à une résolution du sénat en faveur d’un moratoire et sur les activités liées à ces permis. Vraisemblablement, ce moratoire a été adopte à cause des antagonismes liés à certain pôle intéressé du gouvernement d’alors et la compagnie en question. Parce qu’en fait, une résolution du Senat n’est pas imposable de manière contraignante au gouvernement. On était sous l’administration de Martelly-Lamorthe, en guise de rappel. Selon les conventions de 1997, mentionnées plus haut, trois groupes d’entreprises ont acquis des droits en achetant les permis aux deux entreprises canadiennes précitées : Ste-Geneviève et Citadelle.  Ces trois compagnies sont : Newmont Mining Corporation, Eurasian Minerals Inc. et Majescor Resources Inc.

  1. L’état des lieux de la situation socio-économico-politique après une décennie

Depuis 14 mai 2011, ce régime est en place par les puissances impérialistes. Dix ans après, son bilan est catastrophique à tous les niveaux. Tous les indices de développement humain sont en rouge[67]. Je vous propose de jeter un coup d’œil sur le rapport de 2020 du PNUD. Le pays est déclassé négativement dans quasiment tous les rapports annuels des institutions d’obédience mondiale. Cherté de la vie, décapitalisation de la classe moyenne, inflation à double chiffre, « institutionnalisation » de la corruption, et de la gangstérisation du pays avec plus de 60 % du territoire contrôlés par les gangs alliés du pouvoir en place. L’impunité règne au cours de cette décennie, à cause du mode de gouvernance de ce pouvoir néo-duvaliériste-macouto-bourgeois, caractérisé par le banditisme, la corruption, le crime politique et financier. À titre d’exemple, c’est sous ce régime qu’on a connu le plus grand scandale de détournement de fonds publics. Ce que les médias occidentaux appellent « le vaste stratagème de corruption » dans lequel s’empêtre le président en fonction, inculqué, en l’occurrence, M. Jovenel Moise. La corruption devient la norme de gouvernance sous le règne de ce régime. La justice est banalisée, car elle est sous contrôle du pouvoir exécutif. Elle fonctionne à l’image de l’exécutif et ses décisions « judiciaires » reflètent tout bonnement les caprices de l’exécutif ou de Monsieur Moise lui-même et aussi de la volonté du Core-group. Il y a lieu de parler d’institution du banditisme d’État par ce régime d’extrême droite (neoduvalieriste) qui se nomme « bandit légal ». Nous assistons à l’effondrement de tous les pouvoirs publics et l’établissement d’un État autocratique, hors la loi, depuis janvier 2020. On assiste aussi à l’installation d’un dispositif de répression et de terreur comme mécanisme de gouvernance dont le kidnapping en est l’expression la plus éloquente. Le taux de l’inflation est à 16 % en avril 2021 contre 7.9% en avril 2011, soit une accélération de 8.1% en dix ans. Tan disque la dépréciation de la monnaie nationale s’augmente de 39.66 gourdes pour $ 1 us en 2011 à 97.99 gourdes à la fin du mois d’aout 2021 pour le même dollar us. Ce qui veut dire qu’en dix ans, nous subissons une augmentation de 58.33 %. Autrement dit, la gourde se dévalue a plus de 58% de sa valeur suivant les données de l’IHSI[68] repris par la BRH. La violation systématique des droits humains, des droits de femmes, de filles, inclusivement des enfants devient monnaie courante. Par ailleurs, pas moins d’une dizaine de massacres d’Etat ont été enregistrés, dénoncés et documentés par les principaux organismes des droits humains tant nationaux qu’internationaux entre Novembre 2018 et juin 2021 dont le dernier en date correspond au génocide de Matissant depuis le premier juin 2021 jusqu’au 14 d’août[69]. Les activistes des droits humains font état de crimes contre l’humanité, ils en prennent pour preuves : les massacres de Lassaline, de Bel-Air et de cité-soleil. De surcroit, cette administration n’a respecté aucun rendez-vous « démocratique ». Pas même une élection libre, transparente et inclusive en dix ans, exceptée celle-là à travers laquelle, M. Moїse a été imposée frauduleusement au timon des affaires en 2017. Or, il s’agissait d’une vaste mascarade orchestrée par les pays dits « démocratiques ». Un vrai coup d’État par les urnes concocté par une association constituée des représentants des principaux pays capitalistes qui se nomme : Core-group[70] agissant suivant la ligne politique et diplomatique de l’Oncle Sam.  

  1. Nature, quintessence et genèse du pouvoir des bandits légaux.
  2. Banditisme et politique

Le régime qu’a institué Joseph Michel Martelly en 2011 suite à la décision de la Maison Blanche de le placer à la magistrature suprême de l’Etat d’Haïti est de type gangocratique. Ce règne mafiosique est le produit net de l’impérialisme américain. Car, il a été institué par the white housse suite à la réalisation d’une comédie électorale organisée sous leur occupation d’Haïti sous couvert des nations-unies. Dans un pays occupé, placer des gens à des postes de responsabilité revient une des premières prérogatives de l’occupant. Dans un cas pareil, deux cas de figure sont possibles : soit que « le blanc » remplisse directement la fonction où il la remplit indirectement par le biais des exécutants ou des gestionnaires politiques des intérêts du capital, agissant sous l’ordre de l’occupant, le réel détenteur des pouvoir publics. Dans le cas qui nous intéresse ils ont toujours choisi des vassaux, des ignorants, des immoraux et/ ou des corrompus pour faire le sale boulot. C’est ainsi que les USA avaient sélectionné celui qui se nomma déjà bandit légal comme marionnette pour exécuter son ordre en Haïti. Pourquoi ce fût lui-même, alors qu’il y avait au moins une dizaine de compétiteurs ? Parce qu’il était peut-être, le plus corrompu, le voyou le plus connu et de surcroît, c’était un cocaïnomane et un pervers sans égal. Cela fît l’affaire du système de corruption qu’on appelle techniquement et théoriquement capitalisme qui se défini, suivant la définition du dictionnaire Le Robert, comme le Régime économique et social dans lequel les capitaux, source de revenu, les moyens de production et d’échange n’appartiennent pas à ceux qui les mettent en œuvre par leur propre travail. Ce système mondialise caractérisé par la violence, l’abus, l’exploitation et domination pour fonctionner à besoin de l’Etat comme instrument répressif devant à la fois protéger ses biens tout en validant ses forfaits. C’est-ce qui explique qu’en 2010, dans les résultats du premier tour des accoutrements organisées par un certain Gaillot Dorsainvil et Leopold Berlanger, M. Martelly a été en cinquième position, le représentant en chef de l’occupation, en l’occurrence, M. Edmond Mulet[71] a été voir le président d’alors, M. Préval, pour lui dicter le genre de résultat que les USA voulaient avoir. Ils ne voulaient pas que n’importe qui gagnait. Il fallait faire un arrangement pour que ce soit les résultats voulus qui soient publiés par le CEP. Ce faisant pour conformer les résultats à la toute-puissance volonté de l’Oncle Sam, ils ont tiré Martelly en cinquième position et le placé en deuxième, après Myrlande Hyppolite Manigat. Ainsi, ils ont proclamé que Martelly est vainqueur des affublements électoraux. Cependant, il faut se le rappeler, le peuple haïtien avait bien compris qu’il s’agissait d’un véritable simulacre et que leur choix n’allait pas être respecté, de ce fait, la très grande majorité de la population avait joué au boycottage. Seulement 20 pour cent (20 %) de l’électorat, suivant les chiffres officiels, a pris part à ce carnaval électoral orchestré par les capitalistes en collaboration avec les « chiens de garde » du système au niveau local. C’est la position d’une énième pierre dans l’implantation de leur édifice en Haïti.

La mafia internationale, ses hommes de mains et la gangstérisation politique d’Haïti

            A partir du 14 mai 2011 le pouvoir gangocratique a concrétisé sa mise en œuvre par la prestation de serment d’un président, citoyen américain, choisi par la maison blanche, elle-même. Ce pouvoir de tendance neoduvalieriste-macouto-bourgeois, mis en place par les puissances capitalistes, pour fonctionner, avait besoin de plusieurs maillons pour constituer la chaine d’exploitation et de domination inhérente au régime capitalisme. N’ayant pas assez satisfait du rendement de l’administration de Monsieur Préval, en dépit de tout ce qu’il avait accepté et encaissé, allant jusqu’à cohabiter[72] avec l’ancien président des Etats-Unis d’Amérique, Monsieur William Jefferson Clinton (Bill Clinton) au palais national, l’impérialisme américain devait à la fois droitiser et gangstériser davantage Haïti dans son intérêt. Pour ce faire, on a recruté l’exécutant principal de tendance extrême droite fasciste, issue de l’ancienne structure criminelle, instituée au cours des années 1992-1993 pour maintenir le coup d’état contre Jean-Bertrand Aristide, dénommé, FRAPH[73]. Il était le bras droit du fameux massacreur, l’ex-colonel, Joseph Michel François, dont il héritera plus tard son pseudonyme.  Celui-là, il s’appelle Joseph Michel Martelly, alias Sweet Mickey[74]. Il est un « joueur polyvalent » pour l’exécution du plan du capitalisme en Haïti conformément aux normes capitalistes dans la logique de division internationale du travail. Car, en fait, le fonctionnement du capitalisme mondial nécessite des gens mafieux, drogués, conservateurs, rétrogrades et réactionnaires pour maintenir et consolider le système. Or, il y a toutes ces vertus capitalistiques en Martelly. De surcroît, il était bien situé, étant du clan des oligarques qui constituent un véritable relais du capitalisme impérial dans le pays ; il avait de bonne collaboration avec les cartels de drogue et les plus puissantes associations criminelles basées en Haïti et en République Dominicaine.

Ainsi donc, toutes les conditions appropriées étaient bien réunies pour faire de Monsieur Martelly, un président d’Haïti comme il faut dans l’intérêt des capitalistes. Pour bien conduire cette « mission », l’ex-collaborateur de l’ancien colonel putschiste, Joseph Michel François[75], devait aligner les piliers forts de son pouvoir. Étant donné qu’il détenait son pouvoir de la main des puissances étrangères, son premier allié était, bien évidemment, l’ensemble des ambassadeurs des pays occidentaux, réunis dans une association diplomaticopolitique appelée Core-group. Son deuxième allié naturel est l’oligarchie américano-syro-libanais, prédatrice et détentrice de quasiment toutes les richesses du pays. Le troisième pied du Pouvoir de Martelly c’était les plus puissantes associations criminelles et des barons de Drug fonctionnant sur toute l’île d’Haïti. À titre d’exemple, on peut citer le cas du gang dénommé « galil », dirigé par un certain Woodly Ethéart[76], alias Sonson La Familia, très bon ami et associé du président. Le cas du Drug-dealer, Evinx Daniel[77] qui est porté disparu[78] depuis le 5 janvier 2014 à Marre-rouge, un quartier de l’arrondissement du Môle St-Nicolas dans le Nord-Ouest d’Haïti, jusqu’aujourd’hui, suite à la saisie d’une cargaison de produit illicite en son domicile par les agents de la brigade anti-Drug, le BLTS[79] de la police nationale d’Haïti, en septembre 2013.  Il a été interpellé, puis relâché par la suite sans aucune forme de procès. D’ailleurs, le commissaire du gouvernement, Me. Jean-Marie Salomon qui ordonnait son arrestation a été révoqué immédiatement après.  De plus, on peut aussi considérer le fait que sous le règne de Joseph Michel Martelly Marc-Antoine Acra n’a pas été inquiété bien qu’inculper pour trafic de drogue ; tout au contraire lors du premier voyage de Jovenel Moïse en 2016, en République Dominicaine, le nommé Marc-Antoine Acra[80] a été choisi par le « parrain » comme l’un des plus importants membres de sa délégation. Ce fait, n’est-il pas aussi un exemple très éloquent à ce sujet. Parce que celui-là a été impliqué dans un scandale de bateau de « drogue sucré »[81] qui l’inculpait au cabinet d’instruction. Tandis qu’il fuyait la justice, mais Martelly l’a trouvé et a eu le culot de l’insérer dans sa délégation officielle pour aller négocier coopération en République voisine. Pas la peine d’en citer davantage. Tout cela consistait à établir que Martelly baignait dans un environnement mafieux. En plus, très tôt, pour faire face à la contestation, à la dénonciation de sa gouvernance entachée de gabegie, de corruption, de criminalité et du népotisme, Michel Martelly s’est renforcé de l’armement des lumpens dans les quartiers populeux et défavorisés. Cette milicisation s’étend jusqu’à la police nationale d’Haïti (PNH). On parlait de le police ou police rose pour designer ces voyous habillés en uniforme de police entourant Sweet- Mickey. C’est ici le début du processus de la banditisation de l’Etat d’Haïti par ce régime qui s’est nommé : bandit légal, suivant la dénomination du band à Martelly avant même qu’il était devenu « président » de la République d’Haïti. Ce qu’il faut retenir, c’est qu’il a gouverné effectivement en vrai bandit, d’où le sens même de la notion de pouvoir gangocratique.

Ainsi c’est justement à travers cet appareillage mafieux que le premier quinquennat du régime des jouisseurs a été épuisé en dilapidant plus de quatre milliards dollars us du fonds petrocaribe[82] accordé à Haïti par le président Hugo Chavez du Venezuela. Et, en définitive, c’est aussi dans cette camarilla que jovenel Moise va naitre et apparaître sur l’échiquier politique en qualité de fils légitime de celui qui le tenait entre les mains comme un enfant qu’on amène à sa première communion. Pour le dévoiler au public pour la première, il le présente comme un petit vagabond qui a une folie de « faire de la banane »[83]. Tel père, tel fils, dit-on. En effet, l’incognito, jovenel Moise sera « auréolé » de l’héritage doux-amer de son « père » ou son parrain.

Le pouvoir gangocratique de Jovenel Moise, un cadeau mal acquis et empoisonné

L’instabilité étant profitable à l’impérialisme pour régler ses « affaires », ils n’ont pas exigé à leur exécutant d’organiser des élections. Martelly se montrait de plus en plus arrogant et insupportable aux yeux de tous les acteurs politiques nationaux. Les acteurs durcissaient leur position en refusant d’aller aux élections dans n’importe quelle condition. Martelly, de son côté, hésita d’organiser des joutes pour lesquelles il n’avait pas déjà eu son successeur immédiat. Car, il est venu de nulle part. Il avait acheté une bannière pour se faire élire, une fois « élu », il a jeté cette couverture électorale comme une vieille chaussette. Ainsi, il lui fallait du temps d’accoucher une espèce de parti dont le nom ne veut rien dire : parti haïtien tête sans cheveux ou Pati ayisyen tèt kale (PHTK) en créole haïtien. Il fallait trouver un homme « comme il faut » comme lui pour imposer à sa place pour continuer l’œuvre en cours. Un blanchisseur des avoir lui semblait nécessaire. Ainsi, au dernier moment, il a découvert un certain Jovenel Moïse qui lui convient bien ; d’emblée il lui a accordé un prêt de 6 000 000 dollars us et 100 hectares de terres pour une plantation de banane comme projet phare pour une bonne campagne électorale sans bilan du quinquennat clôturé. Il a pu monter son conseil électoral dans lequel il contrôle au moins six des neuf membres. Maintenant, la table étant servie, c’est le moment de s’empresser pour se faire remplacer par ce Poulin bien « comme il faut » mais inconnu de tout le monde.  Cela va sans dire qu’aucune élection n’aurait eu lieu pas avant que tous les stratagèmes de corruption aient été mise en place pour imposer M. jovenel Moїse à la tête du pays avec une participation de 10% de l’électorat haïtien, suivant les chiffres officiels. Le 25 octobre 2015, des mascarades de théâtralité ont eu lieu sous fond de contestations à divers niveaux. Malgré tout, les donneurs d’ordres disaient : adelante. Le peuple surgit sur la scène et dit non. La mobilisation populaire a contraint d’annuler ces « élections frauduleuses au début de l’année de 2016. Martelly s’en va à toute jambe et Jocelerme Privert, président du sénat à l’époque tient lieu de président provisoire pour réorganiser les élections. Leurs reprises furent le 20 novembre 2016 et, sans surprise, on a proclamé la victoire du poulain de Sweet Mickey comme victorieux dès le premier tour à soixante-quatre pour cent, 64% du scrutin dans un message diffusé en créole sur les téléphones de tous les abonnés de cette compagnie de téléphonie mobile. Ces résultats ont été diffusés par une entreprise multinationale de téléphonie mobile avant même la fermeture des bureaux de votes. La compagnie a ajouté que la puissante chaine de télévision américaine : CNN a déjà confirmé la victoire de Jovenel. Voici donc le contenu exact du message que j’avais reçu sur mon portable et que je n’ai jamais supprimé : « Jovenel MOÏSE genyen eleksyon yo à 64% vòt yo depi premye tou. Rezilta yo konfime sa nan 10 depatman peyi a. CNN anonse viktwa Jovenel. »[84]  Quelques jours après le CEP de Léopold Berlanger a entériné le résultat soudain de la compagnie multinationale, la Digicel, en déclarant officiellement que Monsieur Jovenel Moïse a gagné les élections à 55.6 % de l’intention du vote. C’était un vaste complot orchestré par cette géante machine quadripode pour prendre et gérer le pouvoir aux dépens de la majorité et contre les intérêts supérieurs de la nation. Car, il s’agit d’un pouvoir acquis par l’investissement des capitaux importants des oligarques américano-syro-libanais. En conséquence, le pouvoir conquis/pris au nom de Monsieur Moїse doit inéluctablement générer des bénéfices capitalistiques.

Une « victoire » contestée, un budget anti-peuple, une insurrection populaire et des massacres punitifs…

Parvenu au pouvoir dans de telles conditions et en n’ayant comme pied-à-terre que ces piliers-là, que nous venons d’énumérer, celui-là qui prend les rênes de l’État ne saurait être autre qu’un « président » souffrant dès le départ d’un déficit de légitimité populaire énorme. Du coup, ayant souffert de cette invalidité populaire et social, il a fallu qu’il ait une légalité suffisante, voire parfaite. Or, dans le cas que nous analysons, ces « compétitions électorales » étaient frappées d’une illégalité flagrante dans la façon de valider les bulletins et de comptabiliser les votes. Il n’y a eu pas mal de contestations devant les tribunaux spéciaux accusant l’entité politique qu’on a proclamé gagner d’avoir orchestré de fraudes massives suffisamment graves et flagrantes pour radier son candidat en l’expulsant tout bonnement de la courses « électorale ».  Il s’agissait du candit Jovenel Moise. Mais la puissance de l’argent sale, des armes et de l’ingérence des puissances capitalistes a contraint tout le monde à capituler. Car, dans un pays opprimé et asphyxié, ne pas approuver et appuyer ce que décide le groupe des « maitres du monde » est passible de sanction de toutes sortes inclusivement de sanction mortelle. Ainsi, le Rapport de force a imposé M. Moїse au timon des affaires en dépit du désaccord péremptoire du peuple souverain qui ne se reconnait pas dans cet incognito surgissant sur la scène politique par effraction.

Le massacre de La saline et la justice expéditive du régime de la mafia légale d’Haïti

De surcroît, malgré son illégitimité criante, très tôt dans l’élaboration et l’application de sa loi de finance 17-18, Jovenel Moïse s’est clairement démarqué de la grande majorité des plus nécessiteux au profit des nantis. Ce qui a suscité une colère irréductible chez les masses défavorisées de La Saline[85] en particulier, les jeunes de divers horizons, les étudiants, les ouvriers, etc. ; bref, toute un pan de la société civile haïtienne. Ce mécontentement les pousse à gagner la rue pour exiger à l’État de réviser son budget qu’ils qualifiaient de « budget criminel ». Car, ce budget a été caractérisé par l’augmentation exponentielle des taxes sur les biens et services. Moїse reste insensible au cri de ce peuple qu’il prétend servir. Au lieu des mesures d’apaisement social, il augmente les prix à la pompe de produits pétroliers ce qui lui a valu un mouvement insurrectionnel instantané qui a durée du 6 au 9 juillet de l’année 2018. Ce soulèvement populaire se transforme en une vague de mouvement de protestation et de contestation des « politiques publiques » de Moїse. Cette mobilisation a failli renverser le Président mal-élu », n’était-ce pas le support indéfectible des impérialistes Nord-Américain et Européens, notamment. En rebondissant, il a recouru à la répression : en utilisant des mesures agressives contre les manifestants tout en criminalisant les techniques de manifestation non violente et en surveillant ses opposants de façon accrue et illégale, comme l’a bien souligné l’IHRC[86] et l’OHCCH[87] dans leur rapport publié en Avril 2021, intitulé : Massacre cautionné par l’État : le règne de l’impunité en Haïti[88]. Avec la mise en place de cette « machine répressive d’État » caractérisant par des assassinats ciblés et des menaces (de mort) à l’endroit des critiques de son administration, Jovenel Moïse a exaspéré les couches populaires et une bonne frange de la classe moyenne contre lui.  Ainsi, il ne pouvait plus prendre la parole devant une foule de compatriotes sans se faire chahuter. Ses déplacements étaient devenus très limités. Il était devenu donc un véritable pestiféré. Partout il osait prendre la parole, il se faisait huer par les citoyens de la masse et de la petite bourgeoisie de gauche. C’est justement dans ce contexte d’ébullition sociopolitique que le 17 octobre 2018, Monsieur Moïse tentait de mettre les pieds à Pont-Rouge, l’endroit où l’on avait assassiné l’Empereur J.-J Dessalines le 17 octobre 1806. Les habitants des quartiers du boulevard Jean-Jacques Dessalines et de l’avenue Harry Truman et quelques individus armés des quartiers pauvres de Lassaline empêchaient à Monsieur Moїse de déposer son offrande florale en toute sérénité. Parce qu’ils estiment que ce geste venant d’un « président » contesté et réputé corrompu est, pour le moins, indigne à l’égard de la mémoire de Dessalines, le vénérable père fondateur de la nation haïtienne. En conséquence, la population indignée et révoltée de la zone a contraint Monsieur Moïse à vider les dits-lieux à la hâte. En revanche, Jovenel Moïse ne tarderait pas à se donner justice, en mobilisant ses ouailles et ses sbires pour punir la « témérité » des habitants de ce quartier hostile à son pouvoir.

Le premier massacre expéditif de Lassaline, un point de non-retour pour Moïse

Pour punir « l’impertinence » des habitants de ces quartiers populaires et miséreux habitant dans des maisons de fortune, le pouvoir exécutif a décidé de perpétrer contre eux son premier massacre meurtrier. Sous l’ordre de son ministre de l’intérieur, M. Fednel Monchery et de son délégué Départemental, M. Pierre Richard Duplan, un commando ayant à sa tête Jimmy Chérizier, alias Barbecue et un certain Gregory…alias tigrèg, a tué, mutilé, et brûlé 71 personnes. De plus, 11 femmes ont été voilées collectivement, 150 maisons ont été pillées et détruites, suivant les rapports concordants des différentes organisations de défense des droits de l’homme, notamment, le RNDDH[89] qui a dénombré ce qui suit : « 439 victimes diverses parmi les membres de cette communauté de Lassaline ». Au fur et à mesure que le peuple se déchaîne et s’investisse dans la rue pour demander des comptes, la répression s’intensifie. La gangstérisation s’étend sur tout le territoire national. Le kidnapping devient monnaie courante. Ce faisant, entre décembre de 2019 et juin 2021 plus de 1000 individus ont été élevés contre rançon à travers le territoire national, notamment dans l’aire métropolitaine de Port-au-Prince, suivant ces mêmes rapports des organisations des droits humains. Le pouvoir ne fait rien, sinon briller dans son indifférence la plus expressive en laissant le champ libre aux bandits d’opérer en toute impunité. Par exemple, en guise d’illustration, des kidnappeurs clament haut et fort qu’ils enlèvent des gens parce que le « président » leur doit ; trop de temps passe sans avoir reçu leur paie régulièrement, clament-ils. Les massacres d’État continuent à être perpétrés contre les habitants des quartiers populaires réputés pro-lavalas et de l’opposition en général. Principalement, au Bel-Air[90] et à Cité-Soleil[91] pour les mêmes causes susmentionnées. Dans moins qu’un an, pas moins d’une dizaine de massacres ont été organisés à Bel-Air, quartier situé à moins de cinq cent (500 m) du palais National, siège et résidence du président de la République. Durant ces trois dernières années du règne du régime des « malfaiteurs légalisés », la police nationale d’Haïti (PNH) et les gangs constitués du pouvoir travail en commun accord. Tout le monde pouvait constater une collaboration incontestable entre la PNH et ces gangs. Ces deux forces mènent des opérations jumelées au sûr et au vu de tout le monde.

Tout bien considéré, le bilan du régime neoduvalieriste-macouto-bourgeois ne peut être constitué que d’assassinat, de massacres, de kidnapping, d’exécutions sommaires, de persécution politique de toutes sortes contre les opposants politiques. En outre, il me paraît important de souligner que ce régime a institué un nouveau mode d’élimination physique qui est inhérent au fonctionnement de la mafia en général. Ce nouveau mode d’exécution sommaire à domicile, après le « cas inaugural » de l’assassinat de Monsieur Guiteau ou Guyto Toussaint[92], l’ex-président de la Banque Nationale de Crédit (BNC) en 2011, il est censé enclencher au début de l’année dernière. Il s’agit, au fait, d’expédier à l’intérieur de chez soi des commandos d’exécution. On peut se rappeler au moins quelques cas flagrants où les sbires du pouvoir entrent en pleine nuit dans l’intimité des gens pour les exécuter froidement sans s’inquiéter. Par exemple[93] le cas de madame Farah Martine Lhérisson et son époux, Lavoisier Lamothe, tous deux, assassinés dans la nuit du 15 juin 2020 à Peguyville. À Delmas 75, au soir du samedi 27 juin 2020, un cadre de la BRH[94], du nom de Norvella Bellamy a été assassiné en sa résidence privée sise à Fragneauville. Celui du Bâtonnier de l’Ordre des avocats de Port-au-Prince, Me Monferrier Dorval, assassiné dans la nuit du vendredi 28 aout 2020. Et, le plus récent et le plus effrayant qui défraie la chronique est celui de Jovenel Moїse, lui- même, dans sa chambre, assassiné et torturé dans la nuit du 6 au 7 juillet 2021. Il est exécuté seul, sans aucune autre victime collatérale sinon sa femme, Marie-Martine Etienne Joseph Moïse, qui a l’air blessée légèrement au bras droit. Tel est pris qui croyait prendre, dit une vieille maxime française. Il est assassiné comme un vulgaire chef de gang qui n’avait pas de « soldat » loyal à ses côtés pour le défendre. Il a été assassiné brutalement le 7 juillet 2021 en pleine nuit par un commando bien armée, dit-on. On n’en sait pas plus pour l’instant. Peut-on espérer avoir la lumière sur cet énième assassinat crapuleux enregistré au cours de la décennie du régime mafiocratique ? En tout cas, nous doutons. Néanmoins, cet assassinat nous a poussé à revisionner le film français I comme Icare réalisé par Henri Verneuil.[95] Et, en n le regardant, je parviens à me faire de petites idées sur la suite de l’affaire. Nous présumons que le dénouement de l’affaire Moїse pourrait être similaire au dénouement dudit film. Sinon pire. Autant dire qu’on ne peut s’empêcher de faire ce questionnement pour comprendre le ou les mobile-s de ce forfait aussi téméraire qu’odieux perpétré sur la personne de Jovenel Moïse.

En définitive, se demande-t-on : son assassinat, d’où vient-il ? Aurait-il un lien quelconque avec la disparition de Daniel Evinx (disparu depuis 7 ans) dans les périphéries du département où Moïse résidait juste avant qu’il fût devenu président ? On n’en sait rien. Son assassinat proviendrait-il d’un complot national ou transnational ? Après 4 ans de gouvernance, la mission que lui a confiée l’impérialisme américain, n’aurait-t-elle pas été assez-bien accomplie ? Ou plutôt, le capitalisme mondialisé serait-il en train de monter une nouvelle pièce de théâtre, un nouveau « film hollywoodien » afin d’inaugurer une nouvelle logique d’intimidation capitaliste[96] sur l’échiquier politique haïtien ? S’agirait-il d’une manœuvre cynique et criminelle pour effrayer les hommes politiques haïtiens désirant prendre le pouvoir suivant une autre vision du monde incompatible à celle de l’occident ? Ou encore, s’agirait-il, d’un règlement de compte national ou international dans le cadre des activités illicites ? En d’autres termes, Jovenel Moïse, serait-il victime d’un conflit entre des cartels de drogue, sachant que plusieurs de ces proches[97] ont été déjà arrêtés par la police nationale d’Haïti ou la DEA (Drug Enforcement Administration) dont son très proche ami et « chauffeur » particulier, Mathieu Lissner Joseph[98], le vendredi 05 mars[99] 2021 à Miragoâne ?  Bref, l’assassinat de Moïse serait-il la conséquence de sa désobéissance à l’égard de son/ses maitre-s, son mentor ou son parrain ?  Peut-être qu’un jour une bonne enquête libre nous apportera la réponse véridique à toutes ces questions et on saura, en conséquence, le/les veritable-s motif-s de l’exécution crapuleux de Moise, ex-président de facto d’Haïti qui travaillait par et pour l’impérialisme international jusqu’au jour de son assassinat.

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Jean Willy BELFLEUR,

Directeur exécutif du centre de Recherche et d’Analyse en Histoire Contemporaine d’Haïti (CRAHICH), Port-au-Prince, Avril-sept. 2021.

Contacts : centredanalyserecherches@gmail.com

Ou             belfleurjeanwilly@rocketmail.com


[1]. Il convient de noter qu’en critiquant le capitalisme, nous l’abordons à partir de la « définition classique » connue de tout le monde, celle de Karl Marx, suivant laquelle, le capitalisme se définit comme étant un mode de production fondé sur « l’exploitation des uns par des autres » et que le capitaliste (propriétaire du capital) ne rétribuant pas le travail de l’ouvrier à son juste prix, tire de ce travail  « non payé » une plus-value qui lui permet d’accroitre son capital,  et donc d’accumuler de nouveaux profits. Dans le même temps, « ce que le salarié s’approprie par son labeur est tout juste suffisant pour produire sa vie », c’est-à-dire pour continuer à travailler.

[2]. Le surplus prélevé sur le travailleur. La plus-value (ou parfois survaleur1) est un concept forgé par Proudhon, puis repris et développé par Karl Marx dans sa critique de l’économie politique, et détaillé dans Le Capital. Karl Marx reprend et complète la théorie de la valeur des économistes classiques (Adam Smith, David Ricardo, etc.), selon lesquels la source de la valeur d’échange d’une marchandise est le travail qui y est incorporé.

Dans la théorie de la valeur de Marx, la plus-value a une signification précise : c’est la différence entre la quantité de valeur ajoutée par le travailleur à la marchandise initiale et la valeur de la force de travail nécessaire (le travail lui-même étant « incommensurable » au sens de non-marchandisable puisque le travail, c’est l’individu, un être vivant, pensant, et non une marchandise).

[3]. Il est le résultat de la transformation des plus-values réalisés par les capitalistes (ceux qui détiennent les moyens de productions) grâce à la force de travail des prolétaires.

[4].  Voir la section huit du livre I (du capital) dans la traduction française publiée en 1872, la toute dernière qui a été révisée par l’auteur avant sa mort.

[5]. Foucault, le courage de la vérité – le gouvernement de soi et les autres II (1984), où il précise le contenu de ce concept dans son analyse du pouvoir : « cette approche « impliquait que l’on place au centre de l’analyse non le principe général de la loi, ni le mythe du pouvoir, mais les pratiques complexes et multiples de gouvernementalité qui suppose d’un côté des formes rationnelles, des procédures techniques, des instrumentations à travers lesquelles elle s’exerce et, d’autre part, des enjeux stratégiques qui rendent instables et réversibles les relations de pouvoir qu’elles doivent assurer » cf. Texte de 1984, Dits et écrits, T. IV, [Gallimard] 1994, p. 584. Cité par Pierre Lascoumes. Pierre Lascoumes, « La Gouvernementalité : de la critique de l’État aux technologies du pouvoir », Le Portique [En ligne], 13-14 | 2004, mis en ligne le 15 juin 2007, consulté le 18 septembre 2021. URL : http://journals.openedition.org/leportique/625 ; DOI : https://doi.org/10.4000/leportique.625

[6]. Suivant un concept d’Alain Badiou dans À la recherche du réel perdu, Fayard 2015, p.26.

[7]. Ces propos sont présentés dans les mêmes termes que Marx par Michel Beaud dans son essai intitulé : Histoire du capitalisme de 1500 à nos jours, publié dans les Éditions du Seuil, France 1990, (4e édition), p. 58.  Où il a écrit à propos de l’émergence du capitalisme qui prit sa vitesse de croisière au cours de la seconde moitié du XVIIIe siècle, lequel considéré comme étant le siècle d’élargissement des échanges marchands […] et plus spécifiquement, celui du renforcement du capitalisme anglais. En fait, écrit-il, « […] l’indépendance des colonies d’Amérique entraîne l’entreprise de la nouvelle vague des enclosures et la prolétarisation de masses rurales, avec le mouvement cumulatif d’accumulation, avec les progrès techniques, les conditions de la grande révolution industrielle du XIXe siècle ».

[8]. En effet, Michel Beaud a écrit plus loin : qu’au XVIIe siècle « la traite des esclaves atteint aussi de hauts niveaux : cinquante-cinq mille par an en moyenne pour l’ensemble du siècle (alors qu’il était de l’ordre de deux mille par an au XVIe siècle), avec des périodes où elle atteint cent mille par an ; […]. Des millions africains arrachés à leurs sociétés et à leur terre par la violence et le troc ; des millions de travailleurs non payés, dont beaucoup ne recevaient pas de quoi reproduire leurs forces et s’épuisaient en quelques dizaines de mois : c’est là, ne l’oublions jamais, une base essentielle (mais largement gommé dans la pensée occidentale) de l’enrichissement bourgeois dès XVIe, XVIIe et XVIIIe siècles.  […] En effet, le travail forcé des esclaves noirs et des populations d’Amériques du Sud permet de dégager une énorme masse de plus-value ; celle-ci est appropriée sous forme monétaire par des négociants et des fabricants, des banquiers et des financiers d’Angleterre, principalement, mais aussi d’Europe et des colonies d’Amérique du Nord soit directement ou indirectement… » Cf. Michel Beaud, Op. Cit.

[9]. L’article premier de cette déclaration votée par l’assemblée nationale de France après la révolution de 1789. Il dit précisément : « Les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droits. Les distinctions sociales ne peuvent être fondées que sur l’utilité commune. Cf. https://www.legifrance.gouv.fr/contenu/menu/droit-national-en-vigueur/constitution/declaration-des-droits-de-l-homme-et-du-citoyen-de-1789#:~:text=Les%20hommes%20naissent%20et%20demeurent,Art.&text=Ces%20droits%20sont%20la%20libert%C3%A9,la%20r%C3%A9sistance%20%C3%A0%20l’oppression.

[10]. https://www.un.org/fr/udhrbook/pdf/udhr_booklet_fr_web.pdf

[11]. « L’histoire d’Haïti est frappée du sceau de l’esclavage qui a laissé des empreintes encore présentes dans la vie des Haïtiennes et des Haïtiens. La forme dominante du travail dans la société esclavagiste était le travail forcé que fuyaient celles et ceux qu’on a appelé les marrons. Cette nécessaire représentation du travail comme pénibilité à fuir se retrouve-t-elle encore aujourd’hui dans le rapport au travail en Haïti ? » Ces propos découlent de cette conférence, publié sur ce site : https://calenda.org/849493 lors d’une vision conférence réalisée par charesso le 30 avril 2021.

[12]. Voir l’arrêté présidentiel publié le 31 octobre 2019 dans le journal officiel Le moniteur, spécial # 20 fixant le salaire minimum dans le secteur de la sous-traitance à 400 gourdes pour une journée de huit heures de temps de travail.

[13]. C’est ainsi que nous l’appelons en Haïti dans le monde syndical pour parler du « salaire de subsistance » Certains salaires ne permettent pas de subsister en Haïti.

[14]. Voir péché adamique.

[15].  Dans Haïti. Vodou. Esclavage et identité, l’auteur mettant en évidence les méfaits de l’esclavage sur le devenir des haïtiens et soutient que les séquelles sont visibles ils caractérisent voire déterminent même l’identité des masses esclaves. P. 14.

[16]. Le chiffre 66 %, nous l’écrivons avec un peu de réserve, car nous ne l’avons lu que seulement dans un petit livret titré : « Pou kisa yo asasinen Desalin ? », publié par une organisation progressiste basant dans département du centre du pays, dénommé : komite rezistans popilè Benwa Batravil. L’auteur du dit-livret ne s’inscrivant pas dans un registre scientifico-académique, ne donne absolument aucune référence des propos de leur pamphlet. Cependant pour les besoins de la cause et par souci académique, nous nous faisons l’impérieuse obligation d’aller vérifier les plus authentiques documents historiques sur la période, nous n’en trouvons pas encore d’autres sources corroboratives de cette donnée précise. Toutefois, les propos de l’historien Paul Moral ne disent pas le contraire. En effet, l’idée selon laquelle, la plus grande quantité d’habitation coloniale d’Hayti se trouvaient encore monopolisée plus de deux ans après entre les mains des anciens-libres nous parait évidente à bien des égards. Toutefois, cela reste à vérifier du point de vue de quantification précise. Voir Paul Moral, LE PAYSAN HAÏTIEN (étude sur la vie rurale en Haïti), Éditions Fardin, Haïti, 2002, pp. 29-31.

[17]. Homme politique et soldat, président d’Haïti de 1818 à 1843, né à Port-au-Prince en 1776, mort à Paris le 9 juillet 1850.  Jean-Pierre Boyer, mulâtre de père provençal et de mère guinéenne, est élevé en France. Après avoir combattu le général noir Toussaint Louverture et s’être rallié au chef mulâtre Alexandre Pétion, il est au côté de ce dernier contre Henri Christophe, quand l’assassinat de l’empereur Jean-Jacques Dessalines (1806) transforme en rivaux les deux leaders. Désigné par Pétion pour lui succéder à la présidence (1818) Boyer peut unifier le pays après la mort de Christophe. Pendant sa présidence, Jean-Pierre Boyer tente d’enrayer le déclin de l’économie, initié avec la révolte victorieuse des esclaves noirs contre leurs maîtres français dans les années 1790, en faisant voter le Code rural. Ce texte tente d’attacher les travailleurs agricoles à leurs plantations en leur interdisant de quitter celles-ci, d’entrer dans les villes, de créer des fermes ou d’ouvrir des boutiques en propre. Il prévoit aussi la création d’une police rurale pour mettre ses dispositions en application. Ce dispositif ne parvient pas toutefois à arrêter le déclin de la production. Boyer négocie un accord avec la France en 1825, par lequel celle-ci consent à reconnaître l’indépendance d’Haïti contre le paiement d’une lourde indemnité, à titre de compensation pour le massacre de planteurs français par des esclaves noirs pendant les guerres d’indépendance. Même réduits de 150 millions à près de 60 millions de francs en 1838, ces paiements, ajoutés à la destruction des plantations, représentent un fardeau financier impossible à assumer pour un pays déjà appauvri. Jean-Pierre Boyer entretient aussi une immense armée et des fonctionnaires corrompus qui harcèlent continuellement la population rurale. Le fossé entre paysans noirs de la campagne et mulâtres des villes se creuse pendant sa présidence. La corruption et le marasme économique mènent à une rébellion en 1843, qui oblige Boyer à fuir à la Jamaïque, puis à Paris, où il achève sa vie. Cf. https://www.universalis.fr/encyclopedie/jean-pierre-boyer .   

[18]. L’article 2 de cette ordonnance stipule clairement ce qui suit : « Les habitants actuels de la partie française de St-Domingue verseront à la caisse des dépôts et consignations de France, en cinq termes égaux d’année en année, le premier échéant le 31 décembre 1825, la somme de cent cinquante millions de franc destinés à dédommager les anciens colons qui réclameront une indemnité ». Cela est documenté dans un mémoire publié en 1828 à Nantes au nom de plusieurs anciens colons propriétaires résidant à Nantes sous le titre de :  Sur l’indemnité des anciens colons de S-Domingue Mémoire publié au nom des anciens colons propriétaires résidant à Nantes. Là-dans, l’ordonnance est publiée textuellement. Voir ce lien : http://www.manioc.org/gsdl/collect/patrimon/archives/PAP11183.dir/PAP11183.pdf .

[19]. L’article 3 stipule : « Nous concédons, à ces conditions, par la présente ordonnance, aux habitants actuels de la partie française de l’isle de St-Domingue, l’indépendance pleine et entière de leur gouvernement ».

[20]. Suivant la Loi du 30 Avril 1826 votée en France.

[21]. Propos tiré dans un article de Jérôme Duval, publié sur le site de PAPDA, en voici le lien :  https://www.legrandsoir.info/haiti-de-la-colonisation-a-l-esclavage-economique.html .

[22]. Afin de souligner que pour payer la dette de l’ordonnance, Haïti était obligé d’emprunter entre les mains des financiers français une « dette onéreuse » Cependant la dette a été renégociée en 1838.

[23]. Suivant les prescrits de l’ordonnance de Charles X du 17 Avril 1825.

[24]. Voir Benoît Joachim, les racines du sous-développement en Haïti, Port-au-Prince, Haïti : Imprimerie H. Deschamps, 1979.

[25]. Rapport banque mondial, avril 2021. En visitant ce site : www.banquemondiale.org/fr

[26] . Op.cit.,  

[27]. Il s’agit de l’ancien nom de la Banque centrale depuis 1910 avant de devenir la BRH, banque de la République d’Haïti ou Banque centrale.

[28]. Cela s’est passé le 16 décembre 1914.

[29] . Institutions financières internationales.  

[30]. Voir David Harvey, point communs et divergences entre globalisation et mondialisation. Il est un géographe, économiste marxiste d’origine Britannique et professeur émérite d’anthropologie et de géographie. Il est né en 1935.

[31]. Soit le 11 au 12 octobre 1492 par le navigateur espagnol C. Colomb en débarquant sur la petite l’Ile de Guanahani, actuel San-Salvador.

[32]. Elle doit être entendue, suivant la définition de Léon Trotski, dans la Révolution permanente en 1936, comme une « démocratie d’un type nouveau et amélioré, grâce à l’absence de la classe des capitalistes ».  Il y a lieu de distinguer d’autres types de démocratie : démocratie formelle, démocratie prolétarienne, etc.

[33]. Fond National pour la concertation Démocratique.

[34]. À l’époque cela s’appelait plutôt : secrétaire d’Etat des finances et aux affaires économiques. Il occupa ce poste entre Février et juillet 1982.

[35]. MIDH : mouvement pour l’instauration de la démocratie en Haïti, Fondé par Marc Louis Bazin.

[36]. Cité par Ayibopost, dans un article…p.2

[37]. C’est nous qui utilisons cette expression. Quant à David Harvey, il a plutôt utilisé le terme théoriciens.

[38]. https://journals.openedition.org/nrt/2037 . / David Harvey, Brève Histoire du néolibéralisme, Paris, Les Prairies ordinaires, coll. « Penser/Croiser », 2014, 320 p.  Cité par Lyonel Jacquot.

[39]. https://www.monde-diplomatique.fr/1994/04/A/18772

[40]. https://ayibopost.com/30-septembre-1991-et-11-septembre-1973-deux-coups-detat-pour-un-meme-projet/  < https://www.lemonde.fr/archives/article/1995/12/10/l-etrange-jeu-de-la-cia-dans-l-affaire-haitienne_3886118_1819218.html

[41]. Cité par Ayibopost Op.cit., p. 2. Voir, à cet égard, ce lien : <   https://ayibopost.com/les-etats-unis-ont-ils-un-role-dans-le-naufrage-dhaiti/ >.

[42].  Institutions financières internationales.

[43]. Voir aussi : pourquoi trois entreprises de l’État haïtien se trouvent entre les mains du secteur privé ? à partir de ce lien : https://ayibopost.com/pourquoi-trois-entreprises-de-letat-haitien-se-retrouvent-aux-mains-du-secteur-prive/.

[44]. Ce sigle est l’abréviation de : organisation populaire. Mais, bien entendu avec une certaine connotation de la perception haïtienne. En réalité ce n’était pas de véritables organisations populaires structurées et légales. Mais plutôt des groupes informels qui opéraient sous le diktat de M. Aristide. Il s’agissait pour ainsi dire d’une sorte de milice légèrement sournoise dans leur fonctionnement.

[45]. Ibid., pp. 16-18. À la page 16 du livre, il a écrit, par exemple : « un symptôme intéressant de notre société, c’est que le scandale est en général un scandale de corruption. C’est son nom essentiel. Il est assez curieux que la corruption fasse scandale, car l’on pourrait soutenir que la société est corrompue de A jusqu’à Z. On pourrait même soutenir que la corruption est la loi intime, et que c’est pour dissimuler cette corruption systémique, et tout à fait réelle, que le scandale désigne ce qui est finalement, une sorte de bouc émissaire ».

[46]. Nous écrivons 27 mars au lieu de 29 mars parce qu’en réalité le referendum constitutionnel a eu lieu le 27 mars 1987 et la publication de la nouvelle constitution dans le journal officiel, Le Moniteur aura lieu le 29 mars 1987, deux jours après sa votation. Nous soutenons, pour ainsi dire que, c’est la date du vote qui doit primer sur la date de publication, mais non l’inverse.

[47]. Cf. art. 134 de la constitution haïtienne du 27 mars 1987 stipule : « Le président de la République est élu au suffrage universel direct à la majorité absolue des votants. Si celle-ci n’est pas obtenue au premier tour, il est procédé à un second tour. […].

[48]. Voir anile Louis-Juste Jn Anile dans « crise sociale et l’internationale communautaire en Haïti, 08 aout 2003, Alterpress.

[49] . Ibid., de la colonisation à l’esclavage économique.

[50]. Cet extrait est tiré d’un texte de Laënnec Hurbon intitulé : culture et dictature en Haïti -l’imaginaire sous contrôle et publié aux éditions L’Harmattan, en 1979, Paris.

[51]. Hurbon, op.cit., pp. 42-43.

[52]. Hurbon, op.cit., pp. 42.

[53]. Livre publié uniquement en créole en 1977 sous le titre : ti dife boule sou peyi d’Ayiti. En français, cela peut se traduire comme : « pendant que la culture populaire s’épanouit, la culture des colon la sape et la culture authentique la répond alors qu’elle se sèvre à peine. C’est une culture qui est née en luttant. Elle n’est pas née avant, puis lutte après. Elle est née pour la lutte ».

[54]. Concept très présent dans les travaux de Jean Anil Louis-Juste, en particulier dans un article publié dans l’Alterpress le 08 aout 2003, intitulé : crise sociale et internationale communautaire en Haïti.

[55]. Cet article a été repris en 1980 dans une collection qui se nomme : « dossiers & documents » publié par l’organisation révolutionnaire 18 Mai démocratie nouvelle. Haïti dans une copulation intitulée : Vaudou, négritude et idéologie féodale en Haïti, imprimée au Canada, p.22.

[56]. Op. Cit., p.4.

[57].  Voir ces infos publiées par le ministère suivant les données de l’année 2013-2014. < https://www.haiti-reference.com/pages/plan/education/education-en-haiti/education-chiffres-et-faits/ >.

[58]. Frères de l’instruction chrétienne.

[59]. Iv Dejan, yon lekòl tèt anba nan yon peyi tèt anba, Éditions Université d’État d’Haïti, 2013, Haïti, pp. 51 à 52. Voir aussi le chapitre 4 (pp. 53 à 67). 

[60]. Compagnie de développement industriel appartenant à un groupe de dominicain, « Gruppo M » installé sur 80 hectares de terre, concession faite sous l’administration de Jean -Bertrand Aristide en 2004.

[61]. Voir l’arrêté du 8 février 2021, publié dans le journal officiel de la République, Le Moniteur, spécial # 9 dont le libellé est « arrêté autorisant implantation à Savane Diane, commune de St-Michel de l’Attalaye (Artibonite), Maїssade (centre) Pignon, et St-Raphaëlle (Nord) de la zone franche agro-industrielle d’exportation dénommée : agroindustrielle de savane Diane.

[62].  P. 237, Le Nord-Est d’Haïti – La perle d’un monde fini : entre illusions et réalités (open for business), L’Harmattan, Paris, 2018.

[63]. « Inventaires des ressources minières de la République d’Haïti, fascicule I : département du Nord-Ouest » bureau des mines et de l’énergie [en ligne] (1990), p.4 < http://www.bme.gouv.ht/mines/fascicule/FNordOuest.pdf > (cité par Haïti justice initiative-University of California Hastings College of the law & Global Justice Clinic nyu school of law dans leur étude réalisée entre Décembre 2015 et avril 2016, intitulé : Byen Konte, Mal Kalkile ? Les risques de l’exploitations de l’or pour les droits humains et l’environnement en Haïti.

[64]. Ibid., p. 43.

[65]. Ibid., p. 44. Voir “Haiti poverty reduction strategy paper, No 14/154” international monetary fund (IMF), [en ligne] (juin 2014), < http://www.imf.org/external/pubs/ft/scr2014/cr14154.pdf > .

[66]. Ibid., p. 45.  Voir < http://vcsmining.com/granted-permits.html >. 

[67]. Voir ici, le rapport de PNUD en 2020 où se classe Haïti par rapport à l’évolution de l’IDH : http://hdr.undp.org/sites/all/themes/hdr_theme/country-notes/fr/HTI.pdf 

[68]. https://ihsi.ayiti.digital/bulletins

[69]. Les gangs ont accordé une trêve « humanitaire » après le tremblement de terre de magnitude 7.2 qui a saccagé la péninsule Sud du Pays. Les assauts sont repris après environs deux semaines.

[70]. Une association de soutien au statuquo ante. Voir : https://rezonodwes.com/2021/04/09/le-core-group-a-ete-cree-en-2003-pour-discuter-de-lindependance-dhaiti-avoue-lex-depute-canadien-denis-paradis/ ou encore : https://www.lenational.org/post_free.php?elif=1_CONTENUE/tribunes&rebmun=1018

[71]. https://news.un.org/fr/story/2010/05/184132-haiti-lonu-aide-preparer-les-elections /  https://lenouvelliste.com/article/115203/edmond-mulet-voulait-la-tete-de-rene-preval .

[72]. Il s’agissait bien entendu de co-présider avec Clinton, le Conseil Intérimaire pour la Reconstruction d’Haïti (CIRH) après le tremblement dévastateur du 12 janvier 2010. Le président Préval était le vice-président du CIRH dont Clinton le président.

[73]. Front révolutionnaire armée pour le progrès d’Haïti, ci-après, Front révolutionnaire pour l’avancement et le progrès d’Haïti. Il s’agit en réalité d’un front criminel pour massacrer les opposants démocrates qui se tenaient debout contre le putsch.

[74]. Il s’attribua le même pseudonyme que son mentor colonel. Son chef de la structure criminelle à laquelle il appartenait, lui aussi.

[75]. Il était colonel de la FAD’ H, il a été connu surtout à travers les exactions qu’il a commises avec ces escadrons de la mort, lors du coup d’état du 30 septembre 1991 contre le premier président élu démocratiquement. Joseph Michel François, alias Sweet- Mickey, est condamné par contumas pour avoir assassiné Felix Lamy et Antoine Izmery. Ce tortionnaire est décédé dans la nuit du 20 au 21 février 2017 à Honduras, à l’âge de 60 ans.

[76].https://www.alterpresse.org/spip.php?article18090#.YQxbcIhKhnI  https://mail.haitienmarche.com/index.php?option=com_content&view=article&id=4763:2015-04-27&catid=14&Itemid=294 

[77].https://www.alterpresse.org/spip.php?article17629#.YQxc3ohKhnI  https://www.lenational.org/post_free.php?elif=1_CONTENUE/tribunes&rebmun=1085

[78]. https://lenouvelliste.com/article/126589/lhomme-daffaires-evinx-daniel-disparu-depuis-le-5-janvier

[79]. Brigade de lutte contre le trafic de stupéfiant.

[80].http://www.hpnhaiti.com/nouvelles/index.php/politique/36-space/1521-haiti-justice-l-homme-d-affaire-marc-antoine-acra-inculpe-pour-drogue.  

[81]. Un chargement de sucre venu de Panama, à bord du « Manzanares », contenant de l’héroïne mélangé avec du sucre pour tromper la vigilance des agents douaniers.

[82]. https://fr.wikipedia.org/wiki/PetroCaribe  /  https://www.lepoint.fr/monde/haiti-ou-est-passe-l-argent-du-petrole-venezuelien-22-11-2018-2273565_24.php

[83]. Kote ti vagabon ki gen foli fè bannann lan ?  Ecouter et regarder la vidéo ou Martelly présentait le 20 juin 2015, le citoyen lambda, Jovenel Moïse aux hommes d’affaires, aux « oligarques corrompus » de Port-au-Prince ! Voici donc le lien YouTube pour visionner cette vidéo : <   https://rezonodwes.com/2020/06/20/video-flashback-20-juin-2015-martelly-presente-jovenel-moise-aux-hommes-daffaires-dhaiti-et-annonce-lexportation-de-10-containers-de-bananes-chaque-vendredi-pour-un-demi-million/ >.

[84]. Nous avons reçu ce message à 10 h : 26 minutes pm, le 20 novembre 2016 sur l’appellation « Flash » venant de cette compagnie appelée : Digicel. Il s’agit d’un message circulé environ quatre heures après la fermeture des bureaux de vote pour les votants.

[85]. Quartier populaire situé dans la périphérie de la capitale de Port-au-Prince. La série de massacre d’État à Lassaline a débuté le 13 novembre 2018. Voir ces liens : < https://www.rfi.fr/fr/ameriques/20190622-haiti-massacre-saline-rapport-onu / <https://www.alterpresse.org/spip.php?article24326#.YRGSs4hKhnI <https://www.lemonde.fr/international/article/2020/01/02/haiti-retour-a-la-saline-theatre-d-un-massacre-a-huis-clos_6024562_3210.html >

[86]. Harvard Law School International Human Rights Clinic.

[87]. Observatoire Haïtien des crimes contre l’humanité.

[88]. https://pfhs.ch/massacre_saline.pdf  / http://hrp.law.harvard.edu/wp-content/uploads/2021/04/Massacres-cautionnes-par-lEtat-2.pdf .

[89]. Ce sigle signifie : réseau national de défense des droits de l’Homme.  Voir ce lien pour le rapport : https://pfhs.ch/massacre_saline.pdf > http://hrp.law.harvard.edu/wp-content/uploads/2021/04/Massacres-cautionnes-par-lEtat-2.pdf .  Tenant compte des rapports des différentes organisations des droits humains en Haïti pour faire cette analyse.

[90]. Entre septembre et novembre 2019, pas moins de 24 personnes ont été tuées dans le quartier de Bel-Air ont poursuivi les rapports. Voir la page 4 du rapport de l’IHRC et l’OHCCH.

[91]. Entre mai et juillet 2020, pas moins de 145 civils ont été tués dans les quartiers réputés pro-oppositions. Cf. Ibid., IHRC. P. 4

[92]. Il était Président de la Banque Nationale de Crédit (BNC). Il fut assassiné dans sa chambre dans la nuit du dimanche 13 juin 2011, soit seulement 29 jours après la prise de fonction du régime des bandits légaux. Car, on se le rappelle, Michel Martelly s’est installé le 14 mai 2011 au palais national comme président. Voir : https://lenouvelliste.com/article/93727/assassinat-de-guiteau-toussaint-president-de-la-banque-nationale-de-credit . / https://haitienmarche.com/index.php?option=com_content&view=article&id=9309:1677&catid=18&Itemid=268 .

[93]. Il s’agit véritablement d’un exemple illustratif qui loin d’être exhaustif. Cependant, ce lien d’Ayibopost vous donnera de plus amples informations sur l’impunité en général et le règne de l’assassinat qui devenait monnaie courante sois ce régime. Tan disque nous-mêmes, nous prenons seulement trois cas typiques d’assassinats similaires a celui de Monsieur Moise, lui-même. Voir : https://ayibopost.com/quelques-enquetes-qui-se-poursuivent-indefiniment-bien-avant-lassassinat-de-diego-charles-et-de-netty-duclaire/

[94]. Banque de la République d’Haïti ou la Banque centrale d’Haïti.

[95]. Film  sorti en France le 19 décembre 1979.

[96]. On pourrait nous reprocher d’avoir voulu responsabiliser le capitalisme international de tout.  À une telle critique, nous repondérons oui, il nous parait bien évidemment que tous les maux du monde sont imputables sous une forme ou une autre au capitalisme mondial.

[97]. https://lenouvelliste.com/article/227043/le-fugitif-joseph-l-mathieu-arrete-et-transfere-aux-etats-unis-etait-un-fournisseur-du-palais-national-selon-la-presidence-haitienne .  / https://lenouvelliste.com/article/227033/un-proche-du-palais-national-et-un-chef-de-gang-arretes-et-transferes-vers-les-etats-unis .

[98].  Cet individu est un fugitif recherché activement par la DEA et la FBI qui est de toute évidence un ami privilégié de Jovenel Moise. D’ailleurs, il a été en campagne avec lui, il est figuré dans la pièce de théâtre des « dix conteneurs de banane en Allemagne chaque vendredi ». Mais, le palais national faisait croire dans une note que c’était plutôt un « fournisseur » au palais. Toutefois, le tweet de Jovenel Moise a été discordant par rapport à la note qui voulait prendre un peu de distance. Mais, heureusement, on n’est pas dupe. Pour corroborer notre analyse des faits, voir d’autres sources encore, telle Haïti progrès via ce lien : https://haitiprogres.com/news/2021/03/12/joseph-l-mathieu-etait-le-patron-de-jovenel-moise/ .

[99]. http://www.hpnhaiti.com/nouvelles/index.php/societe/99-securite/9042-haiti-usa-justice-un-chauffeur-au-cortege-de-jovenel-moise-et-un-kidnappeur-extrades-aux-etats-unis .

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